Algérie

Les flammes de la passion



Résumé : Nedjma découvre qu'elle est enceinte et l'annonce à son mari. Ce dernier ne semble pas heureux de l'apprendre. Elle est déçue mais vite rassurée, car dès son retour dans l'après-midi, Mustapha vient la féliciter. Il est plus détendu, et elle met donc sa première réaction sur le compte de l'émotion.Je repris mes activités, et malgré mes grandes fatigues, je pus tenir jusqu'à la fin de l'année sans trop de mal. J'étais déjà au cinquième mois, et avec les chaleurs qui approchaient, il n'était pas aisé pour une femme dans mon état de travailler.
Mustapha s'absenta durant plusieurs jours. Il était reparti dans le Sud où il devait assurer la correction des derniers examens avant les grandes vacances. Je pris mon mal en patience. Mustapha m'aime, je n'en doutais pas. Mais il était trop pris.
Je ne cessais de me répéter cette phrase à chaque fois que le cafard ou le doute me gagnaient. Un mauvais pressentiment me taraudait. Je ne savais pas trop pourquoi, un rien m'inquiétait. Mustapha risque de ne jamais revenir, me dis-je. Je chassai cette idée. Pourquoi autant de soucis, alors que tout semblait aller pour le mieux ' Les vacances d'été arrivèrent. Je pris mon congé de l'établissement et de mes élèves en me demandant si mon mari avait prévu de partir quelque part pour quelques jours de repos. Nous en avions déjà parlé, mais comme à ses habitudes, Mustapha avait savamment détourné la conversation sous prétexte que nous aurions le temps d'en rediscuter. Je sentais que mes forces physiques s'amenuisaient de jour en jour. Mon ventre, en s'arrondissant, me rendait paresseuse et pathétique. Je dormais beaucoup et restais de longues heures devant l'écran de télévision à me demander ce que j'allais faire de mes journées. L'idée d'aller rejoindre mon mari dans le Sud me tentait, mais j'étais trop faible pour entreprendre un aussi long voyage. Et puis Mustapha ne semblait pas tellement chaud à cette perspective. Il ne cessait de me répéter que le voyage était non seulement long, mais fort contraignant, et que dans mon état le climat chaud et sec du Sud ne me siérait pas. Ne voulant pas trop insister là-dessus, je battis en retraite et me contentai de passer de longues journées à me morfondre. Ma mère avait remarqué ce changement de tempérament. J'étais devenue impulsive et n'importe quoi me mettait en boule. Je n'étais plus cette fille attentive aux besoins de son entourage. J'étais devenue quelque peu égoïste et ne pensais qu'à mon mari et au petit qui allait naître.
Les journées passaient sans trop de changement. J'espérais que Mustapha rentre sans tarder et ne vivais que dans cette attente. À chaque fois qu'on s'appelait, il me demandait de patienter. Je n'en pouvais plus. Pourquoi mettait-il autant de temps pour revenir à la maison ' Que pouvait-il le retenir davantage dans le Sud, alors que l'année scolaire était terminée '
Ma patience à bout, je pris mon téléphone pour lui annoncer que je prendrais le premier autocar qui partait et que, morte ou vive, je vais le rejoindre. Il me sermonna et parut fort contrarié. Il me mit en garde et me menaça de divorcer si je perdais le bébé. Après un déluge de colère et de mots non mâchés, il revint à de meilleurs sentiments, pour me parler d'une voix douce. Il me rassura en me certifiant que je lui manquais à lui aussi et qu'il n'était question que de quelques jours avant de pouvoir se libérer. L'académie ne lui ayant pas encore délivré de titre de congé, il ne pouvait se décider à rentrer, d'autant plus que dans la ville où il se trouvait, il avait fort à faire pour préparer la prochaine rentrée et son aide était importante dans une contrée où manquaient les infrastructures les plus élémentaires à une bonne reprise scolaire. J'avalais mon dépit. Je ne pouvais faire mieux d'ailleurs. J'étais dans une situation fort embarrassante. Je n'avais d'autre choix que de fermer les yeux et d'accepter mon sort. Je continuai à errer comme une âme en peine dans la maison. J'entrepris de préparer le trousseau de mon bébé en trouvant là une issue pour occuper mon temps libre. Je me mis à courir les magasins en compagnie de ma mère, qui me conseillait dans mes achats.


(À SUIVRE)
Y. H.
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