Algérie

"Les fédérations sont libres de limiter ou pas le nombre de joueurs étrangers"



Mohamed Mecherara juge nécessaire de "mettre en place une batterie d'articles de lois pour légiférer sur cette question, surtout en ce qui concerne les litiges qui peuvent survenir".Liberté : M. Mecherara, la FAF s'est plainte au niveau de la FIFA à propos de la décision de la Tunisie de considérer les joueurs nord-africains comme locaux. C'est une manière de limiter l'exode des joueurs algériens vers la Tunisie, suite aux protestations des clubs de la Ligue 1. La haute instance fédérale est-elle dans ses droits '
Mohamed Mecherara : Chaque fédération ou association sportive peut se plaindre au niveau de la fédération internationale de football (FIFA) pour contester telle ou telle pratique. Là ce n'est pas un problème. J'ai été très enthousiasmé en apprenant la nouvelle de l'éventualité de la libre circulation des joueurs nord-africains au sein des pays de l'UNAF.
C'est pour moi une excellente idée, mais il faut arrêter toute une batterie d'articles de lois pour légiférer sur cette question, surtout en ce qui concerne les litiges qui peuvent survenir. La Tunisie est le premier pays à appliquer ce principe au mois de décembre 2018.
À vrai dire, la fédération tunisienne de football ne limite pas le nombre de joueurs maghrébins dans son championnat, car chaque association sportive a le droit de prendre la décision qu'elle veut en matière de recrutements de joueurs maghrébins et autres. En Europe par exemple, il n'existe aucune limite après la promulgation de la loi Bosman. Il n'y a aucune loi au niveau de la FIFA qui limite le nombre de joueurs étrangers. Je ne vois pas où est le problème.
Cette plainte de la FAF a pour objectif de protéger le championnat algérien eu égard au nombre de joueurs partis monnayer leur talent en Tunisie. Elle est aussi interprétée comme discriminatoire?
Qu'est-ce qu'elle a fait la FIFA lorsque la FAF avait pris la décision d'interdire le recrutement de joueurs étrangers ' C'est pour vous dire que les transferts des joueurs algériens en Tunisie sont légaux, dans la mesure où le certificat international de transfert est délivré le plus normalement du monde, conformément à la réglementation en vigueur. Par conséquent, il n'existe aucun litige.
Souvenez-vous de l'affaire Belaïli avec l'Espérance de Tunis. Le joueur en question a décidé de revenir en Algérie en signant à l'USMA. L'EST a voulu bloquer son transfert sous prétexte qu'il n'a pas signé sa lettre de démission. À l'époque, les Tunisiens avaient refusé catégoriquement de lui délivrer le certificat de transfert international.
Mais la FIFA lui avait accordé temporairement ce fameux document en attendant les aboutissements de son enquête. Finalement, Belaïli avait obtenu gain de cause. Maintenant pourquoi les clubs algériens protestent alors que la plupart d'entre eux laissent partir leurs joueurs en Tunisie, sachant qu'ils sont encore sous contrat ' C'est simple : les présidents n'ont qu'à s'opposer catégoriquement à leur départ tout en privilégiant d'autres destinations. Mais on ne peut jamais imposer une limite au nombre de joueurs étrangers, maghrébins ou autres, dans le championnat tunisien pour n'importe quel motif.
Vous savez, le Brésil est le premier exportateur au monde de joueurs avec 1615 éléments, suivi de la France. Ils sont partout dans le monde. C'est ça le professionnalisme. À une certaine époque, Arsenal composait avec un effectif totalement étranger, et regardez maintenant le Paris Saint-Germain. Un simple coup d'?il sur les effectifs composés lors d'une journée de championnat en Europe nous renseigne que plus de la moitié des éléments sont étrangers. D'ailleurs, il y a une dizaine d'années, la FIFA a émis le v?u d'instaurer une règle imposant un quota de joueurs nationaux dans les équipes européennes.

Et ce souhait s'est-il concrétisé '
Avant, il faut savoir que l'objectif étant de restaurer l'identité nationale des clubs, de garantir l'équilibre des compétitions et leur attractivité. Cette règle dite du "6+5" vise en effet à aligner au minimum six joueurs nationaux et au maximum cinq joueurs étrangers dans une équipe débutant une rencontre.
On ne peut dès lors que comprendre la réaction du Parlement européen qui s'est prononcé contre cette formule dans une résolution adoptée, considérant qu'une telle règle créerait des discriminations fondées sur la nationalité. D'ailleurs, l'Europe n'impose aucune limite aux joueurs africains, et ce, conformément au traité international entre les pays d'Afrique (sub-saharienne), des Caraïbes (à l'exception de Cuba) et du Pacifique.
À ce titre, les joueurs africains, algériens notamment, ne peuvent être soumis à la limitation de quotas dans le championnat européen, à condition bien sûr de justifier une sélection nationale. C'est le cas en France, en Espagne et d'autres pays.


Entretien réalisé par : Nazim T.


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