Algérie

Les gagnants et les perdants de l'offensive US


Achevé, pourtant, à 95%, le projet du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l'Allemagne, est à l'arrêt parce que les Américains l'ont voulu ainsi. En décembre dernier, Donald Trump a promulgué une loi imposant des sanctions contre les entreprises travaillant sur la construction du gazoduc.Des sanctions qui pourraient aller jusqu'à la "destruction financière" du port allemand de Sassnitz, dans la Baltique. Mais pourquoi les Américains ne veulent-ils pas d'un projet aussi important ' Officiellement, c'est pour empêcher que cet ouvrage accroisse la dépendance des Européens au gaz russe et limiter l'influence de Moscou. Officieusement, c'est aussi pour aider les producteurs américains de GNL de schiste à assurer un débouché commercial en Europe.
La question de savoir si la mise à l'arrêt de ce projet constitue une aubaine ou une menace pour les fournisseurs traditionnels de gaz en Europe comme l'Algérie se pose naturellement. Au nom de leurs intérêts propres, les Américains écartent, en fait, le Nord Stream 2, et réduisent l'influence du géant russe Gazprom sur le Vieux Continent.
Ce faisant, ils ambitionnent de faire plus de place au gaz de schiste. Avec un volume d'exportation plus élevé, les Américains sont peu regardants sur les tarifs du gaz, vendant leur combustible bleu au rabais. Cela mettrait les exportateurs de gaz classiques, à l'exemple de l'Algérie, en difficulté. Le pays a perdu des parts de marché en Europe à cause d'une concurrence déloyale.
Cette situation est encore accentuée, avec la pandémie de coronavirus qui a fait fortement baisser les prix du gaz. Grand exportateur de gaz vers l'Espagne depuis 30 ans, l'Algérie a perdu ce statut au profit des Etats-Unis. Au cours des derniers mois, l'Espagne a préféré se ravitailler en gaz naturel liquéfié américain, beaucoup moins cher que le gaz acheminé par gazoduc depuis les terminaux algériens. N'ayant pas les mêmes moyens que les grandes compagnies américaines, Sonatrach ne peut faire concurrence à des mastodontes.
La compagnie nationale se trouve en fait dans une mauvaise posture depuis la baisse de la production des hydrocarbures et l'investissement dans le segment pétro-gazier. Et ses exportations gazières n'échappent pas à cette réalité. Dans une de ses récentes déclarations, le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, avait indiqué qu'avec "les réserves prouvées restantes et l'augmentation de la consommation intérieure, la compagnie nationale devra les réduire à compter de 2025.
Et, qu'à partir de 2030, elle ne pourra exporter que 25 à 30 milliards de mètres cubes". "D'où la nécessité, avait-il souligné, d'explorer, d'améliorer les taux de récupération et pourquoi pas aller au gaz de schiste si c'est nécessaire à cause des besoins intérieurs au-delà de 2030."
Alors que le marché gazier subit actuellement des changements considérables, Sonatrach, comme d'autres compagnies appartenant à des pays exportateurs traditionnels, tente de surmonter la crise dans un cadre plus large en coopération avec d'autres partenaires.
Pour certains observateurs, le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) peut offrir un cadre pour la discussion, la consultation et l'échange d'information. Créée en 2001, cette organisation vise en particulier à permettre aux pays membres d'anticiper de façon collective les évolutions du marché du gaz naturel et de développer l'exploitation de leurs ressources dans les meilleures conditions, notamment économiques et environnementales.
Toutefois, certains pays membres veulent en faire une organisation calquée sur le modèle de l'Opep qui soit en mesure d'équilibrer le marché gazier et de permettre aux tarifs du gaz d'évoluer dans une fourchette raisonnable.

Youcef SALAMI
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