Algérie

Les EPLF seront dissoutes



Dans une note «interne et confidentielle», le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a instruit le ministre des Finances afin de diligenter «sans délais» l'inspection générale des finances pour la réalisation d'un audit de l'ensemble des EPLF en matière de biens immobiliers, mobiliers et d'avoirs financiers. La note précise que ce diagnostic qui doit être achevé avant le 30 septembre prochain, entre dans le cadre de la décision du gouvernement de dissoudre les Entreprises de promotion du logement familial (EPLF).

La même missive, également adressée au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements ainsi que le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, intime l'ordre «d'éviter de régulariser toute cession ou lotissement des terrains fonciers actuellement détenus par les EPLF».

Parallèlement à cela, le gouvernement a donné instruction au ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements afin de charger les Sociétés de gestion et des participations (SGP), détenant les EPLF dans leur portefeuille, de «procéder sous sa supervision et en associant les services du ministère de l'Habitat, aux préparatifs de dissolution de ces entreprises». Selon le document, l'opération dont sont chargées les SGP vise quatre objectifs, à savoir «présenter l'outil de production des différentes EPLF lorsqu'il existe en vue de mettre sur pied une nouvelle institution», «recenser le patrimoine foncier des EPLF pour le remettre à la disposition du domaine de l'Etat, en vue de son utilisation dans le cadre de la politique nationale de l'habitat», «identifier les avoirs et dettes financiers des EPLF pour traitement approprié dans le cadre du processus de dissolution» et enfin «maintenir l'effectif des travailleurs des EPLF, nonobstant tout processus de réduction qui serait éventuellement requis, avec les mesures légales d'accompagnement».

En outre, le ministre de l'Habitat est chargé par le chef du gouvernement de «préparer la configuration de la nouvelle entreprise appelée à prendre en charge le patrimoine des EPLF à dissoudre et concourir à la mise en oeuvre de la politique nationale de l'habitat». Enfin, la note du gouvernement demande clairement au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales afin d'informer «confidentiellement» tous les walis de cette opération et ce dans le cadre de leurs relations locales avec les EPLF en rapport avec le programme national de logement, mais aussi, poursuit-on, «à titre préventif face à toute éventuelle action de dissipation du patrimoine des EPLF à la veille de leur dissolution».

Ainsi et alors que dans le passé l'on parlait de la «restructuration» de ces entreprises publiques, la décision du gouvernement, entrée en vigueur à partir du 29 juillet dernier, a fait l'effet d'une véritable «douche froide» pour les responsables des entreprises en question. Certains PDG de ces entreprises que nous avons pu joindre hier et qui ont préféré garder l'anonymat n'ont pas caché leurs craintes des suites d'une décision pour laquelle, disent-ils, ils n'ont pas été consultés au préalable.

«Le gel des activités de commercialisation, d'investissement et des opérations nouvellement engagées (permis de construire, études, etc.) à l'exception d'opérations en cours, va générer l'asphyxie au niveau des trésoreries des EPLF particulièrement pour ce qui est des projets vente sur plans qui vont connaître des surcoûts injustifiés», nous a déclaré l'un d'eux en soulignant que les EPLF, étant des SPA (Société par actions) et ne puisant pas leur financement du Trésor public, ont survécu jusqu'ici grâce à leur propre gestion. D'après ce responsable, la décision de «restructurer» les EPLF semble précipitée et non réfléchie car, affirme-t-il, aucune explication n'est donnée pour rassurer les travailleurs et les entreprises engagées dans la réalisation des programmes, ce qui a, poursuit-il encore, ouvert la voie à toute sorte de spéculation.

Notre interlocuteur a mis en exergue toute la nécessité de «dévoiler» l'objectif de cette restructuration, même si, dit-il, la majorité des gestionnaires de ces EPLF n'ont pas osé faire dans la panique en divulguant les risques encourus pour rassurer leurs clientèles, les travailleurs et les entreprises réalisatrices, en attendant les suites réservées à leur sort. La solution d'après ce responsable est claire. Il préconise de garder les EPLF dans leur statut de SPA et rattachées à un seul holding sous tutelle du ministère de l'Habitat, d'unifier les procédures de gestion, de leur accorder l'accès aux terrains domaniaux et communaux urbanisés et de les laisser travailler avec leur expérience dans l'acte de bâtir tout en les contrôlant par les commissaires aux comptes.

Ceci étant, il semblerait, selon des sources proches du dossier, que la décision de dissoudre ces entreprises est mue par le fait que certaines d'entre elles échappent partiellement au contrôle de l'Etat. Des enquêtes des services de sécurité seraient même en cours concernant plusieurs EPLF et dont des centaines de logements et de locaux commerciaux auraient été «attribués» dans des conditions douteuses.






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