Algérie

Les évènements de Clichy-sous-Bois font boule de neige


Les banlieues, un no man?s land social Les violences urbaines dans les banlieues françaises renseignent d?abord sur la fracture sociale d?une « croissance à deux vitesses » dont souffrent de plus en plus diverses couches sociales frappées par la fragilisation de l?emploi, les délocalisations, etc. Le dernier indice d?une précarité rampante est donné par le Secours catholique français qui a indiqué, jeudi dernier, que la part des personnes logées à l?hôtel ou dans la rue est en augmentation constante. La situation dans les banlieues, zone d?exacerbation de la fracture sociale par excellence, résume le fossé des inégalités sociales avec, en arrière-fond, le creuset identitaire relatif à la composante humaine issue de l?immigration maghrébine et africaine. 750 « zones urbaines sensibles » (ZUS) existent en région parisienne, comme en province, et regroupent 5 millions de personnes. Le chômage touche parfois 20% de la population, le double de la moyenne nationale française. A la lumière des derniers événements, qui ne seraient qu?une série qui a commencé au début des années 1980, le concept d?« intégration » semble critiqué en France car ayant subi un échec bruyant. « Ce qui m?effraie, c?est que, au niveau de l?approche politique, on n?a pas changé d?un iota depuis 25 ans », souligne à l?AFP le père Delorme, un prêtre travaillant auprès des jeunes de la banlieue lyonnaise. Les premières émeutes avaient éclaté dès 1981, aux Minguettes, et à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, en 1990. C?est à la suite de ces événements que le président socialiste François Mitterrand avait créé un ministère de la Ville. Déjà, la construction des cités géantes dans les années 1950 et 1960, solution d?ingénierie sociale à l?industrialisation galopante, aura débouché sur la ghettoïsation de ces mêmes cités. Les solutions techniques aux problèmes sociologiques et identitaires n?ont fait que reporter l?explosion sociale, et son pendant latent, la délinquance. En 1970, sous le label d?« insécurité », s?opère pour la première fois une séparation entre le « crime » et la « peur du crime ». Si les politiques ne peuvent rien faire contre la délinquance (qui reste de la responsabilité exclusive de la police et de la justice), ils peuvent agir sur le « sentiment d?insécurité » de leurs administrés. C?est le point de départ de la spécialisation de certains élus et de la constitution de ce thème en bien politique, note le chercheur Fabien Jobard dans la revue Cultures & Conflits. Spécialité où excelle Nicolas Sarkozy, qui « droitise » son discours en promettant de « nettoyer » la « racaille » au « Karcher ». « Admettre que le creusement des inégalités et l?exclusion de certains groupes sociaux ne relèvent que d?une prise en charge policière. C?est-à-dire à accepter la doxa conservatrice qui limite les fonctions régaliennes d?un Etat au maintien de l?ordre social et subordonne l?ensemble de ses activités intellectuelles, administratives et politiques à cette fin », note Fabien Jobard. La question de l?immigration, qui imprime fortement les débats engagés, semble la plus explosive, car liée à un passé que le pays d?immigration (la France) assume mal au vu de la loi du 23 février 2005 votée par l?Assemblée nationale française et glorifiant le colonialisme. L?immigré, selon les termes de Pierre Bourdieu, suscite l?embarras. La difficulté de le penser, la vision d?une science encore empreinte du discours officiel ne font que « reproduire l?embarras que crée son inexistence encombrante », selon le sociologue. L?immigration serait, ainsi, une manière de n?être pas ici ni ailleurs, à la frontière même de l?être et du non-être social. Et cet « embarras »-là semble partagé, hérité par les générations issues de l?immigration, stigmatisées autant dans le discours ambiant que dans la pratique quotidienne du racisme ordinaire. Ce schéma des exclusions profite à tous les extrémismes, du Front national de Jean-Marie Le Pen aux fanatiques islamistes, qui retraduisent les malaises sociaux et identitaires en un frontal et violent « choc des cultures ».
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