Algérie

« Les gens se réapproprient l'espace public »



« Les gens se réapproprient l'espace public »
Yacine Bourouila, le célèbre journaliste sportif, a radicalement changé ses habitudes ramadanesques cette année. Il se consacre entièrement à sa vie spirituelle. Pour ce qui est des programmes télévisuels concoctés pour ce mois, il avoue que le professionnalisme n'est toujours pas au rendez-vous.Le Ramadhan influe-t-il sur votre tempérament 'Le fait de jeûner n'influe nullement sur mon tempérament. J'accomplis mes activités de manière régulière. Je ne veille pas trop. J'avais prévu d'arrêter de fumer le premier jour du Ramadhan. J'appréhendais un peu la difficulté du manque de cigarette après la rupture du jeûne. Mais j'ai pu prendre les devants en arrêtant de fumer quinze jours avant l'arrivée du mois sacré. Durant ce mois, j'arrive à bien gérer cette période de sevrage et à surmonter le manque. Juste après le ftour, je cours directement à la mosquée pour accomplir les prières surérogatoires. Juste après le shour, je dors. Je me sens bien, je n'ai ni soif, ni faim. Je ne m'énerve pas comme ce fut le cas durant les années passées. Je fais des activités physiques en fin de journée. Je n'ai pas non plus la folie de la dépense. Je suis très rationnel. Je ne prends pas beaucoup d'argent avec moi. Je me contente de ce que me demandent ma conjointe ou les enfants.Pour ce qui est du menu, on décide ensemble la veille ou deux jours avant. Les années précédentes, je faisais un petit peu de folie. On se retrouvait avec beaucoup de choses qu'on ne consommait pas et par la suite, ils étaient avariés. Cette année, j'évite de faire des achats, sauf si on me le demande. Je pense que le travail des médias qui s'est fait avant et pendant le Ramadhan a fait prendre conscience aux gens des méfaits du gaspillage et de l'importance du contenu de leur assiette. Si vous faites un petit saut une heure avant la rupture du jeûne à la forêt de Bouchaoui, vous seriez très étonné par le nombre important des personnes qui s'adonnent à la pratique sportive dans les deux sexes. Moi même habitué de ce lieu, j'ai été très agréablement surpris. Selon ma fille, les gens sont en train de se réapproprier l'espace public et c'est tant mieux. Les phénomènes négatifs commencent à se dissiper Dieu merci, surtout cette année. A part les petits énervements dans la circulation, il n'y a pas plus.Comment faut-il faire pour bien apprécier les vertus de ce mois sacré 'Le Ramadhan est un moment de recueillement qui nous permet de faire des bilans, de se rapprocher de Dieu et d'apprendre des choses qu'on ne maîtrisait pas avant. Certes, je ne fais pas dans l'excès. On tente de ressembler à nos parents, en faisant un peu plus, car on a eu la chance de faire des études qui nous permettent de bien assimiler notre religion. Certains moments obligent l'individu à s'intéresser un peu plus à la vie spirituelle. Personnellement, je fais attention à accomplir mes prières à la mosquée. Cette année j'ai décidé de ne pas assister à des concerts, bien que j'aie reçu beaucoup d'invitations. J'ai pris la décision de me consacrer entièrement aux obligations religieuses. Ce qui m'a permis de vivre une certaine paix intérieure avec une conviction de plus en plus avérée.Beaucoup sont insatisfaits des programmes télévisuels de ce mois sacré...De part ma profession, je pense que les programmes typiquement algériens sont diffusés notamment durant le Ramadhan. Malheureusement, c'est du copier-coller sur toutes les chaînes publiques et privées. Avant on critiquait « el yatima » et là ils sont en train de calquer. Le comble, avec une mauvaise maîtrise. L'humour c'est le type de programme qui est très difficile. La dérision est un créneau qui demande beaucoup de recherche, de concertation, de professionnalisme et de réflexion. Il y a beaucoup de métiers de l'audiovisuel et du cinéma qui n'existent pas chez nous. Ce qui fait que les gens font du n'importe quoi avec n'importe quel comédien. Notre production audiovisuelle n'est pas étoffée sur le plan de la ressource humaine. Les comédiens ne courent pas les rues. C'est pratiquement les mêmes qu'on retrouve sur toutes les chaînes. On remarque de mauvais éclairages, de mauvais montages, inexistence de rythme dans le déroulement de l'histoire. Sur ce plan, la situation est générale, en l'absence d'école de formation de cameramen et de réalisateurs en Algérie. Idem pour la formation des comédiens. C'est le désert total. C'est tout un environnement qui n'existe pas. Il y a eu une multiplication des chaînes, mais sur le plan de la formation, rien n'a été fait. Les gens qui ont un petit peu de savoir-faire, on les sollicite, et on leur met de la pression au dernier moment sans avoir un important budget. Ça donne ce qu'on voit aujourd'hui sur nos écrans. Personnellement, je constate qu'il existe tout de même des talents qui ont émergé et cela me réjouit. J'aime bien le sitcom de « bibiche et bibicha », entres autres feuilletons qu'on regarde d'ailleurs en famille. Les caméras cachées, par contre je n'aime pas trop. On ne sait pas faire de la caméra cachée. On n'a pas le droit de porter atteinte aux personnes. Les gens piégés ont des familles, un travail et cela peut leur faire beaucoup de mal par la suite. Cela peut les poursuivre toute la vie. On peut faire des caméras cachées autour de petites histoires et non autour de scènes d'horreur et de violence.Et si on concluait, qu'auriez-vous à dire 'Le journalisme est un métier passionnant. Mon expérience de passer à la fin de ma carrière d'une langue à l'autre m'a beaucoup plu. Elle m'a permis de tester une de mes capacités. J'ai eu des échos très positifs par rapport à l'émission sportive diffusée sur Canal Algérie. Je pense qu'elle sera reconduite l'année prochaine. Il y a des corrections à apporter sur le plan de l'interactivité de façon à permettre aux téléspectateurs de participer à l'émission. Mettre aussi un peu plus de rythme en introduisant plus de reportages et de VTR. Sinon, je me prépare à la retraite.


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