Algérie

Les exigences sécuritaires des compagnies pétrolières se sont accrues après Tiguentourine



Les exigences sécuritaires des compagnies pétrolières se sont accrues après Tiguentourine
British Petroleum n'a pas « officiellement » saisi Sonatrach d'un report des projets d'In Amenas et In Salah mais Petrofac, société de services pétroliers et gaziers britannique a annoncé, hier, des bénéfices « modestes » en raison du report, plus long que prévu, des travaux à In Salah. L'impact de Tiguentourine est lourd.
Le ministre de l'énergie, Youcef Yousfi a « démenti » un prétendu « retrait » de la compagnie "British Petroleum" (BP). « Nous sommes en contact permanent avec toutes les compagnies » a-t-il jeudi à Tissemsilt, dans l'ouest de l'Algérie. Un démenti qui laisse perplexe, BP n'ayant pas annoncé un « retrait » mais un report de deux projets gaziers à In Amenas et In Salah. Une source non identifiée, probablement à Sonatrach, citée par l'APS, répond plus directement en indiquant que le groupe britannique n'a pas officiellement notifié à Sonatrach sa décision de reporter le lancement deux projets gaziers à In Amenas et In Salah, dans le sud de l'Algérie, prévus pour 2014. Cette source admet que le groupe britannique a formulé des exigences de sécurité « performantes pour poursuivre ses investissements dans les délais impartis". La source « proche du dossier » souligne que les britanniques ont « effectivement dit que si les conditions de sécurité ne s'amélioraient pas fondamentalement, ils pourraient retarder certains investissements", a ajouté cette source. Plus loquace que le ministre, cette source anonyme a confirmé que le groupe British Petroleum a demandé à assurer par lui-même la sécurité des sites en recourant à des sociétés de gardiennage étrangères. Une option rejetée par les autorités algériennes. "Nous sommes favorables à toute idée qui ne pourrait pas toucher notre souveraineté. Mais d'un autre côté, nous sommes conscients qu'il faut améliorer les conditions de sécurité de manière à préserver les vies humaines".
« Duty of care »
Des propos qui confirment que la sécurité est devenue un facteur aussi primordial que les aspects fiscaux dans les décisions des compagnies étrangères. Le fait que BP a fait cette demande alors qu'il connait parfaitement la sensibilité des autorités sur ces questions est le signe d'une dégradation de l'image du pays en termes de risque d'investissement. Dans l'industrie pétro-gazières expliquent des experts, les choses ont sensiblement évolué au cours des dernières années. La sécurité est désormais une priorité très élevée. Les compagnies pétrolières s'astreignent à ce qui est appelé une obligation de diligence (duty of care) à l'égard de leurs employés. C'est une obligation de prendre toutes les mesures raisonnables pour préserver la sécurité, la santé et le bien-être des employés. « Une entreprise qui a le choix entre deux projets d'égale valeur technique ne perdra pas son temps à regarder en direction du pays où les risques paraissent élevés. Cela concerne des entreprises déjà en place et qui doivent réfléchir à un investissement pour augmenter des capacités existantes. Imaginer ce qu'il en sera pour une entreprise qui envisage son premier investissement » explique un expert américain. Pour rappel, le directeur exécutif de BP, Robert Dudley a déclaré que « de bon progrès ont été fait pour nos projets de 2014 même si le calendrier de réalisation des projets à In Amenas et In Salah est en cours de réévaluation à la suite de l'incident tragique de janvier à In Amenas ». L'agence Reuters a cité une source « familière des plans de BP » expliquant le report des projets du groupe britannique par le fait que les autorités algériennes «n'ont toujours pas fait suffisamment en matière de sécurité » pour « rassurer » le groupe britannique.
La preuve par Petrofac
Signe que le « report » des projets est bien réel, Petrofac, société britannique de services pétroliers, a annoncé des bénéfices en baisse pour causer de retard des travaux. Petrofac a signé en avril 2011 un contrat de 1,1185 milliards avec la société In Salah Gas (ISG) une joint-venture Sonatrach, British Petroleum (BP) et Statoil, pour la seconde phase de développement des gisements du sud d'In Salah
« Comme indiqué dans nos résultats 2012, à la suite de l'attaque terroriste qui a eu lieu en Janvier 2013 sur le site gazier d'In Amenas, nous avons, à la demande de nos clients, évacué notre personnel des champs du sud d'In Salah pour une durée temporaire » a indiqué le Directeur Exécutif de Petrofac, Ayman Asfari,. « Nous nous attendions à reprendre les activités sur le site rapidement. Mais à la lumière de récentes discussions avec nos clients, la reprise des opérations sur le site n'aura lieu qu'au cours de la seconde moitié de 2013. Cette reprise tardive entraine un report significatif des recettes et des bénéfices de 2013 à 2014 ». Mais, précise-t-il, cela n'aura pas d'incidence sur les marges bénéficiaire attendues.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)