Autant la
première phase de la Coupe du monde a offert de surprises, autant ce début de
seconde phase a imposé un respect strict de la hiérarchie traditionnelle du
monde du football. Les huitièmes de finales ont donc rétabli la domination des
valeurs sûres, avec un retour des gros bras traditionnels de la compétition.
Aucun élément de surprise n'a pu se manifester, et le hasard a été banni. Les
principaux favoris sont bien présents, montrant leurs muscles et affichant
clairement leurs prétentions. La France et l'Italie ont été les principales
victimes du premier tour. La première a payé les erreurs de son entraîneur, la
faiblesse de son collectif, mais surtout le coup d'Etat monté en sous-main par
les grands clubs professionnels, qui ont parfaitement utilisé le poids
médiatique de la génération qui a remporté la Coupe du monde 1998 pour prendre
le pouvoir au sein du football français. Curieusement, la France apparaissait
comme un pays en retard par rapport aux autres grands pays européens : le
football y était encore géré par un amateur, et l'argent n'était pas encore la
valeur fondamentale dominant ce sport. Le football amateur restait largement
répandu, et bénéficiait de mannes financières importantes. Depuis l'avènement
de Nicolas Sarkozy, cette situation était devenue franchement anachronique.
Elle ne pouvait plus durer. L'Italie a, quant à elle, vécu un phénomène
classique après une grande victoire. Elle ne s'est pas remise en cause, pensant
que les héros d'hier pouvaient constituer une force éternelle. Le résultat a
été implacable : le héros de 2006, Canavarro, élu footballeur de l'année après
la victoire de l'Italie en Coupe du monde, a été le joueur le plus faible de
l'équipe en 2010.
Une fois la France et l'Italie sorties de la
compétition, les choses sont revenues à la normale. Aucun des autres favoris
n'a flanché. Brésil, Allemagne, Argentine et Espagne ont été au rendez-vous.
Ces quatre équipes se sont montrées impressionnantes, montrant qu'elles étaient
un cran au-dessus. Elles ont clairement marqué leur territoire. Elles ont
imposé leur rythme, leur jeu et leur force à des adversaires parfois brillants,
mais incapables de rivaliser avec elles. Ce fut le cas du Chili, par exemple,
qui a aligné une équipe flamboyante, mais qui ne pouvait supporter la
comparaison avec le Brésil. Faut-il se plaindre de ce retour en force des
grandes équipes ? Oui, disent les uns, car cette évolution élimine le facteur
surprise, qui constitue l'un des principaux attraits du football. En outre,
face à ces géants, toutes les autres équipes jouent pour ne pas perdre, ou pour
limiter les dégâts, ce qui enlève au jeu sa fantaisie et son aspect
spectaculaire. Mais d'un autre côté, on peut se réjouir de la présence des gros
bras dans cette ultime phase de la Coupe du monde. Car cela signifie que les meilleures
équipes du monde sont au rendez-vous, qu'on va retrouver les grands
entraîneurs, les grands joueurs et les grandes équipes, ce qui constitue la
première garantie d'un bon spectacle. Bien que la supériorité de ces équipes
réside en premier dans le réservoir de joueurs dont elles disposent, on ne peut
occulter le travail et l'organisation qui font leur force.
Contrairement à
d'autres, ces pays ont réussi à préserver leur équipe nationale qui n'a pas été
avalée par les ambitions de leurs grands clubs. En outre, Messi et David Villa
sont, certes, de grands joueurs, mais leur carrière doit autant à leur talent
qu'au système qui leur permet de s'entraîner, de progresser et de briller. A
l'inverse de Drogba, Eto'o et Rooney, qui ont raté leur Coupe du monde parce
qu'ils évoluent dans des systèmes différents. Soit ils vivotent dans des
systèmes fragiles, soit leur équipe nationale est reléguée au second plan par
le système imposé par les clubs. Et l'Algérie dans tout ça ? Elle n'a été ni
une révélation, ni une déception. Une équipe sans âme. A l'image de son
entraîneur.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abed Charef
Source : www.lequotidien-oran.com