Les expropriations ont coûté 500 milliards

Tipasa deviendrait avec ce port une des wilayas les plus riches du paysPlus de 200 propriétaires ont été recensés dans le cadre des enquêtes foncières réalisées au titre du projet du port d'El-Hamdania.
3,6 milliards de dollars. C'est le coût estimé du projet pharaonique du grand port d'El-Hamdania, dans la wilaya de Tipasa. La zone portuaire s'étendra à elle seule sur 200 hectares pour une superficie totale du projet de 3123 hectares. Pénétrante, ligne ferroviaire, zone industrielle, de quoi amorcer un démarrage éclair de l'activité économique dans la région. Le port sera relié à l'autoroute Est-Ouest, et dans le futur à la transsaharienne. Un mégaprojet à portée régionale. Les 200 propriétaires qui ont été identifiés dans le cadre des enquêtes foncières relatives à ce projet seront expropriés pour un montant dépassant les 500 milliards de centimes, selon les dires du wali de Tipasa, Moussa Ghelai.
Les sommes nécessaires ont été consignées au niveau du Trésor public de la wilaya de Tipasa. Même les propriétaires dépourvus d'acte de propriété seront pris en charge. Parmi ces 500 milliards, 180 milliards de centimes serviront à indemniser les propriétaires expropriés dans le cadre de la réalisation de la zone portuaire et de la pénétrante qui la reliera à l'autoroute Est-Ouest. 250 autres milliards de centimes serviront à l'indemnisation des expropriés dans le cadre de la réalisation des zones industrielles et logistiques, tandis que la somme restante servira à indemniser les propriétaires des terrains nécessaires à la réalisation de la ligne ferroviaire reliant le port à la ville d'El Affroun, dans la wilaya de Blida. Ce mégaprojet, dont la réalisation prendra 7 ans, sera financé par un crédit à long terme accordé par la Chine. Un bel effet de levier pour l'Algérie et une manoeuvre intelligente de la part de la Chine, qui finance ses entreprises en gagnant les faveurs de ses partenaires commerciaux. Le gouvernement l'a compris, et le ministre des Travaux publics et des Transports l'avait dit en Slovénie, «ce secteur est stratégique». Le développement économique est conditionné par les infrastructures disponibles. Et l'infrastructure en cours de réalisation n'est pas des moindres. La construction de ce port, ou plutôt de ce hub, fera de l'Algérie une étape incontournable pour les échanges entre l'Afrique, l'Europe et le reste du monde; et c'est ce qui lui donne sa dimension régionale.
Les prévisions de trafic via ce port feraient de lui un des 30 plus grands ports commerciaux au monde selon la direction des travaux publics (DTP). Ses spécifications techniques permettraient d'accueillir le plus grand navire de marchandises au monde, d'une capacité de 240.000 tonnes. Le port, avec ses zones industrielles et logistiques, pourrait générer jusqu'à 200.000 emplois directs et indirects, toujours selon la DTP.
Tipasa deviendrait avec ce port une des wilayas les plus riches du pays, entraînant les wilayas voisines dans son développement.
De quoi redonner de l'espoir en ces temps moroses, en attendant l'écoulement des sept années prévues avant l'achèvement de ce mégaprojet, plutôt que d'espérer dans l'incertitude un maintien des cours du pétrole à un niveau acceptable.