Algérie

Les grévistes d'Algérie Poste défient la tutelle Ils réclament le départ du DG et du syndicat de l'entreprise



Les grévistes d'Algérie Poste défient la tutelle                                    Ils réclament le départ du DG et du syndicat de l'entreprise
Des travailleurs d'Algérie Poste maintiennent leur mouvement de protestation, entamé dimanche dernier, et refusent d'obtempérer aux ordres de reprise de travail, «convaincus de la justesse» de leurs revendications. Une conviction bien ancrée dans leur esprit, bien que la grève soit illégale et qu'ils encourent, de ce fait, de lourdes sanctions. «C'est une grève illégale. Nous le savons et nous l'assumons. Avons-nous, toutefois, d'autre choix de recourir à cette action spontanée», demandent, à la fois en colère et désemparés, des employés de différents bureaux de poste de la wilaya d'Alger.
C'était hier, lors d'un rassemblement organisé à la place de la Grande Poste. Une autre action de protestation qui se veut un défi face à l'ordre (ou au désordre) qui règne au sein de l'entreprise. «Nous demandons le départ du directeur général d'Algérie Poste. Depuis qu'il est là, c'est la dégradation à tous les niveaux. Il n'a absolument rien fait, ni pour l'entreprise ni pour les salariés. Nous manquons de matériels, nous exerçons dans des conditions difficiles et la plupart d'entre nous sont au même poste depuis plus de 30 ans. Aucune promotion possible», lancent les manifestants, décidés à en découdre avec le DG. «L'année dernière, nous avons fait une grève de
15 jours. Nous avons fait tomber le DG», rappelle un ancien employé. «Malheureusement pour nous, ils nous ont promis plusieurs choses mais ils n'ont pas tenu leurs promesses. Aucun des problèmes soulevés à l'époque n'a été résolu. Ils nous ont mentis. Nous ne pourrons jamais leur faire confiance», poursuit-il.
Et un autre groupe de préciser: «C'est une grève des travailleurs et non pas du syndicat. Nous ne reconnaissons pas ce syndicat qui sert ses propres intérêts et ceux du DG, mais jamais les nôtres. Nous ne voulons pas de lui, il n'est pas crédible. Nous ne voulons pas appartenir à l'Ugta.» Deux anciens employés abondent dans le même sens: «Jamais le SG de l'Ugta, Sidi Saïd, n'est venu nous voir pendant que nous faisions nos grève. Jamais il ne s'est enquis de notre situation ni n'a cherché à résoudre nos problèmes. Si nous avions un syndicat, nous serions jamais dans cette situation.» Les travailleurs en colère rappellent qu'une convention collective a été signée en 2003. Aussi, des promesses ont été faites pour l'appliquer et augmenter leurs salaires (primes incluses) avec effet rétroactif depuis le 1er janvier 2008. «Ils nous ont mentis. Nous avons eu quelques augmentations entre juillet 2011 et juillet 2012, mais en deçà de nos attentes. Depuis rien», affirment d'autres manifestants. Et ces derniers de lancer comme une interpellation au DG et autres instances supérieures: «Où est l'argent d'Algérie Poste' Savez-vous combien fait entrer la poste chaque mois des taxes des retraites' 470 millions de centimes. Et ils disent que l'entreprise est déficitaire!» A ce mot «déficitaire», un autre réplique: «Pour le Mali, ils ont l'argent. Ils ont envoyé des millions de centimes en matériel informatique. Pour nous, il n'y a toujours rien.» Une femme du service CCM (contrôle des mandats) poursuit, elle aussi avec beaucoup d'indignation: «Savez-vous que cela fait 15 jours depuis que le service est sans électricité' Pourquoi ne règlent-ils pas le problème' Pourquoi ne viennent-ils pas nous voir'» La colère et l'indignation chez ces travailleurs sont au paroxysme. Même à l'adresse des citoyens qui se plaignent du fait qu'ils soient pénalisés par la grève, ils s'insurgent: «Quand les enseignants ont fait grève, les parents ne se sont pas inquiétés pour leurs enfants. Quand les médecins et autres personnels de la santé font grève, personne ne parle des conséquences sur la santé des citoyens. Quand c'est la grève à la poste, c'est la catastrophe'Non, nous n'arrêterons pas cette grève jusqu'à satisfaction de nos revendication. Nous ne demandons pas une augmentation de salaires mais notre dû. Aussi, nous insistons sur le départ du DG et du syndicat de l'Ugta».

Tentatives de récupération de la contestation, selon le DG d'Algérie Poste
Contacté par téléphone, Mohamed Laïd Mehloul, le DG d'Algérie Poste, affirme: «C'est désolant d'entendre ces propos. On n'appelle pas comme ça au départ d'un DG et on ne fait pas de grève sans discuter d'abord des problèmes.» Selon M. Mehloul, il n'y a pas de conflit à Algérie Poste pour la simple raison qu'il n'y a pas eu respect des procédures concernant le traitement des conflits. Allusion faite aux discussions devant avoir lieu entre les représentants des travailleurs en colère et les représentants de la direction générale. Allusion faite aussi à l'absence d'un préavis de grève. M. Mehloul insiste sur la nécessité d'engager les pourparlers avec le syndicat «représentant» les travailleurs: «On ne peut pas discuter avec tous les travailleurs. Cette grève est illégale.» Par ailleurs, soutient le DG d'Algérie Poste, «il est vrai que nous avons enregistré des perturbations au niveau de certaines postes, mais toutes les autres travaillent. Vous pouvez retirer votre argent où vous voulez». Pour ce qui est de la perturbation, «les contestataires se plaignent du fait qu'une prime d'intéressement a été octroyée aux employés d'Algérie Télécom et pas à eux». Cette prime est de 30 000 dinars. Et notre interlocuteur de souligner: «Notre conseil d'administration se réunira incessamment pour traiter justement de cette prime et d'autres. Nous allons aussi nous réunir avec le syndicat dans les prochains jours. Nous répondrons aux doléances des travailleurs en fonction des besoins, des priorités et de l'objectivité de la demande.» M. Mehloul affirme que des parties veulent récupérer la contestation et la dévier de son objectif premier: «C'est flagrant, il y a des tentatives de récupération pour porter préjudice à l'entreprise. Nous sommes un service public exposé à tous les risques. Je lance un appel aux travailleurs pour protéger leur gagne-pain et ne pas donner à d'autres parties l'occasion de faire perdre à la poste sa crédibilité et sa popularité.»
K. M.


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