Algérie

Les espèces protégées menacées par les goûts culinaires asiatiques



Le porc-épic 6000 DA, le sanglier 2000 DA, le hérisson et le lièvre 500 DA, de 300 à 600 DA le chacal, la genette ou le chat sauvage, 100 DA la tortue ou la couleuvre. El Tarf. De notre bureau Telle est la mercuriale des espèces animales non domestiques fixée par les braconniers qui chassent au profit des travailleurs chinois, japonais, thaïlandais ou philippins qui construisent l'autoroute et le barrage de Bougous dans le parc national d'El Kala. Des animaux qui figurent en bonne place sur la liste des espèces protégées au même titre que le cerf de Barbarie, disparu du parc national et réfugié en Tunisie, parce qu'impitoyablement chassé et pourchassé par tous ceux qui sont en droit de porter des armes. C'est le président de l'Association de protection de l'environnement de la wilaya d'El Tarf, Bachir Ameur, qui donne l'alerte. « Les animaux sauvages ont disparu. On ne les voit plus. Même le sanglier et le chacal qui ont appris à s'approcher sans crainte des agglomérations. » On plaisantait jusqu'alors à propos des chiens et des chats errants qui devenaient rares parce qu'avidement recherchés par les personnels des entreprises japonaise et chinoise qui constituent le gros de la main-d''uvre étrangère dans la région. C'est connu, la cuisine asiatique s'accommode fort bien de la chair d'animaux sauvages et domestiques à crocs, non comestibles chez nous. Une coutume qui cependant peut nous coûter très cher, car si en Asie cette viande est le produit d'élevage, ce n'est pas le cas dans le parc où ils sont prélevés dans le milieu naturel et à ses dépens. De plus, contrairement à ce que l'on pourrait croire, leurs effectifs sont en baisse constante à cause, précisément, de la réduction de leurs habitats grignotés un peu plus tous les jours par les constructions en tous genres et les dérangements.« On nous a trompés avec l'autoroute »« Il n'est plus nécessaire de prévoir des mesures de protection de la faune pour l'autoroute, car d'ici la fin des travaux, il n'y aura plus rien », ironise B. Ameur. « Les lièvres sont capturés, parce que paralysés, par la lumière des projecteurs des engins qui travaillent même la nuit pour construire l'autoroute et on ne peut pas en vouloir réellement aux jeunes laissés-pour-compte de s'adonner à un trafic lucratif d'espèces protégées. Mais cela doit cesser dans les meilleurs délais, sinon c'est l'hécatombe dans le silence. » A propos de l'autoroute, le président de l'association d'El Tarf ajoute qu'on ne comprend pas pourquoi les travaux se déroulent de nuit dans le parc alors que ce n'est pas le cas en dehors de ses limites. « Que signifie cela ' Ils ne sont pas en retard seulement dans le parc national pour faire les 24h/24 !' » Le bruit des engins va jusqu'à déranger les populations humaines des localités voisines, comme El Frin et Khanguet Aoun qui commencent à montrer des signes d'exaspération. « On se demande encore, lance M. Ameur, ce que fait cet observatoire pour l'environnement de Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics. Il est complètement absent. » « Nous regrettons beaucoup d'avoir soutenu le projet de l'autoroute dans le parc, bien que les associations n'ont pas été du tout consultées sur la question. Nous avons cependant approuvé le passage du tronçon dans le parc, car on a dit que les travaux seraient suivis par des scientifiques, mais il n'en est rien. On nous a trompés et on s'est servi de nous. On ne nous a jamais dit qu'il y avait des propositions sérieuses de contournement par Zitouna et Hammam Sidi Trad faites par les écologistes du comité de sauvegarde du parc national. On nous a menti délibérément pour nous manipuler face à un soi-disant clan de Souk Ahras qui agissait au profit du passage de l'autoroute dans cette wilaya voisine. La proposition des écologistes permet à la fois de garder l'autoroute et le parc national et le prestige de l'Algérie. »


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