Les décisions «énergiques» prises à chaud paraissaient même asymétriques par rapport à l'ampleur de cette réalité qui a consisté en la mort d'unfootballeur, qui plus est un étranger, dont le seul tort est de gagner sa vie en pratiquant un sport que la majorité des individus à travers le monde plébiscite. Arrêt jusqu'à nouvel ordre de la compétition, ouverture d'une enquête, huis clos pour le club dont les supporters ont été mis en cause, indemnisation de la famille du défunt. En somme, leséléments du parfait scénario d'un drame qui finit en happy-end comme si la vie d'un homme se négocie en engagements qui, une fois l'émotion passée, ne seront jamais honorés et une compensation financière que les ayants-droits du décédé, pour des raisons administratives ou plutôt de procédés bureaucratiques, ont eu un mal fou à en voir la couleur.La Ligue de football professionnel s'est vite rappelé au bon souvenir de ceux qui croient qu'elle ne sert à rien, ou qu'elle pourrait désormais servir à honorer les chrysanthèmes, en exigeant des associations de se conformerstrictement aux dispositions du cahier des charges et plus particulièrement de l'obligation de doter les infrastructures sportives où elles évoluent de moyens de télésurveillance. L'opération devant s'achever avant le début de la phase retour suivant les instructions des instances concernées.Bien entendu, la phase aller s'est achevée, celle retour entamée et durespect de l'injonction faite par la ligue que du...vent. Donc, les froncements de sourcils des responsables concernés ne l'étaient que pour la consommation et surtout pour édulcorer la douleur des proches du défunt Ebossé. En fait, il est même recommandé pour un besoin d'hygiène mentale de se bidonner à fond la caisse devant des «desiderata» des dirigeants des instances sportivesnationales qui auraient dû être remplis à l'instant même où les pouvoirs publics ont décidé de la professionnalisation du football. Est-il besoin de rappeler qu'une commission avait été pompeusement installée et avaitpour attribution, entre autres, de n'homologuer une installation sportive que si elle répondait à des conditions bien précises dont à titre d'exemplele nombre de place, l'éclairage, la sécurité ' Nous passerons bien entendu sur tout ce qui pouvait à l'époque n'être qu'une vue de l'esprit : conférence d'après-match et forcément une salle de presse, caméras de surveillance,vestiaires adaptés aux normes internationales, tribune officielle et non pas une auberge espagnole, salle de contrôle antidopage avec réfrigérateur, tribune spécifique aux supporters de l'équipe visiteuse, une tribune de presse... (généralement occupée par des personnes étrangères et rarement protégée), une aire de stationnement pour les équipes de la télévision et forcément des installations adaptées à une retransmission. S'il y a des clubs dont le public ne profite pas desrencontres, c'est justement parce que les infrastructures dont elles disposent ne remplissent pas lesdites conditions. Or, dans un tel cas de figure et dans un système sportif qui se respecte, tout club qui serait dans une telle situation n'a pas le droit d'accéder à ce stade pour la simple raison qu'il n'en remplit pas les critères de base. Sur cet aspect précisde la question, il y a donc lieu des'interroger sur l'utilité de la Dgcf, plus exactement la direction de contrôle et gestion financière pour la simple raison que les comptes comptables d'uneassociation qui serait dans ce schéma ne peuvent pas être authentiques et sincères, d'autant plus que dans la rubrique «Missions» alinéa 7 il est bien précisé que l'organe de contrôle doit veiller «au respect par les clubs du cahier de charges».Que dire enfin de cette autre mesure énergique qui consiste à dresser un fichier national des personnes auxquelles l'accès aux stades pourrait être dénié ' Une pure fabulation des instances sportives nationales lesquelles, en aucun cas et sans doute même dans les cinquante ans à venir, ne pourront jamais honorer un tel engagement et si tant est qu'elles s'y évertueraient autant souligner que ce ne seront pas quelques exaltés qui passeront à la trappe, mais pratiquement l'ensemble des supporters qui font le déplacement chaque semaine vers ce qui s'apparente depuis près de deux décennies aux arènes de la Rome antique.Rappelons également que sur le coup, le ministre des Sports avait lancé lasentence suivante : «Eventualité de sanctions à l'encontre des responsables de la mort d'Ebossé à tous les... échelons et pas uniquement et passeulement... l'auteur de l'acte.» Ni les uns ni l'autre ne semblent vraiment être très inquiets des mises en garde du grand commis de l'Etat dans la mesure où même les premières conclusions de l'enquête ont la particularité de briller par leur... flou.En conclusion, le marasme qui a baigné la compétition depuis cinq ans a peu de chances d'être assaini. Il y a eu Ebossé et, sans nul doute, passez-nous l'expression, la meilleure opportunité de nettoyer les écuries d'Augias. Cela ne semble pas être le cas et il est quasi certain qu'il y aura d'autres victimes du genre. Et ce jour là autant le dire par anticipation, il ne sera pardonné à personne de dire qu'il ne le savait pas.A. L.
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Posté Le : 15/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Lemili
Source : www.latribune-online.com