C’est un objet de permanente spéculation : la révision de la Constitution et la candidature de Bouteflika, qui lui sera subséquente. Qui par curiosité, qui par intérêt, qui par conviction, qui par appréhension, tout le monde attend avec plus ou moins d’exaspération la grande nouvelle. Mais l’attente doit être plus douloureuse pour tous ces gens qui attendent que le Président annonce enfin sa candidature. On peut les entendre exprimer leur impatience dans les réunions et forums officiels et tout au long des tournées présidentielles dans le pays. Ils scandent leurs “ouhda thaltha !” à tout propos, avec une instance sans rapport avec le détachement que le Président fait mine d’afficher envers une telle question.
Il se peut même que le désintérêt, réel ou simulé, du concerné aiguise l’envie de le voir enfin se prononcer. Et d’être enfin rassuré. Tout changement est, en effet, porteur de risques pour les positions acquises. Et dans un système de l’arbitraire, où toutes les promotions sont soumises au filtre politique, les risques ne concernent pas que les positions politiques. Combien de carrières et de privilèges qui y sont attachés peuvent donc ne pas survivre à un changement, qu’il soit autoritairement encadré ou démocratiquement advenu ! Ces intérêts, qui sont souvent politiques dans leur expression, sont en fait de nature triviale. Clans et coteries, mais aussi beaucoup d’opportunismes individuels ont intérêt au statu quo.
Surtout qu’une providentielle embellie financière dure depuis plusieurs années, autorisant une relative abondance budgétaire, a conduit à une valorisation significative et soutenue du statut des élites politiques et administratives. Si la situation des “catégories” n’a pas été que timidement amendée, celle des “hors catégories” a été plutôt grassement améliorée.
Les organisations et associations para-politiques profitent aussi de ce mode d’allocation autoritaire des ressources nationales. Cette redistribution rentière du revenu national crée un conservatisme d’attachement intéressé au régime, un conservatisme “syndical”, donc apolitique, qui défend le statu quo, non pour l’avantage d’un bilan qu’on ne dresse jamais, ni pour l’attrait d’un programme qui n’a pas encore été finalisé, mais pour ses avantages catégoriels.
À titre d’exemple, le traitement du terrorisme islamiste montre que les questions nationales politiquement décisives n’ont aucun impact sur la formation du consensus conservateur. Quand Zerhouni rend hommage à l’engagement de l’ANP et des forces de l’ordre et proclame leur rôle dans la relative accalmie actuelle, sans rappeler la fonction pacificatrice de “la réconciliation nationale”, personne ne l’interpelle sur cette grave omission qui, tout de même, concerne l’œuvre qui constitue l’élément légitimant du premier et, surtout, du deuxième mandat de Bouteflika. Cette adaptabilité thématique des forces de “soutien” ôte tout fondement politique ou idéologique à leur engagement et à leur solidarité.
Les raisons de cette quête opiniâtre d’un troisième mandat sont donc ailleurs que dans ce qu’il signifie en termes de perspectives pour le pays.M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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Posté Le : 15/10/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com