Les ferrailleurs écrivent à Bouteflika

Les 118 ferrailleurs de Guettar El-Aïch ont adressé une lettre ouverte au président de la République, lui demandant d'intervenir auprès des responsables locaux qui ont décidé de les délocaliser à «Douames», dans la commune de Aïn Abid. Dans leur correspondance au chef de l'Etat, les ferrailleurs expliquent que pendant la période coloniale, ils exerçaient leur activité dans différents endroits de la ville, et trois années après l'indépendance, les responsables de l'époque ont créé une zone d'activité regroupant tous les ferrailleurs de la ville à El-Guemmas. En 1977, il a été décidé de domicilier les marchands de ferraille à Guettar El-Aïch. Cette opération ne s'est pas faite facilement et il a fallu une année de tractations avec les responsables locaux pour que cette délocalisation soit la dernière. Les rédacteurs du courrier ont rappelé que le transfert de leur activité ne s'est pas fait facilement, en dépit de l'aide matérielle des responsables locaux notamment en matériaux de construction pour la réalisation de leurs stands. Il a fallu 4 longues années pour achever l'opération de délocalisation et les conditions qu'offrait le nouveau site les ont grandement pénalisés en raison de sa situation enclavée et de l'absence des conditions élémentaires pour l'exercice de leur activité. La période d'adaptation et de reconquête de la clientèle s'est faite durant près de 6 ans et a permis la création d'un véritable pôle commercial caractérisé par des conditions de sécurité, soutiennent-ils encore. Sur la dernière décision du wali de Constantine de les déloger une nouvelle fois et vers un site « plus isolé que le premier » à savoir « Douames », les ferrailleurs estiment que cette mesure les a surpris et que le choix est inapproprié en raison de sa proximité à une zone de carrières et de décharges, ce qui peut avoir des effets négatifs sur la santé des concernés. A cela s'ajoute l'impossibilité d'accéder au site sans traverser une zone d'habitations. Sachant que l'activité de ferrailleurs nécessite l'usage d'engins et de camions à gros tonnage, les désagréments que peut causer leur passage ne peut être que préjudiciable. Par ailleurs, les ferrailleurs estiment que si cette décision de délocalisation venait à être menée, ce sont plusieurs familles qui se retrouveront sans revenus. Pour rappel, la décision de la wilaya qui devait être appliquée à partir du 15 mars dernier a été suivie d'un niet catégorique de la part des ferrailleurs. Pour les contraindre à abdiquer, le wali de Constantine a décidé de geler toute activité commerciale dans l'actuel site et le recours à la force publique pour matérialiser la décision de délocalisation. Une décision qui n'a pas été suivie d'effet. Les ferrailleurs ont eux campé sur leur position initiale à savoir rester à Guettar El-Aïch. Le responsable de l'exécutif de la wilaya a déclaré que « dans le cas où les concernés n'obtempèrent pas aux conditions édictées en cinq points du processus de délocalisation du site de la ferraille, la force publique, tous corps confondus, sera mandatée pour rendre effective l'exécution de la décision définitive des autorités ».