Algérie

Les finances de l'Etat durablement déficitaires



L'Algérie a nécessairement besoin d'un prix de pétrole de 60 dollars le baril sur une période d'au moins deux ans pour équilibrer l'état de ses finances, a soutenu avant-hier le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, lors de son passage à l'émission LSA direct du quotidien Le Soir d'Algérie.Très improbable à court terme, au vu de la mauvaise conjoncture pétrolière en présence, ce scénario d'équilibre budgétaire semble du reste très peu réaliste au regard du creusement abyssal que continuent de connaître les déficits publics.
Le prix de référence du pétrole sur lequel est bâtie la loi de finances complémentaire 2020 (LFC) est, certes, établi à seulement 30 dollars, alors que les cours du marché évoluent actuellement autour des 45 dollars et devraient finir l'année à un niveau moyen de plus de 40 dollars.
Ce différentiel, comme aime à le faire remarquer le ministre de l'Energie, offre effectivement à l'Etat quelques dollars de plus par rapport aux prévisions redoutées au début de la crise sanitaire et de la chute des cours pétroliers qui s'en est suivie. Or, force est de rappeler que telles qu'établies dans la LFC 2020, les recettes budgétaires prévisionnelles baissent à 5 395,5 milliards de dinars, contre 6 289,7 milliards de dinars prévues dans la loi de finances initiale.
Et malgré les compressions décidées sur le budget d'équipement et le rabotage de certaines dépenses de fonctionnement, hors traitements salariaux et transferts sociaux, les dépenses budgétaires globales restent, elles, plafonnées à plus 7 372 milliards de dinars pour l'exercice en cours.
Dès lors, le déficit budgétaire est porté à 1 976,9 milliards de dinars, soit un niveau alarmant de -10,4% du produit intérieur brut (PIB), contre un déficit de -7,2% du PIB prévu initialement. Le solde du Trésor sera de même négatif à -2 954,9 milliards de dinars, soit -15,5% du PIB, contre un déficit prévisionnel de -11,4% fixé au départ dans la loi de finance initiale.
À de tels niveaux de déficits internes, et au vu de la dégradation encore plus alarmante du solde de la balance des paiements et du stock des réserves de change, le scénario d'un retour à l'équilibre des finances de l'Etat est des plus improbables avant au moins deux ou trois exercices. Pour sûr, en tous les cas, l'équilibre des finances publiques restera rompu même si le prix moyen du baril de pétrole venait effectivement à retrouver un niveau de 60 dollars.
Au début de l'exercice en cours, soit bien avant la crise sanitaire et le récent retournement de la conjoncture pétrolière, le budget de l'Etat, faut-il le rappeler, accusait déjà un lourd déséquilibre et était marqué par des niveaux de déficits abyssaux, malgré une certaine stabilité des prix du brut à plus de 65 dollars. Le fait est que la situation des finances publiques n'a cessé de se détériorer depuis le contre-choc pétrolier de la mi-2014, faute d'un baril de pétrole à plus de 100 dollars.
Pour l'exercice précédent et celui en cours, les estimations d'institutions financières internationales et de nombre d'économistes fixaient pour la plupart à pas moins de 116 dollars le prix du pétrole pouvant permettre l'équilibre du budget de l'Etat en Algérie. Un cours d'équilibre très éloigné en somme de celui que vient d'évoquer le ministre de l'Energie.

Akli REZOUALI


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