A deux ans de
l'échéance du plan «Maroc Numeric 2013», une étude
analytique, intitulée «e-Gov et accès à l'information
au Maroc», réalisée par Rachid Jankari de Jankari Consulting (www.jankari-consulting.com), pointe du
doigt les principales faiblesses de la démarche e-gouvernement.
L'analyse de 12 indicateurs conclut à une «gestion chaotique du domaine ".gov.ma"» laissé «à la merci des pirates et des
hackers», manque d'information, «déficit de notoriété et de lisibilité» et
«sans avantages numériques».
Publiée le 22
octobre 2011, la radioscopie de Jankari Consulting a
pour objectif de «mesurer, d'une manière qualitative, la visibilité et la
lisibilité en ligne de l'information, des démarches à effectuer et des droits
et des obligations des citoyens et des entreprises». Les conclusions de l'étude
se basent sur une «analyse sélective» du contenu et des formes des sites
institutionnels opérationnels au Maroc.
Dans le volet
consacré au nom de domaine ".gov.ma", l'étude
constate «l'absence d'une gestion rigoureuse de l'extension du domaine
gouvernemental. Théoriquement réservé exclusivement à l'administration
gouvernementale, le domaine ".gov" au Maroc
est à la portée de tout le monde. Ainsi, selon l'analyse, il existe «plus de 550
noms de domaine ".gov.ma"» dont «76 ont été
octroyés à des particuliers et des entreprises privées».
En matière de
sécurité, «l'analyse des sites e-gov au Maroc fait
ressortir une vulnérabilité à grande échelle des sites publics» et
gouvernementaux «à la merci d'attaque de hackers nationaux et internationaux».
Selon Rachid Jankari, cette situation «renforce la méfiance des citoyens
et des entreprises quant à la capacité des pouvoirs publics à sécuriser et
protéger les données privées et bancaires» et du «paiement en ligne».
Un rating qui
s'améliore… au-delà de la 100e place
Un autre volet exploré
par l'étude est consacré aux performances du Maroc dans le dernier classement
mondial de l'indice des Nations Unies (ONU) sur le "e-government"
intitulé "2010 UN Global E-Government readiness survey". Classé 126e
sur 192 pays, avec «14 places de gagnées par rapport au classement de 2008», le
Maroc reste néanmoins «devancé à l'échelle arabe et maghrébine, par : la Tunisie (66ème), Oman (82ème),
l'Egypte (86ème), le Liban (93ème) ou encore la Libye (114ème)», constate
l'étude.
L'analyse relève
également une «hétérogénéité des sites gouvernementaux». Il est constaté
«l'absence d'un schéma directeur des sites web gouvernementaux et des services
en ligne», l'inexistence «d'une politique cohérente au niveau de la sémantique
des noms des sites et des noms de rubriques», et le non respect du «principe de
nommage .gov.ma» par tous
les sites publics.
Cette situation
conduit à une «faiblesse du référencement des sites sur internet»
et a pour conséquence de rendre difficile d'identification du «site public
approprié», ajoute l'étude.
Pour ce qui est de
l'accessibilité de l'information institutionnelle au grand public, l'étude
estime qu'il existe une «barrière à l'entrée pour les citoyens» du fait que la
«majorité des sites e-gov en ligne sont en langue
française».
«Un choix
linguistique qui pénalise les internautes mono-langue»
et «l'absence de politique linguistique .gov.ma (qui)
sanctionne l'accès au grand public aux ressources/services/informations
gouvernementales», ajoute Rachid Jankari. Ce choix
linguistique induit également un «déficit de diplomatie numérique» en raison de
la «faiblesse du contenu en anglais et en espagnol» des sites gouvernementaux
marocains. Encore faut-il que ces sites soient mis à jour régulièrement, ce qui
est loin d'être le cas, comme le constate l'étude. «Les sites egov marocains n'offrent pas des garanties de fiabilité des
informations : redondance et absence de mise à jour», lit-on dans le document
qui relève, dans le même chapitre, «fréquence élevée des liens morts : erreur 404»,
avec quelques exemples à l'appui.
«Un e-gov sans avantages numériques»
De manière générale,
il est constaté «une disponibilité parcellaire et fragmentée des informations
publiques» et que «seuls quelques sites mettent en ligne un organigramme bien
que non actualisé, des documents d'intérêt public mais anciens, et des
documents servant à la prise de décision qui ne sont plus d'actualité».
L'étude relève
également une «faiblesse des services» de paiement en ligne offerts aux
citoyens et aux entreprises. Le document cite quatre cas de «services
transactionnels», notamment celui de la Trésorerie générale du Royaume pour le paiement
en ligne des taxes locales (d'habitation, des services communaux et de la taxe
professionnelle), de l'Office Marocain de la Propriété Industrielle
et Commerciale (OMPIC) qui permet «le paiement via abonnement ou carte
bancaire», de la Caisse
nationale de sécurité sociale (CNSS) qui offre des services de télé-déclaration et de télépaiement des cotisations
sociales, et des télé-services de la Direction générale des
impôts destinés aux grandes entreprises de Rabat et de Casablanca.
Dans le chapitre
«interactivité», l'étude relève qu'un fonctionnement en «boîte noire» des sites
Web de l'administration publique. «Les sites offrent des formulaires de contact
ou e-mail, mais rien ne garantit à l'internaute ni le délai de traitement ni
celui de réponse». «Très peu d'administrations, ex Douane, offrent la
possibilité de poser des questions via e-mail ou de communiquer avec des
fonctionnaires», lit-on dans le onzième point de cette analyse.
L'étude conclut
sur «l'absence d'avantage numérique pour encourager les citoyens à accomplir
les démarches administratives en ligne y compris celles qui exigent le paiement
en ligne».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com