Algérie

Les forces politiques pressées de mettre en application l'accord de sortie de crise



Les forces politiques en Guinée-Bissau peinent à mettre en application l'accord de sortie de crise parrainé par la Cédéao qui a dépêché mercredi une mission à Bissau et convoqué aussi, pour le 20 janvier, un conseil extraordinaire des ministres à Lomé (Togo), pour trouver une solution à l'impasse qui perdure dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest depuis plus de deux années.Une mission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), dirigée par le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, s'est rendue en Guinée-Bissau dans le cadre de la recherche d'une solution à la crise politique qui y sévit depuis 2015. La mission a été reçue mercredi par le président bissau-guinéen, José Mario Vaz. M. Dussey a remis au chef de l'Etat une lettre signée par les présidents du Togo et de la Guinée-Conakry, respectivement président en exercice de la CEDEAO et de l'Union Africaine (UA) et médiateur de la crise politique en Guinée-Bissau. Sans révéler la teneur de cette lettre, Robert Dussey a déclaré à l'issue de la rencontre, qu'il est venu transmettre un message d'encouragement au président José Mario Vaz et à toute la classe politique afin de trouver une solution rapide à la crise. Le ministre togolais a en outre indiqué qu'il va rencontrer toutes les forces politiques impliquées dans la crise en Guinée-Bissau. Il ne s'est pas toutefois prononcé sur le délai que la CEDEAO a accordé aux forces politiques pour qu'elles appliquent l'accord de sortie de crise signé en octobre 2016 à Conakry. Le poste de Premier ministre est vacant depuis la démission, vendredi, de son titulaire Umaru Sissoco Embalo en poste depuis le 18 novembre 2016. Cette démission a été acceptée mardi par le chef de l'Etat. Et depuis, la Guinée-Bissau attend la nomination d'un nouveau Premier ministre. La nomination d'un ministre de consensus qui puisse rester en place jusqu'aux élections législatives, constitue un premier pas dans la résolution du blocage institutionnel. Alors que le délai fixé lors du sommet d'Abuja, le 16 décembre dernier, a expiré mardi, la Cédéao est sur ses gardes, et pour "le moins dubitative", selon les médias. Selon une partie non écrite de l'accord de Conakry, mais validée par tous, explique un analyste, le président et le PAIGC (parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du CAP-Vert (ont accepté la nomination d'Augusto Oli Vaz un ancien secrétaire général du parti, au poste de Premier ministre. Le chef de l'Etat a d'abord essayé de maintenir Umaro Sissoco Embalo avant que leurs rapports ne se détériorent et qu'il démissionne ce week-end. En théorie, "il n'a pas vraiment le choix, car le PAIGC lui a signifié qu'aucun autre nom n'était négociable, mais tout est possible", selon des opposants. Une chose est sure, si le président ne respecte pas l'accord, il risque des sanctions prévues par la CEDEAO pourrait perdre un certain nombre de soutiens dans la région. Pour renforcer la pression, l'organisation régionale a brandi la menace de sanctions individuelles ou collectives, mais là encore, rien ne garantit qu'elles aboutissent. D'après une source interne à l'organisation sous-régionale, des chefs d'Etats alliés de Vaz pourraient "chercher à gagner du temps". Seule certitude, un Conseil extraordinaire des ministres de la Cédéao est prévu à Lomé, au Togo, le 20 janvier prochain. La crise politique à Bissau sera à l'ordre du jour.
Inquiétudes autour de la nouvelle vacance du pouvoir
Les responsables des cultes catholiques et musulmans de Guinée-Bissau ont été mis à contribution pour assurer la médiation entre le palais présidentiel et le siège du PAIGC. Cette nouvelle vacance du pouvoir n'est pas sans conséquences, et inquiète les acteurs politiques et économiques ainsi que la société civile de Guinée-Bissau, dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat et de violences politiques. Le prochain Premier ministre sera le quatrième de José Mario Vaz en deux ans de pouvoir. Les divisions au sein du PAIGC ne font qu'alimenter l'instabilité du pays, déplore ainsi le porte-parole du PRS (Parti de la rénovation sociale (PRS), Victor Pereira. Cette nouvelle impasse pourrait aussi décourager les bailleurs internationaux du pays, qui avaient promis en mars 2015 un milliard d'euros à la Guinée-Bissau. "La communauté internationale pourrait être fatiguée de vos crises qui n'en finissent pas, elle a atteint la limite de sa patience", s'était déjà insurgé en février dernier l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission du Groupe de contact de la Cédéao pour le pays. La crise politique en Guinée-Bissau a éclaté en août 2015, quand le président a congédié son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, en poste depuis juin 2014. Alimentées par leur rivalité pour prendre le contrôle du PAIGC lors des élections législatives et présidentielle de 2014, les tensions entre les deux (Président-Premier ministre) se sont encore aggravées après leur arrivée au pouvoir en raison du régime semi-présidentiel, qui fait du Premier ministre le véritable homme fort du pays, selon la Constitution. Selon toujours les dispositions la loi fondamentale de la Guinée-Bissau, le président n'aurait pas dû procéder aux limogeages de Domingos Simoes Pereira et de Carlos Correa. Alors que le président reprochait à son Premier ministre de ne pas le tenir suffisamment informé des affaires en cours et lançait contre lui des accusations de corruption, les partisans de Domingos Simoes Pereira affirmaient de leur côté que la popularité de ce dernier aurait fait de l'ombre au président, qu'ils accusaient également de "trop s'immiscer" dans les affaires du gouvernement. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé en septembre dernier aux protagonistes de la crise de "lancer un véritable dialogue", notamment sur une révision de la Constitution.


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