Algérie

Les explosions nucléaires françaises à Reggane, des crimes perpétuels



Publié par l’APS le : Lundi, 12 Février 2024

BLIDA - Des enseignants universitaires et des spécialistes en Droit international ont estimé, lors d'une rencontre organisée lundi à Blida, que les explosions nucléaires perpétrées par la France coloniale le 13 février 1960 à Reggane, dans le Sahara algérien, sont des "crimes perpétuels" dont les répercussions et effets sont toujours d’actualité, tant sur l’humain et l’animal que sur les plantes.

Les intervenants au 4e colloque de commémoration du 64e anniversaire des explosions nucléaires de Reggane, abrité par le musée du moudjahid "Djelloul Malaika" d’Ouled Yaich, ont affirmé que les répercussions de ces crimes sont toujours ressenties dans cette région devenue "zone interdite" en raison de la présence de rayons radioactifs, citant pour preuve les différentes tumeurs cancéreuses affectant la population locale, voire même les caravanes commerciales traversant la région.

Pour Abdessalam Kemmoun, enseignant à l'université d'Adrar et responsable du département d'histoire et d'archéologie, "la France a commis un crime à part entière en exploitant la technologie à des fins ignobles", relevant que les victimes de cette explosion nucléaire "ne sont pas limitées à cette seule période, mais se sont étendues à plusieurs générations".

"Comment est-il possible pour une population se nourrissant exclusivement d’aliments simples, exempts de conservateurs cancérigènes, d’être affectée, depuis ces bombardements jusqu'à nos jours, par diverses maladies graves, dont le cancer de la peau et du sang et la thyroïde chez l'enfant, outre les fausses couches enregistrées chez un grand nombre de femmes et le taux élevé des sourds, des muets et d'attardés mentaux", s’est-il interrogé pour expliquer qu’il s’agit là des conséquences directes de la radioactivité.

A son tour, l’enseignante en Droit à l'Université Ali-Lounici d’El Affroun, Sabah Merioua a souligné que les faits enregistrés à l'aube du 13 février 1960 et les autres expériences qui les ont suivis, sont considérés comme un "Crime" par le Droit international, notant que ces explosions ont, en vérité, ciblé l’humain et la nature, ce qui en fait un "crime de génocide", selon ce qui a été convenu le 11 décembre 1946 à l’Assemblée générale des Nations Unies.

"Il est triste pour nous en tant qu’Algériens, que l'opinion internationale se souvienne régulièrement des événements d'Hiroshima, de Nagasaki et de Tchernobyl, tandis que très peu sont au courant de la tragédie de Reggane et d'In Yeker", a-t-elle déploré, plaidant pour l’organisation de forums nationaux et conférences internationales pour faire connaitre ces crimes, non sujets à prescription, selon elle.

Quant à l’enseignant en histoire à l'université Ali-Lounici, et président du conseil scientifique du musée, Pr. Benyoucef Tlemçani, il a mis l'accent sur les efforts consentis par l'Etat pour assainir la région de ces rayons radioactifs, assurant que les "fonds considérables investis par l'Etat, conjugués à l’exploitation d’une haute technologie, visent à empêcher la subsistance de ces rayons, sachant qu'une période de 64.000 ans, est nécessaire pour leur dissipation de façon naturelle".

Les intervenants à cette rencontre ont appelé la France coloniale à fournir à l’Algérie les cartes topographiques de la région, pour pouvoir localiser les outils et engins empoisonnés utilisés dans ces explosions, car de nombreux citoyens ont utilisé, sans la savoir, des matériaux cancérigènes trouvés dans la nature, du zinc notamment, pour construire leurs habitations.

Une exposition sur ces explosions nucléaires et leurs impact sur la région, a été organisée en marge de cette rencontre initiée par l'association culturelle "Mohammed Bendjelloul ", en coordination avec les directions des moudjahidine, des affaires religieuses et des wakfs et l'Université "Ali Lounici"



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