Algérie

Les experts partagés sur la contribution des facilitations douanières à la réduction de la corruption


ALGER- Les avis des experts sur la contribution des facilitations douanières dans la réduction de la corruption étaient partagés mardi lors d'un atelier international sur la gestion des douanes dans les pays émergents.L'expert et ancien cadre de la Banque mondiale, Bryane Michael a estimé qu'il n'y avait pas de corrélation entre les facilitations douanières et la réduction de la corruption.
Appuyant son constat par des chiffres de la Banque mondiale, M. Michael a expliqué que des pays qui ont appliqué ce système de facilitations douanières n'ont pas pour autant réduit la corruption dans le corps des douanes.
Les facilitations douanières est un système de contrôle, moins contraignant, qui consiste à offrir des facilitations au dédouanement aux opérateurs économiques qui n'ont pas d'antécédent de fraudes pour ne pas ralentir leurs activités.
Ce système permet en réalité de mieux lutter contre la corruption et d'orienter les recherches en concentrant tous les moyens de contrôle sur les importateurs qui présentent un potentiel de fraude.M. Michael actuellement chercheur à l'université de Hong Kong a cité le cas de la Macédoine, où ce système n'a pas donné les résultats escomptés. "Si nous concentrons notre contrôle sur 100 conteneurs, en négligeant le reste cela signifie-t-il pour autant qu'on maîtrise la situation", s'est-il interrogé.
Cette approche a été contredite par plusieurs intervenants qui ont estimé que ce constat est "segmenté" car se basant sur des chiffres de la BM et non pas sur des données du terrain.
Abondant à contre sens aussi, Fouzi Mourji, de l'université de Hassan II à Rabat, a considéré que cette analyse est dénuée de tout fondement car les chiffres de la BM sont confectionnées loin de la réalité du terrain. M. Mourji explique à ce propos qu'il fallait intégrer dans toute analyse de corruption, l'environnement dans lequel évoluent les agents douaniers.
Il faut aussi "prendre en considération les intervenants dans la chaîne logistique des douanes, dont un maillon corrompu ou défaillant peut conduire à des résultats préjudiciables à l'économie même avec un contrôle généralisé et scrupuleux", a-t-il ajouté.
M. Alexey Gubin, chercheur et ancien cadre des douanes russes, appuie le constat fait par M. Mourji, en indiquant que la mesure de "la performance des douanes ne doit pas être seulement collective mais aussi individuelle".
ALGER (APS)- "Lorsque le système de mesure de performance en matière de lutte contre la corruption a été inventé, il a été question de mesurer la performance collective, ce système devrait radicalement changer en intégrant un nouveau indicateur qui est la performance individuelle de l'agent douanier", a-t-il préconisé.
Des participants à cet atelier, interrogés par l'APS ont expliqué que de M. Michael a été influencé par la vision de son pays, les Etats-Unis, de généraliser le contrôle par scanner à hauteur de 100%. Ces experts doutent également que les Etats-Unis puissent atteindre cet objectif, dicté essentiellement par des besoins de contrôler l'entrée d'armes et de drogue, selon eux.
Le DG des Douanes algériennes, Mohamed Abdou Bouderbala, a précisé à l'APS, que le contrôle généralisé des importations est irréalisable en Algérie en raison du nombre important de conteneurs qui transitent par les ports algériens.
Pour contrôler les 600 à 700 conteneurs qui transitent chaque jour par le port d'Alger, les Douanes utilisent un système de ciblage, qui prend en compte la provenance des marchandises, l'identité de l'importateur et les déclarations, en plus des renseignements sur les importations douteuses qui parviennent à ses services, a-t-il dit.
C'est toute une analyse des risques qui est enclenchée à chaque opération d'importation douteuse qui appelle automatiquement à un contrôle par scanner, a ajouté M. Bouderbala.
Le DG des Douanes a par ailleurs fait savoir que le décret portant sur le statut de l'Opérateur économique agrée est en phase de signature et qu'il sera appliqué dés sa promulgation.
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