Algérie

Les flammes de la passion



Résumé : Le Dr Nabil venait d'enlever les pansements qui camouflaient le visage de Nazim. Il avoue à ce dernier qu'il ne s'attendait pas à ce que sa peau réponde aussi positivement au traitement. Ses cicatrices se referment, et le fait d'avoir gardé la vue est de la plus haute importance. Mais...Nazim s'agite. Il porte la main à son visage et tente de toucher les cicatrices, mais la douleur l'en dissuade. Il laisse retomber sa main et demande :
- Et ces cicatrices, docteur, je vais les garder encore longtemps '
- Quelques semaines tout au plus. Je vais te prescrire des gels et des baumes cicatrisants. Cela t'aidera autant physiquement que moralement. Heu... Je veux dire que c'est toujours avec une grande satisfaction que nous constatons que nos cicatrices se referment.
Nazim ferme les yeux. Malgré son courage, il a peur d'affronter le moment de vérité. Il n'ose pas encore demander un miroir. Non. Il attendra. Il attendra encore un peu. Il attendra que ses cicatrices se referment.
- Hum... À quoi pense-tu, Nazim '
- À rien, docteur. Je voulais seulement... Je voulais retarder le moment... Je...
- Tu n'oses pas encore affronter ton nouvel aspect. Tu veux laisser le temps passer et te préparer.
Le médecin se lève et s'empare d'une petite glace qu'il avait déposée sur la table de chevet :
- Quel que soit le recul que tu prendras, le moment de vérité sera toujours douloureux. Alors, qu'on en finisse une fois pour toutes. Plus tôt tu connaîtras ton nouveau visage et plus tôt tu l'accepteras. Crois-moi, Nazim, ce n'est pas de gaieté de c?ur que je te demande cela, mais il est de mon devoir de te conseiller ce qui serait le mieux pour toi.
Nazim baisse la tête et met une main devant ses yeux. Mais le médecin lui relève le menton et met d'office le miroir en face de lui :
- Regarde-toi donc, et ne crains rien. Le vrai Nazim est en toi. C'est uniquement ton enveloppe charnelle qui vient de subir quelques dégâts. Jeune homme, si tu le veux vraiment, tu sauras que rien n'a changé en toi, car la beauté de l'âme est
indélébile, et rien ne pourra l'affecter. Par contre, le physique est soumis à toutes sortes de transformation tout au long de notre existence.
Nazim serre son poing et se tient droit, tel un bagnard prêt à monter sur l'échafaud.
- Courage, Nazim ! Accepte ton sort et Dieu saura t'en récompenser.
Nazim pousse un long soupir, puis ouvre les yeux.
Il lui semble qu'une éternité s'était écoulée avant que le sang ne se remette à couler dans ses veines. Il se porte en avant et passe une main sur la glace que le médecin tenait toujours en face de lui.
Non, ce n'est pas vrai ! Mon Dieu ! Non !
Un long cri s'échappe de sa bouche et il entend des sanglots. Il se retourne et constate que ses s?urs et sa mère venaient d'arriver.
Il sent une onde remonter tout au long de son corps avant de perdre connaissance.
Il revient à lui quelques minutes plus tard. Le Dr Nabil se tient toujours à ses côtés, mais il n'y a personne d'autre dans sa chambre.
- Alors, Nazim, comment te sens-tu '
Le jeune homme ne répond pas, mais le médecin poursuit :
- Le premier choc est toujours le plus dur. Puis, c'est le compte à rebours. Tu vois ' Nous sommes tous préparés naturellement à subir des situations plus ou moins fâcheuses tout au long de notre vie. Je crois que malgré tout tu as bien supporté le premier effet. Je préfère que tu te retrouves seul quelques instants. Tu verras que dans de tels moments le mieux est de savoir supporter bravement la première étape. C'est pour cela d'ailleurs que j'ai préféré renvoyer ta famille.
Le médecin se lève :
- Je te laisse la glace. Tu auras encore un autre choc en te regardant une deuxième ou une troisième fois. Mais une fois remis de tes émotions, tu t'estimeras heureux d'être tout simplement en vie.
Le Dr Nabil quitte les lieux en laissant Nazim face à son nouvel aspect.
Le jeune homme tente encore une fois de se regarder dans la glace, mais il n'a pas le courage escompté.
Il balance l'objet contre le mur de sa chambre et se laisse retomber sur son oreiller, plus mort que vif.
Des sanglots secouent son corps. Il se met à pleurer comme il ne l'avait
encore jamais fait.
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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