Algérie

Les étudiants inquiets



Les étudiants inquiets
Quel sera notre avenir après l'élection présidentielle' Telle a été la question qui m'a été posée par mes étudiants de fin de licence et de magistère, questions ayant suscité un riche débat qui renvoie à deux hypothèses.1- L'élection présidentielle du 17 avril 2014 est passée, où, selon le Conseil constitutionnel, les électeurs inscrits ont été de 22 880 678, les votants de 11 600 984, le taux de participation 50,70% avec des bulletins nuls de 1 132 136 et des suffrages exprimés de 10 468 848. Il s'ensuit que les votants s'étant exprimés par rapport aux inscrits pour un candidat représentent 45,75% et les bulletins nuls 4,95%. Comme, au 1er janvier 2014, la population résidente totale en Algérie a atteint 38,7 millions d'habitants. Si l'on prend la fourchette que la population algérienne en âge de voter 18 ans et plus représente en moyenne 64%, nous aurons 24 768 000 votants potentiels, donc 1 880 000 environ sont non inscrits. En référence aux votants inscrits et non inscrits pour différentes raisons, les votants s'étant exprimés pour l'ensemble des candidats, le taux de participation représente 42, 26%, et pour toute la coalition présidentielle actuelle environ un tiers (33,33%). Le taux de participation de l'émigration a avoisiné 28% selon les sources officielles, par rapport aux inscrits et beaucoup moins par rapport aux votant potentiels. C'est un des taux les plus faibles pour une élection présidentielle depuis l'indépendance politique, environ 25% de moins de votants, en valeur relative, par rapport à la dernière élection législative. Aussi, après cette élection, les véritables problèmes commencent pour ceux qui auront la lourde charge de diriger la Cité. Nos étudiants à travers tout le territoire national traduisent leur inquiétude vis-à-vis de l'avenir à l'instar d'autres segments de la société. D'où l'urgence d'un discours de vérité. Que sera l'Algérie dans 20 ans et que sera son avenir avec une population qui approchera 50 millions d'habitants, où le nombre d'étudiants dépassera les 3 millions et où la demande additionnelle d'emplois dépassera 700 000/800 000/par an, en tenant compte de l'emploi féminin en croissance ' 2030, c'est demain car l'Algérie est indépendante depuis plus de 50 ans fonctionnant sur la rente des hydrocarbures à 97/98% et important 70% environ des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%, avec un dépérissement du tissu industriel, moins de 5% du produit intérieur brut, la superficie économique globale pour 83% selon l'ONS étant est représentée par le petit commerce-services et 52% de l'emploi dans la sphère informelle.2- La première hypothèse serait le statu quo actuel et des discours d'autosatisfaction, source de névrose collective déconnectée des réalités tant locales que mondiales, la généralisation de la corruption, des subventions et transferts sociaux généralisés et de continuer de dépenser sans compter, croyant que la rente des hydrocarbures est éternelle. On continuera à construire des écoles et une université par wilaya, en fait un grand lycée, des bâtiments en béton sans âme, sans se soucier de la qualité, les compétences véritables étant limitées, marginalisées avec une fuite des cerveaux des meilleurs, que l'on voile par des centaines de laboratoires vivant en vase clos déconnectées tant de l'environnement que des réseaux internationaux, et les méthodes d'enseignement du passé des années 1970 (dicter les cours, écrire au tableau et avec la craie) où les réseaux informatisés seraient faibles, voire inexistants. Avec ce faible niveau et le ralentissement économique, on formerait des diplômés chômeurs. La déperdition scolaire déjà importante actuellement entre le primaire, le secondaire et le supérieur s'accélèrerait. L'âge moyen de mes étudiants de fin d'année de licence étant d'environ 22 ans, et 25 ans pour les magistères en 2014 , ils auront alors entre 36 et 39 ans en 2030. Entre-temps ils auront pour exigences, comme tout Algérien, un emploi, un logement, se marier et avoir des enfants, et donc une demande sociale croissante. Ceux qui travaillent actuellement seront plus âgés et seront en retraite. De ce fait, il est à prévoir une forte probabilité d'épuisement des réserves de pétrole et de gaz rentables (25/30 ans), des besoins croissants et moins de devises pour importer. Dans ce cas il y aura forcément suppression du ministère des hydrocarbures et celui de la Solidarité nationale avec le risque d'implosion de la caisse de retraite, et sans de devises peu d'attrait de l'investissement productif avec la domination de l'informel et du commerce. Il s'ensuivra un chômage