Algérie

Les Gardiens de la Révolution lâchent du lest


Le projet de modernisation de la société saoudienne lancé par le prince héritier Mohammed Ben Salmane paraît avoir fait des émules au Proche-Orient.C'est le cas de l'Iran qui vient de prendre la décision de lâcher du lest en matière de m?urs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le chef de la police de Téhéran, le général de brigade Hossein Rahimi, a annoncé, lors d'un discours prononcé mercredi dans la capitale iranienne, qu'«en accord avec la décision du commandant des forces de police, ceux qui ne respectent pas les codes islamiques ne seront plus placés en centres de détention et n'auront pas de casier judiciaire».Pour faire respecter les lois, la police iranienne a opté pour une autre approche. Laquelle ' Et bien l'éducation remplacera à l'avenir le châtiment. Cette «éducation» sera prodiguée dans des centres de conseil. «Maintenant, nous proposons des cours, et 7913 personnes les ont suivis jusqu'à présent», a fait savoir Hossein Rahimi, précisant qu'il existait plus de 100 «centres de conseil» dans la province de Téhéran. M. Rahimi, qui a pris ses fonctions en août, n'a pas spécifié à quels codes islamiques il faisait référence, ni quand ces nouvelles règles ont été introduites. Certaines sources indiquent que les Iraniennes qui portent mal le voile ne seront, par exemple, plus arrêtées. Il faudra attendre un peu pour savoir ce qui pourrait advenir aussi de celles qui ne le porteront pas du tout.
Il faut rappeler que depuis la révolution islamique de 1979, le port du voile était obligatoire en Iran pour les femmes, qu'elles soient iraniennes ou étrangères et quelle que soit leur confession. Mais, ces dernières années, on a assisté à un relâchement de la tenue vestimentaire des femmes. Mais quoi qu'il en soit, l'annonce marque un tournant, soutiennent certains observateurs. Et il est difficile de croire en effet que le commandant des forces iraniennes ait pu prendre une telle décision s'il n'avait pas eu avant l'aval des plus hautes autorités du pays, à commencer par le Guide suprême Ali Khamenei et les Gardiens de la Révolution.
Le président Hassan Rohani est, quant à lui, connu pour être favorable à une plus grande ouverture politique et sociale. Et c'est un bien joli cadeau de fin d'année qu'ils viennent de faire là à la société iranienne. La décision du pouvoir iranien d'être moins regardant sur la question des m?urs peut être motivée par sa crainte d'une exposition sociale. Une grande partie de la population iranienne, dont notamment les jeunes, n'accepte plus que l'Etat lui dicte sa ligne de conduite.
Elle n'hésite plus aussi à sortir dans la rue pour contester «le pouvoir en place» et demander «plus de libertés». C'est ce qui s'est d'ailleurs produit jeudi et vendredi dans certaines provinces où des centaines d'Iraniens ont battu le pavé pour dénoncer le chômage et la cherté de la vie. Des protestataires ont scandé, par ailleurs, des slogans hostiles au pouvoir. C'était la première fois depuis 2009 qu'autant de villes ont été touchées par de telles protestations sociales. C'est ce qui a peut-être convaincu les autorités iraniennes d'entamer au plus vite des réformes.
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