Algérie

Les flammes de la passion



Résumé : Nedjma demande à Mustapha de songer à acquérir un logement. Mais ce dernier lui répond qu'ils y songeront plus tard et que pour le moment il faudrait qu'ils travaillent dur et mettent de côté autant d'argent que possible afin de pouvoir rapidement avoir un "chez-eux". Pour lui prouver davantage son attachement, il lui offre un bijou.Je me mets à rire :
- Toi qui voulais économiser, te voici ruiné. Ce bijou doit coûter une fortune.
- Rien ne sera trop cher pour toi, Nedjma, mon étoile, ma bonne étoile. Tu as illuminée ma vie. Tu m'as rendu le sourire et tu m'as permis de retrouver ce bonheur en lequel je ne croyais plus. Tu me donnes plus que je n'espère et tu me reproches de t'offrir un simple bijou ' Non, ma chérie, je me sens bien plus redevable envers toi et je ne lésinerai sur rien pour te voir quiète et heureuse.
Les jours et les mois passent et se ressemblent. Mustapha donnait des cours dans un lycée de la banlieue et ne rentrait que très tard le soir, et moi j'enseignais dans une école de mon quartier. Parfois, je lui reprochais ses retours tardifs et il brandissait alors devant moi des liasses de copies à corriger. Pour ne pas me déranger, il s'installait dans le salon, où parfois il s'endormait sur ses copies.
Je m'en voulais souvent à mort de l'avoir poussé à bout par mes remarques acerbes. Mais il ne semblait pas les prendre en considération.
De temps à autre, il s'absentait pour quelques jours. Des conférences, des recyclages pédagogiques, des examens à préparer, des corrections... Il était sollicité et ne pouvait refuser des missions de travail imposées par ses supérieurs.
Moi, j'étais encore nouvellement émoulue, donc pas concernée par toutes ces activités. Mais je savais que ce n'était que partie remise.
Je me demandais comment mon mari allait prendre les choses lorsqu'à mon tour je devrais suivre des cours de recyclage, assister à des examens et me déplacer loin de chez moi.
Un matin je me réveillais malade comme un chien. J'avais des nausées, et mon estomac se soulevait à la moindre odeur culinaire. Ma mère comprit tout de suite que j'étais enceinte. Elle en fut si émue qu'elle alla répandre la nouvelle dans toute la famille. Mon père vint m'en féliciter sans perdre de temps. Mes tantes m'appelèrent pour avoir de mes nouvelles, mes cousines me promirent de venir me rendre visite et me firent mille et une recommandations. Mustapha, qui prenait son bain, apprendra la nouvelle en dernier et je riais de son air courroucé :
- Tu es ému, n'est-ce pas ' Tu seras papa pour la première fois, cela se comprend fort bien.
Il ne répondit pas et se saisit de son cartable avant de quitter la chambre sans mot dire.
Les hommes ont parfois des réactions bizarres, me dis-je. Mustapha voulait un enfant. Et maintenant que je lui apprends qu'il sera bientôt père, il me tourne le dos.
Je mis le tout sur le compte de l'émotion et je m'endormis sans demander mon reste. À mon réveil à la mi-journée, je retrouve Mustapha assis à mon chevet :
- Je m'excuse pour ce matin, me dit-il, mais tu m'avais pris au dépourvu. Je n'admettais pas encore que nous allions devenir parents.
J'étais soulagée de l'entendre enfin confirmer mes suppositions. Il avait l'air exténué et je compris que dans son état une telle nouvelle ne pouvait que le perturber. Mon mari se donnait à fond dans sa tâche et il fallait le ménager avant de lui annoncer sa future paternité.
Il m'embrassa sur le front et me félicita :
- Heureux celui qui t'aura pour maman.
- Heureux celui qui t'aura pour papa, répliquais-je sans broncher.
Il se mit à rire et me lança d'un air plus détendu :
- Gare à toi ! Parfois la vie joue de
vilains tours.
Je ne compris rien à ce qu'il voulait insinuer. Du moins à ce moment-là. Mais je supposais qu'il avait parlé dans un moment de grande émotion, sans trop réfléchir.

(À SUIVRE)
Y. H.
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