Algérie

Les galériens Arret sur image



Les galériens Arret sur image
Des artistes plasticiens, le pays en compte un nombre plus que suffisant pour alimenter un marché de l'art, s'il en existait. Diplômés ou autodidactes, ils n'arrivent cependant pas à émerger. A l'exception de quelques noms qui ont eu l'opportunité de se faire connaître, la grosse majorité vivote. Pour avoir une petite place sur la scène, l'artiste est obligé d'endosser le costume de démarcheur et de promoteur. Il sollicite les hôtels, les cybers-cafés ou les salles de spectacles pour y exposer et fait la tournée des rédactions pour médiatiser son exposition. Ceux qui ont le bon contact peuvent décrocher la salle d'une institution culturelle. Quant aux rares «écorchés vifs», les «grandes gueules», les anticonformistes, ils investissent les espaces qu'ils jugeront cadrant avec leurs expressions. Ça sera un chantier, une cave, l'immensité d'un bout de désert ou un terrain vague, les galeries n'étant, pour la plupart, qu'une vitrine commerciale, quand elles existent. Car, galeriste n'est plus un métier mais une activité éphémère. Le nombre de galeries qui ont fermé en un temps record est bien plus important que celles encore en activité. Et dans ce petit lot, une grande partie tient plus du commerce qui expose des toiles à vendre pour prendre son pourcentage que d'une véritable vitrine de l'art dédiée à la promotion d'un ou de plusieurs artiste(s). Il faut dire aussi qu'en l'absence d'un marché de l'art, il est difficile de faire sa promotion. D'ailleurs, les galeries d'art sont considérées comme un quelconque commerce. Il n'y a pas de code commercial spécifique pour cette activité dans la nomenclature du Centre du registre de commerce. Les «idéalistes» qui pensent devenir galeristes se retrouvent vite galériens ramant à contre-courant pour payer taxes et impôts de l'activité commerciale. Dès lors, ils n'auront plus que le choix cornélien de fermer boutique ou devenir commerçants.
A ce stade, il apparaît évident que pour une meilleure visibilité de l'art plastique et circulation des 'uvres, l'Etat doit s'impliquer, aussi bien pour encourager l'activité des promoteurs (mesures incitatives) que les artistes, en encourageant toutes ses institutions à acquérir - avec la réservation d'un pourcentage dans le budget pour l'acquisition d''uvres et/ou le sponsoring d'activités- des toiles et des sculptures. Un buste dans un hall, une toile dans la salle de réunion ou le bureau directorial ne sont certainement pas fait pour enlaidir les lieux. Bien au contraire, elles rehaussent l'image de l'entreprise ou l'administration et de ses responsables. Et si l'Administration devient cliente des galeries, le marché de l'art aura déjà son noyau. Mais cette politique d'achat des 'uvres d'artistes n'a aucune existence pour l'heure, comme le note l'historien de l'art Mansour Abrous. «La constitution du patrimoine national exige un investissement sans relâche. Depuis quelques années, le déséquilibre est manifeste dans la politique d'achat des 'uvres d'artistes algériens. Nos institutions achètent peu. Les institutions culturelles étrangères font main basse sur les 'uvres d'artistes algériens vivant ou non à l'étranger [']. La politique d'achat des 'uvres est très peu transparente (crédits, composition de la commission d'achat, institutions bénéficiaires, modalités d'inscription au patrimoine national). L'inventaire de ces dernières ('uvres et artistes) n'est pas porté à la connaissance des citoyens. La valorisation des 'uvres est déficiente et leur circulation (expositions ou prêt pour des expositions, en Algérie et à l'étranger) est peu importante, souvent inexistante. Un recensement a été fait sur la base de 4 248 biographies de plasticiens algériens, vivant et/ou exerçant leur activité artistique en Algérie et/ou à l'étranger, afin d'avoir une «empreinte» géographique et une géo-localisation des 'uvres et des artistes concernés. Le décompte établi par mes soins révèle que plus de 242 institutions (contre une centaine en Algérie) et 48 pays dans le monde, ont dans leurs collections des 'uvres d'artistes algériens contemporains», écrit M. Abrous dans son Annuaire artistique de l'Algérie (Arts visuels) 2012.
H. G.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)