Algérie

Les euros de la honte à Ras El Oued (Bordj Bou Arréridj)



La scène rappelle étrangement les moments forts de l?économie dirigée et les fameuses chaînes corollaires devant les CAPCS pour l?achat d?aliments de bétail, ou les galeries pour l?acquisition d?un appareil électroménager. Plus de deux décennies après, les retraités du régime français, clients de la banque d?agriculture et du développement rural (BADR) de Ras El Oued (w. de Bordj Bou Arréridj) renouent avec le même comportement que l?on croyait révolu à jamais à l?heure de la mondialisation. En effet, ils sont des centaines à observer, comme d?habitude, une file qui arrive parfois à plus de 100 mètres, et la plupart viennent des communes avoisinantes. Comme de coutume, des personnes âgées, assises à même le sol, donnent libre cours à leur bavardage, façon « d?adoucir » l?ennui de la longue attente qui excite le murmure de la foule. « des misères et des pénalisations que leur inflige une entreprise bancaire, censée recruter une hôtesse pour les accueillir avec le sourire, et les remercier de renflouer les caisses en devises », dira un passant. L?autre problème auquel sont confrontés les clients réside dans l?indisponibilité des devises, voire du dinar, une carence qui, nous dit-on, profite à certains et réduit le statut de la banque à celui de simple caisse avec les conséquences qui en découlent, entre autres l?appréhension des investisseurs, si ce n?est leur recul. Brahim, un sexagénaire, ne trouve pas les mots pour décrire son calvaire : « on vous fait boire le calice jusqu?à la lie pour retirer ces euros de la honte », commente-t-il, dépité par les va-et-vient incessants. Cependant, tenu par l?obligation de réserve, d?après ses dires, le chargé de l?intérim s?abstient de faire la moindre déclaration concernant l?amère réalité que nul ne peut contester. En attendant, les clients de la BADR devront prendre leur mal en patience, le management dans une entreprise au creux de la vague n?est qu?un vain mot.


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