Comme il est
coutumier à chaque week-end, lorsque les conditions le lui permettent, une
virée chez les parents s'impose obligatoirement pour Mohamed surtout qu'il
n'habite pas assez loin de la demeure familiale. Il va aussi voir ses amis et
ses proches.
Un ressourcement
autour d'un thé à la menthe avec les amis au café El Feth en compagnie des deux
Djamal, amis d'enfance, où on discute de tout et de rien, de l'équipe nationale
jusqu'aux évènements qui font l'actualité au sein de la cité comme ceux du
pays. En plus d'aller dire bonjour aux cousins du côté du Café Majectic sur la
place de la mairie. Entre les deux visites, un petit tour est plus
qu'indispensable dans le centre ville avec des embrassades d'une part, des
tapes amicales aux uns ou des signes de loin de la main aux autres.
Par cette matinée de ce vendredi 15 Janvier
annonciatrice d'une assez belle journée ensoleillée, il saute dans sa bagnole
en compagnie des siens et file tout droit, à peine à une heure de route de chez
lui. Après avoir profité des merveilleux paysages du pays surtout après les
pluies que nos fellahs avaient accueillies, à ne pas s'en lasser, avec une joie
indescriptible. Au bout d'un périple d'une soixantaine de kilomètres dont
presque la moitié sur la nouvelle autoroute, il arrive enfin à l'entrée de la
ville qui à peine commence à s'animer en ce jour de relâche.
DU CÔTÉ DE L'OUED
A quelques mètres
de la maison parentale, il se trouve sur le périphérique intérieur de la ville.
Juste après avoir dépassé le nouvel hôtel «La mina» visible de
loin dans son habit orangé, voilà qu'il se pointe devant une intersection en
forme de Té pourvue de feux réglant la circulation.
Comme il accède par l'entrée ouest de la
ville sur cette route à double voie de la cité El-Intissar, il se retrouve donc
en face de 2 feux après avoir parcouru environ 500 mètres. L'un situé tout à
fait à droite avec des feux pleins tricolores à l'ancienne et l'autre à feux
fléchés tricolores, perché sur un panneau placé juste au dessus du milieu de la
route. Il faut constater que les feux fléchés ne sont pourvus que de la
direction directe. Il se trouve devant un dilemme. Il sera croit être victime
d'un canular ! Déjà, il est surpris par ces 2 feux qui lui paraissent quelque
peu bizarroïdes et peuvent être en totale contradiction. Notre bonhomme se pose
alors la question qui lui rongera les méninges et sèmera le doute dans son
esprit. Plusieurs questions commencent à lui saborder le crâne. Mais bon sang !
Lequel de ces deux feux est le fonctionnel ? Le plein ou le fléché ? Faut-il
faire un « hendi-bendi » enfantin pour deviner le bon grain de l'ivraie ou bien
user de son pif pour le renifler? Le bon sens peut aussi l'aider lorsque la
logique prenne le dessus. Peut-être faut-il résider dans la cité pour le savoir
ou s'arrêter pour questionner les habitués du coin ? Eh monsieur : Bonjour,
SVP, à quel feu faut-il se conformer: le feu à moitié cassé de droite ou celui
du milieu de la chaussée muni de flèches ? Il peut rester une éternité avant de
recueillir l'incroyable réponse à son gros point d'interrogation. Même le code de la route ne pourra lui porter secours.
Il n'est pas aux bouts de ses peines en cette
matinée « vendredicale » appropriée au repos, de la méditation et de la prière.
Il conclut qu'à chaque ville, son propre code !
El-Azzouni en
sauveur ?
El Azzouni, le
célèbre animateur de l'ENTV de l'émission « le policier camouflé » sur les
problèmes de la circulation dans le pays, ne saura résoudre cet écueil pour le
moins énigmatique. On a toujours blâmé les automobilistes mais c'est rare que
les responsables de la mise en place de ces plaques de la signalisation
routière soient mis à l'index, songe-t-il l'air perplexe. En effet,
rajoute-t-il, l'un des problèmes des accidents de la route est imputé aux
plaques signalétiques qui sont loin des normes internationales. Un « stop »
caché par un arbre ou mal placé peut être la cause d'accidents mortels comme
celui d'un trou béant sur la route qui nous esquinte les reins et par ricochet
le budget de l'état pour l'importation d'amortisseurs d'origine. Ceux de Taiwan
ne pourront soulager nos pauvres rognons.
Pour avoir la
conscience tranquille car Mohamed a horreur de griller un feu rouge synonyme
d'un geste malsain de non citoyenneté.
Il commence à
éliminer les cas par cas en cochant dans sa tête sur les vraies et fausses
réponses. Il étudie toutes les possibilités.
Pour
l'automobiliste qu'il est, cela lui constitue une véritable galère matinale. Il
n'a pas assez de temps pour réfléchir à quel saint se vouer ? Est-ce qu'il se
fie aux feux pleins ou aux feux fléchés ? Après une profonde réflexion à la
célérité de la lumière, il penche par instinct pour le second car nouveau par
rapport au premier à la circulation dans le pays. Il lui semble qu'un des deux
feux n'a pas lieu d'être. On semble ne se soucier guère à ce que le conducteur
paiera comptant comme argent frais s'il est pris dans ce leurre. Ensemencer
l'incertitude semble la politique prônée, pense-t-il en se désolant.
LE PIÈGE DU
TOURNER À GAUCHE
Quant à son
intention, c'est de tourner à gauche mais il n'y a pas de feux fléchés
indiquant cette direction. C'est un vrai casse-tête du code de la route qui,
rappelons-le, est basé sur le raisonnement et non sur le flair. Peut-être que
ces feux ne soient compris que par les conducteurs résidant dans la ville. Si
tu n'es pas de la ville, tu es foutu en risquant un procès-verbal en bonne et
due forme et un retrait de ton permis de conduire.
