Algérie

Les faux espoirs d'une intervention étrangère au Mali Groupes armés au Nord, groupuscules politiques à Bamako


Les faux espoirs d'une intervention étrangère au Mali                                    Groupes armés au Nord, groupuscules politiques à Bamako
Reportées à plusieurs reprises depuis août dernier, les assises nationales qui devaient confectionner un cadre pour la transition politique au Mali se tiendront finalement les 11, 12 et 13 décembre prochain à Bamako. L'annonce de ce report a été faite dimanche à travers un communiqué de la présidence de la République malienne. Prévues une ultime fois pour les 26, 27 et 28 novembre, il semblerait que le chef de l'Etat malien n'avait pas d'autre choix que de les différer, en raison du boycott que faisait peser sur elles un certain nombre d'acteurs politiques maliens, très divisés sur la question.C'est le propre d'une classe politique éclatée et caractérisée par les dérives groupusculaires de vivre au rythme des dissensions et des désaccords. Mais dans le cas présent, il ne fait pas l'ombre d'un doute que c'est le risque (sic) de voir aboutir rapidement l'idée d'une réinsertion dans le jeu politique les deux groupes rebelles du Nord, Mnla et Ansar Eddine, qui a provoqué ce report. En effet, depuis quelques jours déjà, les partisans de l'option militaire, avec intervention d'une force étrangère, n'arrêtaient pas de donner de la voix. Objet de leur colère : les progrès significatifs enregistrés par les médiations, notamment algérienne et burkinabé, entreprises pour découpler les mouvements rebelles touaregs des groupes islamistes terroristes d'Aqmi et du Mujao qui occupent depuis avril 2012 les trois villes importantes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou. Pour le Mnla historique, l'affaire est entendue dès la première approche. Non seulement, il est prêt à s'asseoir à une table des négociations avec le gouvernement de Bamako, mais il se déclare mobilisé sur le terrain pour livrer une lutte sans merci aux islamistes qui terrorisent la population. Reste la question de son renoncement à sa revendication d'autonomie, exigence de certains partis politiques maliens et qui n'a en réalité d'autre objectif que de l'exclure du dialogue. Il est permis de penser qu'en politique, la négociation est d'abord un processus mené sur la base d'accords et de concessions. Le principe d'autonomie, défendu par le Mnla, n'est en aucun cas un facteur de blocage et s'il pose des problèmes, la réponse ne présente pas de caractère urgent. Pour ce qui est d'Ansar Eddine, dirigé par un historique du Mnla, le groupe se revendique toujours de l'islamisme, mais il a fait un premier pas significatif, d'abord en renonçant officiellement à son projet d'appliquer la charia sur l'ensemble du territoire malien, ensuite en s'engageant dans une démarche d'éloignement timide mais progressive, de ses alliés d'Aqmi et du Mujao avec lesquels il a investi les villes qu'il occupe actuellement. Ceux qui font preuve d'un empressement douteux à Bamako quant à ce découplage des Touareg qui mènent un combat politique des islamistes étrangers à la région ne peuvent donc cacher leur jeu. Aiguillonnés pour beaucoup d'entre eux par les putschistes du 22 mars, ils fondent tous leurs espoirs dans une intervention militaire étrangère dont ils surestiment et les capacités et les résultats. En fait, leur objectif est double : libérer le Nord de la présence islamiste, mais , par la même occasion, brider pour longtemps des mouvements comme le Mnla et Ansar Eddine qui, eux, sont parfaitement en mesure de jouer un rôle politique. Ce qu'ils ont, du reste, prouvé par le passé comme l'atteste la série d'accords qu'ils avaient signés avec le pouvoir central. C'est ce qui s'appelle faire d'une pierre deux coups. Sauf que la réalisation de leurs objectifs est entièrement tributaire de l'étranger, qu'ils harcèlent pour hâter l'intervention militaire, et ne repose sur aucune capacité intrinsèque, encore moins une armée qui, au printemps dernier, a fui lamentablement le Nord, le livrant sans opposition aux islamistes armés. Sans compter que cette attitude qui consiste à tout attendre de l'étranger est une grave négation de l'esprit nationaliste et patriotique dont ils aiment se prévaloir.Pourtant Romano Prodi l'a dit, la semaine dernière : une intervention militaire n'est pas possible avant septembre. L'émissaire de l'ONU pour le Mali, qui a bien pris la température dans la région, a redit également la nécessité absolue de privilégier la solution politique et de n'envisager l'option militaire qu'en dernier recours. C'est la position toujours défendue par l'Algérie (1 400 km de frontière avec le Mali), mais également par la Mauritanie (2 400 km) dont le président s'est montré sceptique quant à une issue militaire.
A. S.
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