Algérie

Les femmes «premières victimes» du Printemps arabe Colloque d'El Khabar



Le Printemps arabe a-t-il trahi les femmes ' En première ligne, tout au long des manifestations qui ont abouti à un changement de régime en Tunisie et en Egypte, elles subissent aujourd'hui le «retour de bâton».
Le quotidien El Khabar a organisé, hier, à la faculté des sciences politiques d'Alger un colloque ayant pour thème «Les femmes et le Printemps arabe». Des femmes et militantes ont ainsi été invitées à exposer la situation de leurs pays respectifs : Raja Ben Slama, psychanalyste tunisienne, professeur à l'université de Tunis, l'Egyptienne Marry Danial, activiste politique, la Syrienne Lama Tayara, femme de média et de critique cinématographique, ainsi que Samia Belkadi, journaliste algérienne au quotidien El Khabar. La modératrice du débat était la linguiste et professeur Khaoula Taleb Ibrahimi. Les intervenantes tiennent, tout d'abord, à réfuter le concept de «printemps». Elles préfèrent ainsi parler de «révolutions et de contre-révolutions» qui sont toujours en cours.
Ces «mouvements», en dépit de leurs différences, se rejoignent en une grande ligne : la femme. Elles ont ainsi été les premières «victimes» de ces bouleversements. Au Caire, la répression contre la gent féminine, (agression sexuelle, tests de virginité et autres sévices), s'est ainsi manifestée au début même de la révolution de la place Tahrir. En Syrie, le violent conflit, qui perdure, touche durement les femmes dans leur citoyenneté et dans leur féminité. «Elles se retrouvent sans hommes, puisqu'ils sont tous partis, mobilisés ou morts, et sont exposées à tous les dangers», relate Mme Tayara. En Tunisie la «condition féminine» s'est retrouvée prise en otage par des islamistes arrivés au sommet de l'Etat. «Une fois au pouvoir, ils se sont rendus compte qu'ils n'avaient aucun programme sérieux.
Alors ils se sont tournés vers la gent féminine», ironise Raja Ben Slama. Puis, plus sérieuse, elle avoue ne pas comprendre cette politique, et ce raisonnement qui, au final, ne s'inquiète que d'une chose. «Contrôler et régenter la vie de la femme, ses libertés, ses droits et sa sexualité», déplore la psychanalyste tunisienne. «Nous savons aujourd'hui que ce ne sont pas ces révolutions contre un pouvoir qui garantiront pleinement aux femmes le respect de leurs droits, qu'elles soient Syriennes ou issues d'un autre pays du Monde arabe. Dans de nombreux pays, les citoyens ne respectent aucun des préceptes de l'islam. Sauf, évidemment, lorsqu'il s'agit des 'traditions' rétrogrades qui maintiennent la soumission de la femme», insiste Lama Tayara.
«Révolutionner les mentalités archaïques»
«Dès lors, ce qu'il faut, c'est une révolution contre cette société rétrograde et discriminatoire envers le sexe féminin», conclut-elle. Même son de cloche pour l'Algérienne. «Il y a de nombreuses discriminations envers les femmes. Pourtant des lois existent, mais qui doivent évidemment être améliorées. Mais ces discriminations viennent et sont perpétuées par la société, les citoyens, hommes et femmes. Ce qui doit être changé, ce sont donc les mentalités archaïques», affirme la journaliste Samia Belkadi. Pourtant, les révolutions et contre-révolutions, qui ont ébranlé les sociétés, et en dépit des nombreuses menaces qu'elles font peser sur les femmes, sont aussi à leur profit. Car dans ces situations où aucun relâchement n'est permis, aucune trêve ne devant être concédée, et ce, au risque de voir les acquis confisqués, les femmes se doivent d'être omniprésentes. «Cela se fait à notre profit, car les femmes sont dans la rue», se réjouit la Tunisienne.
Elles manifestent, elles occupent les espaces publics, elles osent dire tout haut, ce que l'on voudrait qu'elles cachent. Et cette mobilisation a porté ses fruits, en Tunisie par exemple. «La Constitution ne sera pas basée sur la charia, contrairement à ce qui était réclamé par les conservateurs. De même, les acquis du statut personnel ne seront pas remis en question, en perpétuant l'égalité entre femmes et hommes, et non la complémentarité», explique Mme Ben Slama. De même, en Syrie, «aujourd'hui les Syriens ont pris conscience de la valeur de la femme et que rien ne se fera sans elles».


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