Algérie - A la une

Les filouteries d'une sagesse



Le discours du Makhzen, ou sa stratégie communicationnelle, développé ces derniers mois à l'ombre d'une accentuation de la crise dans ses relations avec l'Algérie ne cadre pas avec ses actes provocateurs à l'encontre de l'Algérie. Tout est fait pour présenter le voisin comme un Etat violent, qui cherche la guerre, alors que le Maroc présente tous les gages de la sagesse. De la «main tendue» du Royaume à l'absence de toute réaction face à la lourde charge du lâche assassinat de trois ressortissants algériens à la frontière entre la Mauritanie et les territoires libérés du Sahara occidental, le Maroc fait le dos rond, affichant une pondération qui cherche visiblement à faire saillir l'emportement des autorités algériennes. Mais, personne n'est dupe de ce faux visage du Maroc qui, dans les faits, multiplie les hostilités violentes contre son voisin.Pour ne citer que les derniers faits à retenir dans ce contexte, rappelons les tentatives de division du territoire national lorsque l'ambassadeur du Maroc aux Nations Unies parle d'autodétermination à donner au «vaillant peuple de Kabylie», selon les propos du concerné, ainsi que les déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères à partir du Maroc où il a laissé entendre, en parfait accord avec le ministre marocain des Affaires étrangères, que l'Algérie déstabilise la région du Maghreb, sans parler de la «guerre de la drogue», en cours depuis plusieurs décennies, et à travers laquelle le Maroc tente d'empoisonner la jeunesse du pays voisin. Sournoisement, le Maroc veut jouer les rôles les plus sages, alors qu'il est à l'origine de toute la tension entre les deux pays, aujourd'hui et hier. Cela ne trompe personne. Et il y a encore des signes qui trahissent ce sage comportement du Maroc, particulièrement cette tendance effrénée aux achats de matériel militaire. Acquisition de drones, de systèmes de surveillance aérienne, recrutement massif au sein de l'Armée, construction de bases militaires, allant jusqu'à afficher une franche volonté d'acheter le système anti-missile «dôme de fer» israélien, le Maroc ne lésine plus sur les moyens pour se doter en armement et renforcer les capacités militaires de ses troupes.
Un élan qui s'inscrit dans la durée, puisque le projet de loi de finances 2022, qui a été présenté récemment par le gouvernement, prévoit une augmentation historique du budget militaire, «le plus grand de l'histoire du Maroc», selon un constat qui n'échappe pas aux observateurs. Une course à l'armement dévoilant une peur panique d'un Makhzen qui se prépare à la guerre, en totale contradiction avec la posture sage et tranquille qu'il tente de commercialiser. L'Algérie consacre également un important budget pour les dépenses militaires, mais c'est un fait traditionnel qui n'a rien à voir avec de quelconques circonstances nées des derniers développements sur la scène régionale. Toutefois, force est de reconnaître qu'il s'agit de décisions souveraines, autant pour l'Algérie que pour le Maroc. Il faut juste ne pas faire porter excessivement le rôle de méchant à autrui quand on est soi-même certifié élève du diable.


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