Algérie

Les fossoyeurs



La plaque commémorant l'assassinat de Ferhat Cherkit, ancien journaliste à El Moudjahid qui a péri le 7 juin 1994 a été profanée. Une main, comme nous l'avons signalé, photo à l'appui, dans une de nos éditions récentes, a badigeonné en peinture verte le mot « islamiste » transcrit sur l'écriteau installé à la rue Si El Haouès à Alger-Centre, dans les deux langues, arabe et française. Au détour de ces escaliers, qui épousent la muraille du Palais du gouvernement, situé plus en haut, un homme attendait pour ôter la vie au journaliste. Plus de 15 ans après, c'est un autre « assassin » qui a emprunté ces mêmes escaliers non pas pour s'en prendre à un autre malheureux confrère, mais « achever le travail » commencé par ses prédécesseurs. Par ce geste malheureux, l'on ambitionnait d'effacer de la mémoire d'un peuple cet épisode mais surtout cacher les coupables. Les vrais. Les « assassins du mardi », comme les a appelés Cherkit dans un article paru dans El Moudjahid du 29 septembre 1993, continuent leur basse besogne sans qu'ils soient gênés. Mais par qui le seraient-ils ' Une amnistie est promise à ces individus par les pouvoirs publics et celui qui s'en offusque sera « châtié ». Mais peut-on laisser à l'Etat le soin de décréter ces situations, quand on sait qu'en haut des escaliers qui mènent à la place Emir Abdelkader, où a été commis l'ignoble assassinat, la plaque qui porte l'ancien nom (rue des Généraux) côtoie la nouvelle où est inscrit négligemment le nom de Si El Haouès. Aberrante proximité. L'Etat qui ne respecte pas ses martyrs de la première heure, en faisant transcrire leur nom sur les poubelles, ne peut faire mieux avec ses nouveaux martyrs de la « deuxième guerre ». Le 7 juin 2009, une cérémonie de recueillement à la mémoire du 17e journalistes assassiné a été organisée. L'on ne sait pas si cet acte ignoble a été commis avant ou après cette rencontre. Mais l'indignation ne peut qu'être que la même. Forte. Diplômé de l'Institut des sciences politiques et de l'information (ISPI), Cherkit a travaillé plusieurs années à l'hebdomadaire Révolution africaine avant de rejoindre l'APS et plus tard El Moudjahid où il a occupé jusqu'à sa mort le poste de rédacteur en chef-adjoint en charge du département des informations économiques.


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