La détérioration de la valeur du dinar a donné lieu à des effets fâcheux importants sur le commerce extérieur, sur les entreprises ainsi que sur les ménages. Souhil Meddah, expert financier, explique que l'inconvénient d'un taux de change fixe, mais ajustable, c'est "qu'il ne constitue pas une garantie contre une éventuelle perte de valeur de la monnaie".Et d'ajouter : "Une surcote est, en fait, appliquée de manière indirecte au dinar, c'est-à-dire qu'il existe actuellement un différentiel de valeur entre le taux de change dans les banques et le marché parallèle de la devise. Et, que la valeur réelle de la monnaie nationale est proche de sa valeur sur le marché parallèle". Ce faisant, dit-il, l'Etat est en train de "subventionner l'importation", avec cependant le paradoxe que "les ménages n'en profitent pas, payant plus cher les produits importés".
Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA-Rouiba, relève que la valeur du dinar a baissé et que cela a produit "des répercussions considérables" sur les entreprises à un moment où ces dernières sont déjà en proie aux turbulences dues à la crise financière que vit le pays et font face "au recul de la consommation", soulignant "qu'on enregistre des pertes de change" et que même "si on gagne en compétitivité on perd en marges".
Le président du conseil d'administration de NCA-Rouiba note par ailleurs que l'instrument mis en en place par la Banque d'Algérie et qui permet l'achat de devises à terme est "trop sophistiqué pour nos entreprises qui n'y sont pas habituées".
De plus, poursuit-il, cet outil comporte "des risques" dans le sens où l'opérateur achète de la devise à un taux de change donné, en attendant le jour J où il va effectuer ses opérations d'importation, mais, entretemps, le taux de change va varier. Pour le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, la dépréciation du dinar "fait boule de neige" et que l'on en ressent aujourd'hui "les conséquences" dans le commerce.
Il explique "qu'une monnaie qui a perdu de la valeur, un dinar mal en point, fait augmenter de manière mécanique le prix de revient des produits, notamment industriels. Et, cela se répercute forcément sur le prix à la consommation. Tout le monde constate qu'actuellement les supérettes sont relativement bien achalandées, mais que les prix y sont excessivement élevés. Conséquence : Les produits sont là, mais les consommateurs n'en achètent pas autant qu'avant, leur pouvoir d'achat ayant diminué de façon exponentielle".
Dans une économie moderne fonctionnant correctement, fait-t-il observer, "les consommateurs doivent avoir la possibilité d'acquérir le produit là où il est offert au meilleur prix dans le marché intérieur, ce qui n'est pas encore le cas chez nous". Et de rappeler : "Nous étions les premiers à alerter sur la détérioration du dinar et son impact sur les consommateurs". "Nous ne sommes pas toujours écoutés", déplore-t-il. L'érosion continue !
Youcef Salami
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Posté Le : 03/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Youcef SALAMI
Source : www.liberte-algerie.com