Algérie

Les festivals doivent devenir un catalyseur pour la dynamique culturelle


Photo : Riad
De notre correspondant à Tizi-Ouzou
Malik Boumati

Il est très difficile, aujourd'hui, de créer une véritable dynamique culturelle dans la wilaya de Tizi-Ouzou, notamment autour des festivals que cette wilaya accueille annuellement. Le semblant de dynamique créé depuis près de dix années, résulte plutôt du vide culturel imposé auparavant à la wilaya de Tizi-Ouzou, quand la maison de la culture Mouloud Mammeri de la ville fonctionnait comme une administration incolore et inodore et d'une platitude inégalable. Depuis l'année 2003, la maison de la culture n'a eu, certes, aucun jour de répit en matière de programmation d'activités culturelles et artistiques de différentes disciplines, mais la quantité n'a jamais pu remplacer la qualité qui nécessite des conditions à réunir pour qu'elle soit effective. Et que pourraient apporter des festivals, en dehors d'une dynamique culturelle qui anime la région tout au long de l'année ' Et pour l'instant, cette dynamique répondant aux normes universelles n'est pas encore une réalité et Tizi-Ouzou doit encore se contenter des festivals comme des actions qui ne sont ni un aboutissement d'une série d'activités, ni un point de départ d'une autre série.Dans ce sens, le festival culturel arabo-africain de danse folklorique est l'exemple le plus édifiant, en termes de non-création de dynamique culturelle. Un festival haut en couleurs, certes, mais en mode «prêt-à-porter» qui n'est ni l'aboutissement ni le point de lancement d'activités devant animer la scène culturelle locale. Au mois de juillet de chaque année, cette manifestation qui accueille plusieurs troupes africaines et arabes de danse folklorique, mais aussi de différentes wilayas du pays, ne connait pas un cheminement graduel à partir d'activités qui doivent avoir lieu dans tous les quartiers et les villages, ou au moins au niveau de chaque commune. Des activités censées aboutir au festival, comme un couronnement. Entre temps, ce même festival devra aussi rayonner sur l'activité culturelle en lui assurant un prolongement qui maintiendra le contact avec le public de la wilaya de Tizi-Ouzou, en organisant des activités que le festival lui-même aura générées, comme des expositions de photos et autres documents sur le déroulement de la manifestation, ainsi que la présentation des troupes participantes, leurs pays, leurs cultures, leurs danses et les histoires racontées par leurs spectacles.Cela ne s'applique pas seulement au festival arabo-africain de danse folklorique, mais à tous les festivals que la wilaya de Tizi-Ouzou accueille annuellement, qu'ils soient organisés par les autorités publiques ou par les associations culturelles. Mais il est vrai que la création d'une dynamique culturelle à partir d'un festival n'est pas facile à atteindre dans une wilaya où le manque d'infrastructures culturelles constitue encore un handicap majeur pour l'amélioration et le développement de l'activité culturelle en général. Les différents centres culturels et maisons de jeunes de la wilaya ne sont pas exploités de façon optimale pour qu'ils deviennent des lieux de rayonnement culturel et des outils avec lesquels les différents acteurs culturels pourraient créer la dynamique dont la wilaya a besoin pour passer enfin de la quantité vers la qualité. Il faudra apprendre également, et pour les mêmes objectifs, à faire confiance à tout le mouvement associatif, notamment les associations culturelles des villages et à les encourager à s'impliquer davantage dans la préparation des festivals et même à en créer de nouveaux. Cela évitera, dans le cas du festival arabo-africain de danse folklorique par exemple, de faire participer les mêmes troupes de danse à chaque édition, puisqu'à travers la dynamique culturelle que le festival aura créée, de nouvelles troupes de danse vont naître et leur nombre va se multiplier. Au grand bonheur du public qui aura une large panoplie de troupes et d'activités culturelles et artistiques de toutes les disciplines. Un public qui ne profite pas encore de cette dynamique tant souhaitée, mais qui garde l'espoir de la vivre quand les projets d'infrastructures culturelles auront abouti. A ce moment-là, les responsables du secteur et les différents acteurs culturels intervenant dans l'organisation des festivals pourraient peut-être améliorer leurs actions dans le sens de la création d'une véritable dynamique culturelle qui fera de Tizi-Ouzou un centre de rayonnement. Car il ne s'agira pas du principe d'organiser un festival entre deux festivals, mais de faire en sorte que les festivals à organiser soient des matrices pour la création de dynamiques culturelles.


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