croissant, des tensions sociales et une instabilité politique à l'instar des pays les plus pauvres de l'Afrique subsaharienne, avec pour incidence une instabilité régionale avec le risque d'intervention de puissances étrangères.3 - Quant à la deuxième hypothèse, elle se base sur les conditions de développement de l'Algérie où on aura préparé l'après-pétrole, avec des liens inextricables entre réformes et démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. On aura révisé profondément la politique socio-économique en misant sur des segments de savoir, impliquant la réforme de l'école, pivot de tout processus de développement. On aurait une vision stratégique, une gestion rigoureuse et non des replâtrages reflet de l'instabilité juridique, du manque de cohérence et de visibilité. La corruption qui devient dramatiquement généralisable à tous les secteurs, source d'une démobilisation générale, serait alors combattue par de véritables contrepoids démocratiques et non par des organes techniques sans cohérence qui se neutralisent en fonction des rapports de force, de peu d'efficacité, dans les faits et non par des textes. Dès lors, la sphère informelle intimement liée à la logique rentière, produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l'Etat qui favorisent cette corruption, grâce à de nouveaux mécanismes de gouvernance, et non par des mesures administratives autoritaires, serait intégrée progressivement au sein de la sphère réelle. Car lorsqu'un pouvoir myope, ignorant le fonctionnement réel de sa société, veut par la force établir des lois et règlements qui ne correspondent pas à la situation anthropologique, historique et économique des segments majoritaires de la société, enfantent leurs propres règles et codes qui lui permettent de fonctionner en dehors de ceux qu'on peut lui imposer, qui ont force de lois car reposant sur un contrat de confiance. Le développement se fonderait sur les piliers du développement du XXIe siècle, la confiance Etat-citoyens, l'Etat de droit, la revalorisation du savoir et une nouvelle gouvernance par la réhabilitation du management stratégique de l'entreprise et des institutions. Le dialogue politique, économique et social par la tolérance, évitant la concentration excessive du revenu national, aurait remplacé les rentes spéculatives et les décisions autoritaires bureaucratiques. On aurait mis fin au gaspillage de la rente des hydrocarbures, de ces dépenses monétaires sans se préoccuper des impacts pour une paix sociale fictive, en gardant une partie de cette rente pour les générations futures et en optimalisant le rendement des réserves de change des 86% placées actuellement à l'étranger. On aurait mis en place un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur un mix énergétique dont les énergies renouvelables, s'insérant dans le cadre d'une nouvelle politique socioéconomique basée sur les segments productifs conciliant efficacité et équité. supposant un investissement dans les filières de la connaissance pour éviter l'implosion du poste services (appel aux compétences étrangères indispensables qu'il s'agit d'intégrer intelligemment) de 2 milliards de dollars en 2000 à plus de 12 milliards de dollars fin 2013. Grâce à l'apprentissage international, on aura favorisé le pilier du développement, l'émergence de bureaux d'engineering complexes nationaux, où cohabiteront des experts de différentes spécialités algériens et étrangers, économistes, financiers, sociologues, psychologues et ingénieurs où des compétences existent mais sont éparpillées, allant vers des montages de la ressource humaine comme fait un petit pays comme le Qatar.En bref, l'Algérie a toutes les potentialités afin que cette seconde hypothèse se réalise. Pour cela, les gouvernants devront avoir une vision stratégique de l'avenir du monde, l'Algérie étant située dans une région stratégique, devant évoluer dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux dans ce monde impitoyable où toute nation qui n'avance pas recule. Dans ce cas optimiste, l'Algérie se serait adaptée aux nouvelles donnes géostratégiques mondiales dont l'espace euro-méditerranéen et arabo-africain constitue son espace naturel (l'avenir étant vers 2028/2030 le continent Afrique), et qu'elle aurait réalisé une véritable transition démocratique tenant compte de son anthropologie culturelle, en garantissant plus d'espaces de liberté. Tout un programme.... Loin de toute autosatisfaction, source de névrose collective et toute sinistrose gratuite versant dans la critique négative espérons pour l'Algérie un devenir meilleur.A. M.NomAdresse email




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