Algérie

Les flammes de la passion



Résumé : Le Dr Lyès livre ses états d'âme. Il met à nu sa solitude et sa détresse devant les jeunes gens. Non, il ne leur en veut pas et espère même une reconnaissance de leur part, car il a fait d'eux des êtres heureux.-Tu comprends donc, Nedjma. Tu comprends donc que grâce à moi tu as découvert un sentiment plus profond envers Nazim. Tu comprends que l'amour que tu t'entêtais à rejeter te collait encore à la peau et qu'il a ressurgi au moment où tu l'attendais le moins. Ne dis rien encore. Pour te confirmer mes dires, je te pose une seule question : si tu n'avais pas connu Nazim, n'aurais-tu pas répondu favorablement à ma proposition ' (il rit.) Mon petit doigt me donne toutes les raisons de croire que tu aurais flanché. Au fond, Nedjma, tu cherches un réconfort, un baume sur les brûlures de ton âme. C'est le même cas pour Nazim. Et pour tous les humains. Nous sommes si vulnérables devant les coups du destin. (Il soupire.) Mais ce coquin fait toujours bien les choses. Que l'on accepte son sort ou pas, les dés sont jetés bien avant qu'on n'atterrisse dans ce monde, et à chacun de nous sa dose de bonheur ou de malheur. Un équilibre, en somme, pour un subconscient qui n'aime pas être trop malmené. Quels égoïstes nous sommes ! Nous acceptons de gagner, mais nous refusons de perdre ! En fin de parcours, chacun de nous ne pourra récolter que ce qu'il a semé. Les lois divines sont intransigeantes. Nous devrions donc vivre nos joies comme nos peines et apprécier tous les coups du sort.
Il se tut un moment, puis se dirige vers la porte en levant une main en guise d'adieu.
- Sur ce, tous mes v?ux, mes enfants. Je vous souhaite bien du bonheur. De temps à autre, ayez une pensée pour un homme comme moi, qui pense plus aux autres qu'à lui-même. Si bien que parfois il se permet de devenir un moralisateur assidu pour qu'on puisse profiter pleinement de ses conseils.
Il tourne les talons et ressort de la chambre avant que Nazim et Nedjma aient pu placer un mot.
Ils demeurent un moment silencieux, puis Nazim lance :
- Il se prétend moralisateur, alors que...
- Chut ! l'interrompt Nedjma. Je crois qu'il a fait ce qu'il fallait pour nous rassurer. Je comprends fort bien son état d'âme et ses préoccupations. La solitude le rend parfois fou, mais il s'accroche à son métier pour l'éloigner. Il aime se sentir adulé et envié. Le fait de repousser la laideur et de s'attaquer à tous les caprices de la nature lui fait sentir qu'il est fort. Mais, au fond, comme il le reconnaît lui-même, nous ne sommes que des humains. Des êtres vulnérables, des instruments entre les mains du
destin.
Elle sourit.
- Je te sentais si tendu que j'ai pensé que tu allais lui sauter dessus.
- C'est ce que j'avais l'intention de faire s'il avait osé t'importuner.
- C'est vrai '
- Mais bien sûr. Crois-tu que je l'aurais laissé faire ses caprices et continuer à te faire chanter '
Elle lui pince la joue.
- Et maintenant, que comptes-tu faire '
Il la regarde un moment, puis la tire vers lui.
- Eh bien, te mettre le grappin dessus, avant que le destin ne tente de s'acharner encore sur nous.
- Ah ! je vois. Cette fois-ci tu vas défier le destin.
Ils rirent, puis Nazim lance :
- Pourquoi pas ' Mais pour cette fois-ci je crois qu'il devient notre allié, puisqu'il nous rapproche davantage et nous permet d'apprécier la vie à sa juste valeur.
Il soupire.
- J'espère que tu te rends compte de ce que nous avons vécu tous les deux.
- Bien plus que tu ne le penses. Nous avons traversé l'enfer.
- Alors, l'interrompt-il, acceptes-tu maintenant d'être ma compagne dans une traversée plus agréable '
Elle sourit et vint se blottir contre lui.
- N'auras-tu pas des appréhensions ou des regrets plus tard '
- Des regrets '
- Oui, la traversée sera sûrement longue et parfois ennuyeuse. La vie ne fait pas toujours de cadeaux. Et je ne serai pas toujours cette belle et jeune femme que tu connais aujourd'hui.
Nazim la serre contre lui.
- Ne redis jamais ça, Nedjma. Je t'ai connue et aimée pour tes qualités et ton grand c?ur. Et moi, tu ne connaissais de moi en guise de visage qu'un tas de bandages blancs. Mais même dans cet état-là, tu appréciais ma compagnie. J'en connais beaucoup qui n'auraient pas résisté à la proposition du Dr Lyès. À elles la richesse et la gloire. Mais toi, tu as tout bonnement refusé. Tu as préféré "l'homme sans visage" à qui tu rendais visite et qui t'attendait chaque jour avec impatience. C'est ça le vrai sentiment. C'est ça la vraie vie. L'être humain est, certes, vulnérable, mais lorsqu'il sait accepter son sort, il gagne toujours. Je t'ai gagnée, Nedjma. Je t'ai gagnée après une rude bataille. Tu as été ce baume bienfaiteur sur les brûlures de mon âme.
Il lui relève le menton et la regarde dans les yeux.
- Ne va donc pas croire que je te lâcherai de sitôt.
...Fin
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