Algérie

Les flammes de la passion



Résumé : Impatient, Nazim veut tout savoir. Il est curieux de voir son visage après cette première intervention. Mais le médecin ne semble pas de cet avis. Pour le moment, "le chantier" n'est pas trop beau à voir. Il conseille à Nazim de prendre son mal en patience, car la seconde intervention n'aura lieu que dans trois semaines. En attendant, il pourra recevoir la visite de sa famille.Nazim se rembrunit.
- Non. Je ne veux voir personne. Pas avant d'avoir retrouvé un semblant de visage. Ma mère et mes s?urs m'ont assez sapé le moral avec leurs lamentations et leurs larmes. Je préfère rester seul. La solitude est parfois nécessaire à quelqu'un dans mon état.
- Comme tu veux Nazim. Je n'aime pas trop le mot solitude à vrai dire.
Nazim sourit.
- Et pourtant, vous l'adoptez.
- Hein '
- Oui. Vous êtes seul. Vous vivez seul. Vous travaillez, vous dormez, vous mangez. Vous avez un emploi de temps chargé et routinier. Sans vous rendre compte peut-être, vous menez une vie de moine, docteur.
Le médecin sourit.
- Quelle observation ! Je ne me sens pas du tout seul, Nazim. Tout au long de la journée, je suis entouré de mes patients, de mon personnel, des gens qui passent me voir.
- Oui. Mais avez-vous une vie de famille ' Ne vous sentez-vous pas un peu à l'écart du monde quand vous rentrez chez vous chaque soir '
Cette fois-ci, Dr Lyès garde le silence un moment.
- Vous voulez parler de ma vie privée '
Il soupire.
- Après des années de vie commune, mes enfants et ma femme m'ont quitté. Je n'ai pas eu à choisir.
- Mais vous auriez pu refaire votre vie.
- Oui. C'est tout le monde qui me reproche à vrai dire de vivre comme un moine. Mais je préfère te dire tout de suite que j'accepte ma solitude. Je la préfère plutôt. J'ai une vie assez mouvementée. Des voyages, des conférences, des opérations qui demandent un temps infini. Quelle est la femme qui acceptera de partager la vie d'un homme qui disperse ses journées et ses heures ailleurs.
- Je pense plutôt docteur que vous avez peur de vous engager, lance Nazim d'une petite voix.
Le médecin lui tapote le bras.
- Assez parlé pour aujourd'hui. Tu es encore fatigué. Repose-toi donc. Nous aurons tout le loisir d'en rediscuter un jour.
Le médecin allait partir quand Nazim demande :
- Et pour la prochaine opération, qu'avez-vous programmé '
- Le "O".
- Pardon '
- Le "O". Je veux dire le pourtour des lèvres, et j'en profiterais pour remodeler le menton et lui redonner sa forme initiale. Cela nous permettra aussi de "tirer" un peu sur la peau du cou et de faire une découpe dans la chair brûlée.
Il fait un geste de sa main et sortit. Nazim le suit des yeux. Ce médecin semble porter un lourd fardeau sur ses épaules. Contrairement à ce qu'il lui avait certifié, il n'était pas un adepte de la solitude, mais plutôt un être très sociable. Les gens pensent pouvoir cacher leur désarroi alors que, souvent, ils n'y arrivent pas pour la plupart.
Une semaine passe. Nazim allait beaucoup mieux. Ses cicatrices s'étaient refermées, et on lui avait mit un pansement plus "esthétique" sur le front et le nez, qui permettait de cacher aussi une partie des joues.
Le jeune homme passait de longues heures dans le jardin verdoyant à lire. Il s'était découvert une véritable passion pour les ?uvres littéraires qu'il se procurait dans la bibliothèque de l'établissement.
Il sentait renaître en lui un grand espoir. Celui de reprendre un jour sa vie normale et de revivre comme avant, ou beaucoup mieux qu'avant. Son accident lui avait permis de comprendre encore mieux la vie et d'apprécier chaque instant à sa juste valeur.

(À SUIVRE)
Y. H.
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