Il n'a pas encore résolu son dilemme. Doit-il
ou non tourner à gauche lorsque le feu fléché indiquant la direction directe
est au rouge ? Pour le cartésien qu'il est, le bon sens lui rétorque: bien sûr
que Oui. Allez, fonce ! En somme, les raisonnements mathématiques par l'absurde
et par récurrence lui donnent entièrement raison. Après s'être rassuré par son
choix réfléchi, il met tranquillement son clignotant à gauche et avance
prudemment comme c'est cas dans toute intersection. Quant aux conducteurs d'en
face, ils étaient à l'arrêt par des feux rouges normaux comme il les a vérifiés
plus tard. Il n'y avait pas de voitures venant de sa gauche. Il tourne alors
dans la direction choisie sans hésitation aucune.
LES DEUX CAS DE
FIGURE
Après s'être
éloigné d'une vingtaine de mètres, il est surpris par 2 motards de la
circulation dissimulés qui lui donnent l'ordre de serrer à droite. Il fait son
devoir de citoyen d'obtempérer. L'agent lui demande alors ses papiers, ce qu'il
fait immédiatement en lui signifiant la raison de la confiscation de son
permis. La surprise est de taille : « monsieur, vous venez de griller un feu
rouge ! », en mettant en exergue les experts qui ont installé ces feux.
Après un moment d'étonnement, Mohamed descend
de son vieux tacot et tente d'expliquer au policier qu'il ne pense pas avoir
commis une faute surtout avec ce feu fléché qui prête à confusion. Il le sent
beaucoup plus comme un piège qu'un feu réglant la circulation. Lors de sa
visite de la semaine d'avant, il lui avait affirmé avoir commis le même geste.
La scène commence à repasser dans la pauvre tête de l'infortuné en essayant
d'apporter les arguments aux cas extrêmes:
1er cas: Le feu
de droite est au vert, tandis que pour celui du milieu la flèche est allumée au
vert:
Comme il n'a
aucune indication lui interdisant de tourner à gauche, il passe puisque celui
du milieu ne concerne que les véhicules qui vont tout droit.
2ème cas : Le feu
de droite est au rouge, celui du milieu la flèche est au rouge:
Pour le premier feu, il doit s'arrêter mais
comme il lui semble logique que le second soit récent vis-à-vis du premier, il
peut passer à gauche car celui-ci ne doit concerner que les voitures qui
souhaitent continuer leur chemin dans le sens direct.
Résultat de l'enquête: ce feu comporte
différentes drôleries. A son avis, il manque plusieurs facteurs, de la clarté
et de la cohérence. L'absence d'abord d'un feu fléché indiquant la direction de
gauche comme ceux d'en face et de gauche. Le second paramètre, c'est le nombre
de voies qui pose problème: une 3ème voie s'impose sur les deux routes.
Les mÊmes cas
partout
Après plusieurs
palabres, Mohamed avait fait la promesse d'inspirer l'auteur de ce papier sur
le sujet car ces anomalies de panneaux de signalisation posent un réel problème
au sein de nos routes et de nos villes. Une mauvaise indication constitue un
obstacle à la sécurité routière, nuit à la circulation routière et peut causer
des accidents graves surtout que le pays est considéré comme l'un des mal
classés à l'échelle mondiale.
D'abord, la signalisation verticale doit être
accompagnée d'une signalisation horizontale pour enlever tout hasard, ce qui
n'est pas le cas de cette situation incongrue.
La signalisation routière en Algérie est
truffée d'appâts de ce type. La ville d'origine de Mohamed n'est pas pionnière
en la matière. Que vous allez à Alger, Oran, Annaba, Skikda, Témouchent ou
Berrouaghia, etc… je suis archi sûr que vous trouverez des cas similaires plus
étranges les uns que les autres. Les accidents de la circulation ne sont pas
spécifiques à une certaine région du pays mais c'est un massacre qui affecte
tous les coins du pays quoiqu'on enregistre avec une satisfaction certaine une
baisse sensible ces derniers temps grâce à l'ouverture de tronçons d'autoroute
et par l'application du nouveau code de la route.
Même sur l'autoroute, la signalisation
diffère d'un tronçon à un autre comme celui des sorties d'autoroutes qui sont
rappelées à 2000 et à 1000 mètres sur fond blanc dans la quasi partie de la
partie ouest. Une homogénéisation des plaques de signalisation doit être aussi
harmonisée pour être en concordance avec l'ensemble des signaux. Ne parlons pas
de l'anarchie des plaques qui sévit partout ailleurs. Une enseigne annonce un
cabinet médical par là, celle d'un mécanicien ou d'une pharmacie à l'angle de
la rue par-ci.
Il faut quand même signaler que le nouveau
code de la route comporte certaines objections. Il n'est pas impartial qu'un
excès de vitesse et un dépassement dangereux soient sanctionnés presque de la
même façon que pour la carence d'un feu de position grillé en 2 secondes
d'utilisation par la faute d'importation d'ampoules non adéquates et non
conformes aux normes. Il faut que certaines dispositions de la loi soient revues
pour une application juste. En retournant le Week-End dernier sur les lieux,
Mohamed a remarqué que les fameux feux étaient toujours en place. Mais à sa
grande surprise, ils étaient, cette fois-ci tous éteints. Faut-il conclure que
les responsables concernés se sont-ils enfin rendu compte de l'anormalité ou
que ces feux étaient–ils involontairement à l'arrêt ? Tant qu'ils ne soient pas
changés, on ne peut rien avancer.
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Posté Le : 27/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Beghdad
Source : www.lequotidien-oran.com