Le site du Bardo est, avec ceux du palais de Carthage et du Premier ministère dans La Casbah, le plus sécurisé de la capitale tunisienne. Barrages fixes, contrôles divers, patrouilles et présence policière permanente sont le quotidien des riverains. Pourtant, c'est avec une facilité déconcertante que les deux terroristes ont réussi à s'y rendre et tuer 20 personnes.Les images en direct de l'évacuation des otages ont montré à quel point les services de sécurité étaient mal préparés à faire face à un siège urbain. Si les forces spéciales de la Garde nationale et de la Police ont fait montre d'un grand professionnalisme, les autres corps présents sur place ? Police, BOP, Garde nationale ? ont failli dans leur première intervention, puis dans l'installation d'un périmètre de sécurité. Ils ont offert une image terrible à l'opinion publique internationale.Equipements désuets, airs hagards et en panique, les policiers ont eu beaucoup de mal à contenir les caméras de télévision qui diffusaient en direct les images du dispositif, ou encore les micro-bloggeurs qui diffusaient un flot d'informations continu sur les réseaux sociaux. Le fait que les autorités n'aient pas brouillé les communications téléphoniques est un aveu d'échec dans la préparation à ce genre d'attaque. Si la Tunisie peine à contenir le terrorisme depuis bientôt trois ans, c'est qu'elle affronte des difficultés à la fois internes et externes.IndigenceEn 23 ans de règne, le président Ben Ali avait privilégié le renforcement de la police à celui de l'armée, à tel point que l'effectif pléthorique de la police représentait pratiquement le triple de celui de l'armée. Sa chute avait entraîné le divorce total des populations avec les forces de sécurité et une déstructuration des effectifs et des capacités de récolte d'informations sur le terrain.L'indigence de l'armée, autre héritage du Benalisme, a indirectement favorisé l'installation d'un «maquis» insurrectionnel paramilitaire dans le croissant, allant des frontières avec la Libye à la zone du mont Chaâmbi en passant par le Djerid. L'absence d'équipements de surveillance, mais surtout de bombardement a laissé les moyens spéciaux (USGN et BAT) livrés à eux-mêmes face à des terroristes renforcés par l'afflux d'éléments d'AQMI qui fuyaient l'étau sécuritaire en Algérie et par l'arsenal de l'ancienne armée libyenne laissé à l'abandon après la chute d'El Gueddafi.C'est généralement l'armée de l'air algérienne qui bombarde les monts Chaâmbi, ce sont les éléments du génie militaire de l'ANP qui déminent les voies pendant les ratissages, et ce sont généralement les commandos de chasse des paras algériens qui traquent les terroristes. Depuis la signature d'un accord en mai dernier portant l'envoi de troupes algériennes aux frontières avec la Tunisie, la situation au mont Chaâmbi s'est stabilisée, et même si la région reste infestée de terroristes, elle n'est plus leur sanctuaire, d'autant que leurs voies d'approvisionnement ont été mises à mal par l'étau sécuritaire dans la région.Récemment, l'armée tunisienne a pu bénéficier d'aides diverses en équipements, ainsi que d'acquisitions judicieuses. En février, le constructeur d'hélicoptères américain Sikorsky confirmait la commande tunisienne de 8 hélicoptères Black Hawk. Quelques mois avant, les forces spéciales tunisiennes recevaient des transporteurs blindés antimines Kirpi de Turquie. Hier, Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, insistait sur la nécessité de renforcer les moyens de l'armée et annonçait en avoir discuté avec les autorités françaises. De son côté, le président de la Commission européenne a appelé les Etats à «examiner les moyens d'aider la Tunisie».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 20/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Akram Kharief
Source : www.elwatan.com