Algérie

Les femmes en première ligne



"Femmes en première ligne contre la Covid-19" était le thème principal de la rencontre abritée hier par l'Institut Cervantès d'Oran en présence de cinq femmes issues du monde médical, chacune dans sa spécialité. Dans sa prise de parole, la directrice de l'Institut espagnol, Inmaculada Jiménez, a évoqué la résilience de la femme durant cette période et le fardeau disproportionné qu'elle a porté, rappelant le rapport de l'OMS qui met en évidence le rôle central joué par la femme, particulièrement en Afrique, lors de cette pandémie.Invitée à se prononcer sur cette question, la Pre Chafika Manouni, chef de service d'hépato-gastro-entérologie de l'EHU Oran, a indiqué qu'avant cette pandémie, les femmes avaient déjà combattu un autre virus lors de la décennie noire. Elle est revenue sur les premiers moments de la crise sanitaire qui a touché Oran et les premiers décès enregistrés à l'EHU dès le 18 mars 2020.
"On a vu que la pandémie de Covid-19 est passée par plusieurs ordonnances ministérielles auxquelles il fallait se conformer", a-t-elle dit, expliquant qu'elle a heurté la psychologie du patient. "Au début, c'était la peur, puis à son admission à l'hôpital, c'était la coupure avec le monde extérieur et la crainte de ne plus être accepté lorsqu'il sort à l'extérieur, appréhendant la réaction de sa famille".
Elle a ajouté que "le virus a chamboulé la vie des malades que ce soit sur le plan familial, professionnel et même personnel". Chafika Manouni a remarqué que durant cette crise, la femme "a toujours été là, à trop prendre sur elle, même quand elle est fatiguée". Pour Radia Zerhouni, à la tête d'un laboratoire d'analyses privé, la participation de ses pairs au diagnostic a aidé le secteur hospitalier débordé par le dépistage.
Elle a reconnu que cette expérience "était assez stressante et lourde avec l'obligation de rendre les résultats des analyses le plus rapidement possible, surtout pour les personnes âgées pour la suite de leurs traitements". Mme Zerhouni a également ajouté que les femmes ont été bilantées autant que les hommes et que l'inquiétude était pareille. Dans son intervention, Chemlal Zaza, pharmacienne d'officine, a souligné que son travail était plutôt tourné vers la prévention et la sensibilisation : "Nous étions disponibles pour aider la population et la fournir en masques, et gratuitement pour beaucoup de pharmacies.
" Bannaceur Wahiba, psychologue clinicienne aux urgences médico-chirurgicales du CHU Oran, a, pour sa part, indiqué que "cette crise est sans précédent" et qu'elle a modifié les relations et les rituels de la vie quotidienne "que ce soit dans l'espace de travail, à l'extérieur ou à domicile". Elle a estimé que le plus difficile à supporter pour tout le monde, y compris pour les professionnels de la santé, c'est cette incertitude qui entoure ce chaos.
"On ne savait pas et on ne sait pas encore quand cette crise prendra fin", a-t-elle précisé en parlant de "peur paroxystique, une peur normative", et de résilience, soit "cette capacité à rebondir qui est différente d'une personne à une autre en prenant compte de son histoire personnelle, de ses mécanismes de défense, de ses ressources familiales et professionnelles". Elle a également évoqué le comportement des femmes devant cette maladie qui allait au-delà de leur propre santé, se souciant davantage du bien-être de leurs familles sur tous les plans.

SAïD OUSSAD


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