Algérie

Les étrangers ne nous veulent pas du bien



Les étrangers ne nous veulent pas du bien
Les entreprises étrangères n'ont aucun intérêt à promouvoir les capacités locales.Le ministère de l'Industrie ne cesse, depuis une année, de promouvoir par tous les moyens ses objectifs stratégiques. Mais Mustapha Mékidèche, vice-président du Conseil national économique et social algérien, y trouve quelques lacunes.Dans un entretien à Econostrum, il estime que l'Algérie possède une politique publique affichée de substitution aux importations mais qu'il faut pour cela laisser les investisseurs privés et publics faire leur travail et les sécuriser.Il pointe du doigt les grands déficits en matière d'infrastructures énergétiques, ferroviaires et hydrauliques qui poussent les donneurs d'ordres à faire vite, donc avec des moyens étrangers qui n'ont aucun intérêt à promouvoir les capacités locales. Il juge que toutes les politiques conduites à ce jour n'ont pas produit beaucoup d'effets industrialisants. Ces indices sont parmi les raisons empêchant l'industrie algérienne privée et publique de soutenir les grands donneurs d'ordres investissant dans l'infrastructure énergétique, ferroviaire et hydraulique, afin de réduire les importations d'équipements et de services.Il cite aussi d'autres tares de l'économie de l'Algérie, comme l'absence de capacités d'engineering et d'industries de biens d'équipements ainsi que d'un tissu de sous-traitance industrielle. Il ajoute que l'industrie algérienne peut profiter de ses avantages comparatifs pour satisfaire la demande du marché intérieur et dégager une partie de sa production pour l'export, notamment les industries fortement consommatrices d'énergie telles que le ciment, l'acier et les intrants hydrocarbures, la pétrochimie et les engrais.Selon lui, il ne faudrait pas faire de ces industries un biais ou un mécanisme de transfert de la rente des hydrocarbures, notamment gazières. Cela aurait pu être le cas si, par exemple, Sonatrach n'avait pas revu à la hausse dernièrement les prix du gaz naturel de ses deux derniers clients produisant des engrais à Arzew.A propos des Hauts-Plateaux et du Sud, il existe, selon lui, un vrai problème d'équité territoriale qui ne peut être obtenue sans une politique d'aménagement équilibré du territoire, y compris dans ses composantes immatérielles, c'est-à-dire humaines. Pour l'eau et l'énergie, les infrastructures se mettent progressivement en place alors que pour les industries et services d'accompagnement, il n'y a pas encore grand chose de réalisé.Il ajoute qu'il va falloir développer la compétitivité des territoires dans le secteur des hydrocarbures et des énergies renouvelables, notamment mais pas seulement. Le grand transfert d'eau d'In Salah vers Tamanrasset à travers les gorges d'Arak est, par définition, un équipement structurant de très long terme sans lequel l'existence même de la ville de Tamanrasset pouvait être remise en cause, dit-il.A propos d'une véritable stratégie de développement industriel, il pense qu'il faut un temps pour la réflexion et un temps pour l'action. «Nous savons ce qu'il faut faire à présent par secteur et par filière. Laissons les investisseurs privés et publics faire leur travail en les sécurisant et en mettant à leur disposition les facteurs de production, notamment le foncier industriel», dit-il.Il existe, selon lui, une politique publique affichée de substitution aux importations et il convient de la mettre en oeuvre malgré la pression des lobbies internes et internationaux.




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