Algérie - Constantine

LES FIGURES DU MALOUF CONSTANTINOIS Nabil Yahaoui, un souffle inépuisable



Publié le 01.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

ABDELHAK MEBARKI

Issu d’une famille qui baigne dans la musique depuis des générations, Nabil Yahaoui, élève du conservatoire de Constantine, a suivi une formation sous la direction du regretté Ahmed Remita.
Il s'est formé au chant choral sous Brahim Lamouchi, au solfège et au violon sous Bencharif, avant d'être influencé par les maîtres incontestés du malouf, tels que cheikhs Toumi et Darsouni, figures incontournables pour quiconque souhaite s'immerger dans cet univers musical fascinant. C’est grâce à leur enseignement que Nabil a pu embrasser cette musique envoûtante qu'il n’a jamais quittée. «Mes débuts artistiques, confie-t-il, ont commencé avec Samir Boukridira (orchestre pilote) jusqu'en 1987. Ensuite, pour des raisons professionnelles, j’ai dû m’installer à Ghardaïa. Toutefois, en raison de mon profond attachement à la musique, et en particulier au malouf, il m’était impossible de rompre tout lien avec mes anciennes relations. J’ai donc continué à entretenir ces contacts afin de poursuivre le chemin que j’avais tracé dès mon jeune âge.»
45 ans de carrière
Nabil Yahaoui se souvient également de ses racines maternelles. Sa mère et ses grands-parents, qui avaient des liens de parenté avec feu Hadj Boudjemaâ El Ankis, lui ont permis de côtoyer de grandes figures de la musique. «J’ai ainsi découvert un nouveau style de chant, enrichissant mon répertoire en musique andalouse et chaâbi, tout en préservant précieusement mon véritable patrimoine, le malouf constantinois.» Aujourd’hui, à 62 ans, et après 45 ans de carrière, Nabil n’est pas prêt à s’arrêter en si bon chemin. De retour dans sa ville natale, il s’efforce de développer et d’élargir son champ d’activités artistiques, avec de nombreux projets en cours, dont celui de revisiter le hawzi malouf avec douceur, grâce à une interprétation inspirée, une œuvre signée Bensahla. Son instrument de prédilection, l'oud arabe, qu'il maîtrise à la perfection, est au cœur de ses performances.
Selon ses fans et son entourage, Nabil Yahaoui possède un timbre vocal unique, éloigné des tendances mercantiles, et marqué par une générosité authentique. Il incarne un profil de musicien enraciné dans la tradition de la musique ancestrale. «Ma plus grande satisfaction aujourd'hui, ce sont mes deux derniers albums que j’ai réalisés de main de maître, mais qui ne sont pas encore commercialisés. Ils sont à la disposition du public : Ederman (hawzi, malouf) et Maadjez malouf, enregistrés au studio Numéria de Constantine.»
Son parcours riche et varié l’a conduit à participer à des événements marquants, dont certains resteront gravés dans sa mémoire : hommage à El Hadj Mohamed Tahar Fergani (2017-2018), Constantine, capitale de la culture arabe (2016), festival de Hammamet avec Zied Gherssa (2018), festival du monde arabe à Montréal (2019), hommage à Cheikh Darsouni à Constantine (2020), congrès international des médecins à Constantine (2019), représentation de l’Algérie au grand casting d'Arab Idol à Beyrouth (2016), festival national de la musique savante à Ghardaïa (2011), et Alger, capitale de la culture arabe (2017), entre autres.
Pour conclure, Nabil Yahaoui exprime ses remerciements au président de la République pour la reconnaissance tant attendue du statut et de la carte d’artiste, permettant aux artistes de bénéficier d'avantages jusque-là inexistants. Il espère également voir l’élaboration d’un programme d’échange entre artistes à travers les régions, afin de débattre, dans un cadre organisé, de tous les aspects liés à la musique et à l’art citoyen.
Abdelhak Mebarki




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