Les feuilles de l'automne

Résumé : Farid a su tirer son épingle du jeu. Sarah n'aura pas d'enfant parce qu'il l'avait décidé. Une complicité avec le gynécologue a pu résoudre son problème. Mais au fond de lui-même, il reconnaissait son égoïsme.Les enfants lui manquaient. Sa fille Adila allait encore lui faire des reproches : il lui avait promis de lui acheter un téléphone portable parce que ses résultats scolaires étaient motivants. Mais il avait passé la journée avec Sarah et avait totalement oublié sa promesse. Tant pis, il lui dira qu'il avait été très occupé et lui remettra une somme d'argent pour qu'elle aille elle-même l'acheter dès le lendemain. Adila avait déjà 12 ans. Le temps a tellement vite passé qu'il a du mal à croire qu'il cumulait 20 ans de mariage et que son fils allait sur ses 15 ans.
Il avait consommé vingt ans de sa vie avec Nadjette. Vingt années qui n'avaient pas été de tout repos. Seule la présence des enfants avait pu compenser le manque affectif dont il avait toujours souffert. Nadjette, une fois les premières années passées, s'était plutôt entêtée à l'ignorer.
C'est pour cela que l'idée de lui faire du mal ne cessait de le tarauder.
Apprendra-t-elle un jour la présence de Sarah ' Saura-t-elle qu'il s'était remarié dans son dos parce qu'elle le rendait triste et malheureux '
Que fera-t-elle donc si elle venait à apprendre qu'il avait une autre femme dans sa vie '
En souffrira-t-elle ' Où bien fera-t-elle l'indifférente '
Il secoue la tête et tente tant bien que mal de chasser les mauvaises idées. Son instinct lui dictait la prudence. Il ne faut pas qu'il rate sa vie cette fois-ci encore. Quand il l'avait quittée, Sarah était anéantie. Elle voulait tant un enfant de lui. Mais cela ne va pas durer, se dit-il, elle finira bien par se rendre à l'évidence et accepter sa situation. Il saura l'apaiser.
Sarah aimait les voyages, et lui n'en était pas indifférent. Une petite virée quelque part le week-end fera peut-être oublier à la jeune femme son envie d'avoir des enfants. Oh bien sûr elle pourra toujours consulter un autre médecin et découvrir la vérité. Mais d'ici là, il saura l'amadouer et lui faire entendre raison. Et même si un jour elle découvre la vérité, il mettra cela sur le compte d'une erreur médicale.
Il se décide enfin à rentrer chez lui. Il était 21h. Les enfants avaient déjà dîné et regardaient la télévision au salon, tandis que Nadjette s'affairait dans la cuisine.
- Ah ! te voilà enfin ! Il n'est pas très tôt, tu sais '
Farid se débarrasse de son blouson et tire une chaise devant la table.
- Tu veux dîner '
Il secoue la tête :
- Non. Je n'ai pas très faim. Un verre de lait suffira.
Nadjette prend une bouteille de lait du frigidaire, et remplit un verre qu'elle dépose devant son mari.
- Où étais-tu donc passé, Farid '
- Moi ' Tu connais mes allées et venues? Boulot toujours.
- Tes missions ne se termineront donc jamais '
- Si. Quand je prendrai ma retraite. Disons dans une vingtaine d'années.
- Et moi, durant tout ce temps-là, je n'aurai qu'à compter les murs.
- Tu as les enfants. Ils t'occupent bien, non '
- Mais j'ai aussi un mari que je ne vois qu'une fois tous les dix jours. Depuis combien de temps
n'avons nous pas formé une famille, Farid ' T'en rappelles-tu
au moins '

(À SUIVRE)
Y. H.
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