Les grandes puissances en vidéoconférence

Les grands leaders mondiaux sont apparus en miniatures en visioconférence, certains d'entre eux ayant apparemment eu du mal à s'adapter au format virtuel."Le monde entier regarde", lance une voix off au roi Salmane d'Arabie saoudite, alors qu'il ouvrait samedi le sommet du G20, virtuel cette année en raison de la pandémie de nouveau coronavirus. Ryad préside le sommet 2020 des plus grandes économies du monde, une première pour un pays arabe, avec des discussions centrées sur la lutte contre la pandémie de nouveau coronavirus et son impact sur l'économie mondiale, mais sans les interactions de coulisse entre dirigeants, essentielles à la diplomatie internationale.
Voici les principaux éléments à savoir sur ce sommet exceptionnel. "Le G20 de cette année sera globalement décevant pour l'Arabie Saoudite", estime Ryan Bohl, du centre de réflexion géopolitique américain Stratfor.
La crise sanitaire mondiale empêche en effet le royaume d'inviter sur son sol le gratin économique et de faire étalage de ses ambitions économiques, portées par le prince héritier, et dirigeant de facto, Mohammed ben Salmane.
Héritier du trône depuis 2017, "MBS", comme il est surnommé, a secoué le royaume ultraconservateur en lançant un vaste plan de diversification de son économie et une relative libéralisation de la société saoudienne, octroyant certains droits fondamentaux aux femmes ? comme le droit de conduire ? ou plus de divertissements aux jeunes.
Mais son ascension s'est accompagnée d'une répression accrue contre les voix dissidentes qui embarrasse les partenaires internationaux de Ryad, de l'assassinat du journaliste critique Jamal Khashoggi à la détention de militantes féministes comme Loujain al-Hathloul.
Les grands leaders mondiaux sont apparus en miniatures en visioconférence, regroupés autour du roi âgé et affaibli Salmane, certains d'entre eux ayant apparemment eu du mal à s'adapter au format virtuel.
Le dirigeant saoudien est apparu à l'écran en direct plus tôt que prévu, et la liaison a été rapidement interrompue après que l'assistant a murmuré des avertissements au monarque.
Un assistant du président chinois Xi Jinping a brandi une télécommande à l'écran, tandis qu'Angel Gurria, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a rapidement rangé son téléphone après avoir réalisé qu'il était à l'écran.
L'événement sera surtout moins palpitant en l'absence des interactions spontanées autour de "tables de sommet, aux pauses-café, dans les couloirs ou salles de sport d'hôtel", typiques des réunions du G20, fait remarquer John Kirton, directeur et fondateur du groupe de recherche sur le G20.
Mais les avions privés des chefs d'Etat sont aussi totalement absents, ce qui réduira l'empreinte carbone de l'événement, tout comme les cortèges de dirigeants qui, en temps normal, paralysent la ville hôte.
Cette année, pas non plus de traditionnelle photo de famille, mais des portraits des dirigeants projetés sur les monuments antiques de la ville historique de Diriyah, près de Ryad.
Lors de la cérémonie d'ouverture, un spectacle de musiciens traditionnels a toutefois été présenté à la presse. Trois avions de la compagnie Saudia arborant le logo G20 et sept avions acrobatiques Saudi Hawk ont également survolé le ciel à l'ouverture du sommet.
Le président américain Donald Trump, qui a été battu lors de l'élection présidentielle de ce mois-ci, devrait faire l'objet de toutes les attentions, certains pensant qu'il pourrait chercher à utiliser cette plateforme pour attaquer ses adversaires démocrates.