Algérie

Les germes de la division subsistent



Les germes de la division subsistent
Après de longues et dures tractations, le Premier ministre libanais, Saâd Hariri, a pu former son gouvernement d'union nationale. Un travail de titan qui a commencé depuis juin dernier. La nouvelle a été accueillie par les Libanais avec beaucoup de joie et de soulagement, tant les dissensions de la majorité au pouvoir et l'opposition étaient profondes. Ainsi, conformément à l'accord de Doha de mai 2008, la majorité a nommé 15 ministres, l'opposition 10 et le président 5, le chef de l'Etat jouant le rôle d'arbitre. Le plus dur était de pouvoir assurer l'équilibre entre les diverses confessions et factions politiques : maronites, sunnites et chiites sont représentés, mais aussi les druzes, les grecs catholiques, les grecs orthodoxes et les arméniens. Mais la formation de ce gouvernement dit d'union ne signifie pas la fin du désaccord entre les différentes sensibilités et courants politiques libanais sur notamment des dossiers sensibles, comme celui du désarmement du Hezbollah ou encore l'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, père de l'actuel Premier ministre.La presse libanaise, tout en saluant la formation de ce nouveau gouvernement, affiche un scepticisme sur les capacités du Premier ministre à faire fonctionner cet attelage hétéroclite et complexe. Pour le quotidien An Nahar, proche de la majorité parlementaire, cette « union gouvernementale » ne mettra pas fin aux divergences de fond entre les divers camps rivaux. « La naissance du gouvernement n'a pas tout à fait dissipé les craintes que la crise politique se répercute sur le Conseil des ministres », fait remarquer ce journal. D'autres journaux libanais ont également exprimé clairement leur pessimisme sur l'efficacité du nouveau gouvernement.« C'est le gouvernement des contradictions qui porte en son sein soit les germes d'une explosion soit sa continuité jusqu'au dernier jour du mandat du Parlement », relève le journal As Safir, proche de la minorité.L'arme fatale du HezbollahM. Hariri a réussi à former lundi dernier un gouvernement d'union de 30 ministres, mettant fin à près de cinq mois d'impasse avec le camp mené par le Hezbollah. Nombreux sont ceux qui estiment que cette union est éphémère et que le Liban ne tardera pas à replonger dans la crise politique qui ne date pas d'aujourd'hui. Surtout que les deux camps s'accusent mutuellement d'être à la solde de puissances étrangères. La majorité estime que le Hezbollah répond aux ordres de Damas et Téhéran, tandis que ces derniers l'accusent d'être un instrument aux mains de Washington et de Riyad. Qui a raison ' Aucun, tant c'est le peuple libanais qui paie leurs divergences politiques. Qui gouverne réellement au Liban 'Malgré l'éclatante victoire du mouvement mené par Saâd Hariri aux dernières législatives du 7 juin, le Hezbollah reste aux yeux de nombreux analystes, la formation la plus influente et la plus présente sur le terrain. Ainsi, ce gouvernement pourra-t-il traiter la question de l'arsenal du Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et Israël.Les Libanais vont-ils l'accepter ' Difficile de parier, tant l'influence étrangère reste importante sur les différentes factions politiques. Pour les plus pessimistes, il n'y a pas l'ombre d'un doute que ce nouveau gouvernement va buter sur ce dossier et bien d'autres, et connaîtra inéluctablement l'échec des gouvernements précédents.Échecs recommencés 'En 2006, le Hezbollah et ses alliés ont claqué la porte pour réclamer un droit de veto. Le gouvernement de 2008 a été accusé d'immobilisme. « Dans tout gouvernement de coalition, les différentes parties sont d'accord au moins sur un programme », explique M. Khoury, repris par l'AFP, avant d'ajouter : « Ici, cela fait cinq mois qu'ils se disputent pour des portefeuilles et ils ne sont d'accord sur rien. » Un signe pour lui qui ne trompe pas de la fragilité de cette « alliance gouvernementale » aussi éphémère que les précédentes coalitions. Pour Fadia Kiwane, directrice du département de sciences politiques à l'université Saint-Joseph de Beyrouth, citée aussi par l'AFP, « s'il n'y a pas de consolidation du consensus national, ce gouvernement va gérer la crise et fera du surplace ». Elle considère ainsi que le Liban « est déjà assis sur un baril de poudre en raison de la mauvaise situation régionale ». De crise en crise, le Liban semble être loin d'une nouvelle forte vague d'instabilité politique et d'insécurité. L'enjeu est beaucoup plus régional que national.Premier Conseil des ministres, premier couacLe gouvernement d'union nationale au Liban a tenu, hier, son premier Conseil des ministres, au lendemain de sa formation, et laissé entendre qu'il prendrait soin de ne pas aborder la question épineuse de l'armement du Hezbollah dans sa déclaration de politique générale. Le président de la République, Michel Sleimane, a présidé ce premier conseil, auquel n'a pas pris part le nouveau ministre des Affaires sociales, Salim Sayegh. Ce dernier entendait protester contre la non-attribution du portefeuille de l'Education à son parti (phalanges). M. Sayegh, membre de la majorité parlementaire, n'en a pas moins été nommé au sein d'un comité chargé d'élaborer la déclaration de politique générale. Ce comité, fort de 11 membres, doit se réunir aujourd'hui et dispose d'un mois pour rédiger le texte. « Nous allons rédiger une nouvelle déclaration, mais sur la base du texte accepté par le précédent cabinet », a souligné le ministre de l'Information, Tarek Mitri, interrogé sur la volonté du gouvernement d'y aborder la question des armes du Hezbollah. Le précédent gouvernement de Fouad Siniora n'avait pas évoqué ce sujet épineux dans sa propre déclaration. Le parti chiite Hezbollah, qui mène la minorité au Parlement, est la seule faction libanaise à ne pas avoir déposé les armes après la fin de la guerre civile au Liban en 1990.


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