Algérie

Les failles



Témoignage - «Je n'arrive pas à accéder au moindre marché. Les exigences en matière de soumissions sont telles que toute tentative reste vaine» nous dira Moussa, ingénieur en génie civil, désormais entrepreneur à Tizi-ouzou.«L'Etat devrait prendre en compte cet aspect qui fait que beaucoup de bénéficiaires des avantages accordés dans le cadre de ces dispositifs ont du mal à accéder au moindre marché» dit-il, ajoutant : «Nous ne trouvons aucun interlocuteur dès l'instant que nous sommes en phase exploitation.»
Loin des chiffres et considérant la réalité du terrain, beaucoup reste à faire en termes de compétitivité et de mise à niveau de ces microentreprises.
En effet, les jeunes entrepreneurs, bien que formés et motivés dans leurs savoir-faire respectifs, accusent des faiblesses criantes en matière de «culture commerciale». À titre d'exemple, très peu d'entre eux, rencontrés au salon de l'emploi, mettent à la disposition de leurs interlocuteurs, ne serait-ce qu'une offre de service expliquant leur activité et moins de 10% d'entres-eux disposent d'un site internet pour communiquer sur leurs entreprises. «Cela engendre des coûts importants» nous dira un exposant. Ces jeunes semblent méconnaître ou délaisser cet outil commercial indispensable qu'est la communication et paraissent animés par des réflexes d' «assistanat» hérités de plusieurs décennies d'économie dirigée. Il est vrai que l'initiative privée n'a, jusqu'à une date pas si lointaine, jamais été une priorité à valoriser ni même à accompagner. C'est ainsi que beaucoup de jeunes rencontrés accusent une réelle méconnaissance des pratiques commerciales modernes, même la plus rudimentaire qui, faut-il le dire, est un domaine sujet à formation comme tout autre domaine.
Il s'agit de savoir élaborer une stratégie commerciale, cibler une clientèle, prospecter, communiquer ou même mener des négociations. Les cinq jours de formation prodigués, par notamment l'Ansej, sont-ils réellement suffisants pour permettre à ce jeune menuisier qui, bien que qualifié dans son domaine, devra, au final, faire connaître et vendre son produit fini ' Rien n'est moins sûr. En outre, beaucoup de ces nouveaux jeunes entrepreneurs souhaiteraient qu'une structure puisse permettre de connecter certaines activités «complémentaires» afin de s'organiser en groupements ou associations et faire face à certaine exigences pénalisantes, notamment en mettant en place une réglementation qui permettrait qu'une association de microentreprises puisse accéder, sous cette forme, à des marchés publics.
Mais aussi en organisant des journées de rencontres plus régulières. Mohamed, ingénieur en génie civil, nous dira : «L'Etat pourrait faire en sorte de nous faciliter l'accès, ne serait-ce qu'aux travaux de secondes ?uvres, dans un premier temps, de certains marchés publics.
Cela nous permettra d'être en contact avec des entreprises chevronnées». Il ajoutera en souriant : «Nous pouvons tout faire ! Une réglementation spécifique régissant l'accès aux marchés publics devrait accompagner ces microentreprises qui ne peuvent, dans les premières années, prétendre à satisfaire toutes les exigences d'accès à un certain type de marché. L'accès à la formation et à l'information doit suivre.»


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