Algérie

Les étudiants en architecture à la découverte du vieil Oran



Une trentaine d'étudiants, dont la plupart des filles, de la faculté d'architecture ont bénéficié d'une sortie sur le terrain pour découvrir le patrimoine architectural de leur ville. Cette initiative est à l'actif de quelques chercheurs dont des enseignants en génie civil de l'université Mohamed Boudiaf, l'ordre des architectes, l'association Bel Horizon et l'APC d'Oran qui a fourni une logistique à cette entreprise scientifique. Un espagnol, représentant de l'Alliance pour la coopération, a lui aussi été de la partie et a pleinement participé à la réussite de cette sortie. En plus de son côté instructif, elle a revêtu aussi le caractère d'une randonnée, notamment pour des jeunes filles qui n'oseraient jamais pointer le nez dans un tel endroit, négativement connoté. En milieu de matinée, le groupe a entamé sa visite par la Casbah, accrochée entre les Planteurs et le quartier de Sid El-Houari, qui constitue le premier noyau urbain de ce qui sera par la suite la ville. Constatant de visu l'état de délabrement et d'abandon dans lequel se trouve ce vestige historique, les visiteurs ne se sont pas empêchés de parler d'un « lieu qu'on dirait a subi des bombardements ». Mme Fazila, représentant l'ordre des architectes, prévoit d'autres sorties sur ce site chargé d'histoire, selon ses propos, en associant les prochaines fois d'autres chercheurs issus d'autres disciplines tels que les archéologues. Mais l'acquis de cette première sortie est déjà positif, puisque les encadreurs ont suffisamment développé à leur auditoire l'histoire de la casbah dont la construction remonte au moins à 902 de notre ère, les luttes que se sont livrées les différentes dynasties et tribus maghrébines pour son contrôle, et les emprunts architecturaux et urbanistiques andalous, arabes et berbères. Une doctorante expliquera que le choix de ce site n'a pas été fortuit. Elle évoquera entre autres sa proximité avec les sources d'eau que regorgeait Ras El-Aïn. Concernant les projets arrêtés dans un proche avenir, Mme Fazila envisage une campagne de volontariat pour défricher quelques carrés de cet édifice laissé jusqu'ici à l'abandon. La visite s'est poursuivie par la découverte de la première fortification qui avait servi de rempart devant les différents envahisseurs de l'antique Oran. Sur ce plan, un jeune de l'association Bel Horizon a prodigué des explications aux étudiants sur le système défensif mis en place notamment par les Mérinides quand ils avaient occupé Oran et repris par la suite par les autres maîtres de la ville, notamment les Espagnols. Les étudiants ont probablement constaté que la mer a toujours été le lieu de provenance de ces envahisseurs. Un premier bastion a été érigé pour arrêter leur avancée, fortifié par une sorte de tunnel au cas où les murs venaient à céder. Les présents ont relevé que la solidité de ce fort l'a prémuni de la détérioration, comparativement avec d'autres sites historiques de la ville. Donc, sa restauration et sa réhabilitation en site touristique ne nécessitent pas des moyens colossaux. La discussion a porté même sur le système de canalisation et de conservation de l'eau, sur les silos souterrains pour stockage des grains. Les présents se sont rendus compte que leurs connaissances de cet édifice historique demeurent toutefois sommaires et que la tâche de dévoiler tous ses secrets reste à entreprendre. Dans ce cadre, Mme Fazila souligne que l'université doit s'impliquer d'avantage dans ce type de projet et que le patrimoine architectural doit figurer en tant que discipline à part entière dans le cursus des étudiants de cette discipline. Cependant, la poursuite de la visite a été quelque peu contrariée par les restes des habitations illicites rasées lors du relogement des habitants des Planteurs effectuée l'été dernier. Juste le nettoiement du périmètre, jonché de pierres et de parpaings, nécessite de gros moyens dépassant de loin les capacités des associations ou des ONG. L'intervention des pouvoirs publics s'avère donc incontournable, selon les propos de tous les encadreurs de cette sortie. Dans cet ordre d'idées, l'on apprend que le 28 mai prochain, une rencontre regroupant des responsables de la wilaya, des élus locaux ainsi que le représentant de l'Alliance de coopération espagnole doit en principe soulever cette question. Elle doit, entre autres, définir l'apport de chacune de ces institutions dans la gigantesque oeuvre de réhabilitation et de conservation des sites historiques de la ville d'Oran, à commencer par ceux de Sid El-Houari et ses environs. Concernant la restauration, Mme Fazila estime que le facteur humain fait terriblement défaut. Elle préconise la formation, mais à grande échelle, des métiers intervenant dans la restauration. Pour elle, les expériences réalisées jusqu'ici par certaines associations sont certes encourageantes, mais loin d'être suffisantes. Encore une fois, les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité et revoir la nomenclature des formations dispensées dans les centres d'apprentissage. Le représentant de l'Alliance de coopération espagnole, membre de l'ONG Restaurateurs sans frontières, abonde dans ce sens. Il met le doigt sur le manque d'expertise. En tout cas, il a épaté les étudiants par les explications qu'il leur a fournies sur le patrimoine de leur ville, lui que son séjour à Oran remonte à quatre mois tout au plus. « J'ai beaucoup lu », se contentera-t-il de répondre. Déjà, il est sollicité par certains étudiants en préparation de leur mémoire pour l'obtention de leur diplôme. Un autre acquis de cette sortie...


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