Algérie

Les entreprises algériennes en éternelles spectatrices GRANDS CHANTIERS



L'origine du mal est à chercher dans la nature même du système politique algérien.
Alors que les grands projets du siècle sont lancés dans notre pays, les entreprises algériennes restent lamentablement en retrait. Elles sont littéralement absentes dans ces chantiers de la République, raflés par des sociétés étrangères, notamment chinoises. Cette amère réalité est hélas constatée sur plusieurs fronts, comme le métro d'Alger, les grands barrages qui irriguent nos vastes contrées, le tramway, la Grande Mosquée d'Alger et l'autoroute Est-Ouest qui n'a pas encore bouclé tout son tracé. Finalement, nos entreprises n'ont tout simplement pas droit au chapitre. Elles sont sevrées du bonheur de réaliser. Des observateurs, à l'instar du Pr Abderrahmane Mebtoul, croient que cet état de fait est principalement dû à la nature même de l'environnement national dans lequel évoluent ces entreprises, parfois crées à coup de milliards. Arguant que l'économie est d'abord politique, cet expert ajoute que ces entités économiques censées créer de la richesse, sont en fait victimes, à l'instar de tout un pays, du fameux syndrome hollandais. Le syndrome hollandais est un concept économique apparu dans les années 1970 faisant référence à l'effondrement du secteur manufacturier hollandais à la suite de la découverte et de l'exploitation d'un gisement gazier en 1959. Le concept veut que l'exploitation rapide des ressources naturelles hausse la valeur de la monnaie locale et affecte les entreprises qui peuvent moins facilement vendre leurs biens. En effet, étaye notre expert, mêmes les entreprises privées lesquelles sont a priori productrices, sont tributaires d'inputs à des nivaux élevés, c'est-à-dire de l'ordre de 70%. C'est le cas pour les manufactures qui produisent le sucre ou l'huile par exemple, ceci est d'autant plus vrai que notre sol ne produit pas le soja.
Le Pr Mebtoul invoque l'enquête de juillet 2012 de l'ONS, laquelle conclut que l'Algérie n'a pas d'économie après 50ans d'indépendance politique, 83% du tissu économique étant représenté par le commerce et les services de très faible dimensions le taux de croissance officiel hors hydrocarbures étant artificiel, 80% du PIB via la dépense publique l'étant grâce aux hydrocarbures. «Force est de constater que selon les données officielles, en moyenne 2010/2011, 90% des entreprises privées algériennes sont de types familiaux sans aucun management stratégique» signale-t-il comme pour expliquer qu'il est quasiment impossible pour des entreprises qui obéissent à ce schéma de concurrencer des rivales étrangères. A en croire notre interlocuteur, les entreprises algériennes qui évoluent dans un environnement des plus contraignants du fait de la bureaucratie, du problème du foncier, d'un financement au compte-goutte et l'incapacité qu'elles éprouvent à recruter de la main-d'oeuvre à bas prix, ne sont pas éligibles aux grosses oeuvres initiées par l'Etat. «Prenez l'exemple des entreprises qui construisent les pays du Golfe comme les Emirats, elle ne recrutent que le 1'4 ou le 1/5 de la main-d'oeuvre en local!» rappelle-t-il. Automatiquement, lorsque vous n'avez pas de tissu productif, le plus gros volume du vaste programme d'infrastructure ne peut qu'être aspiré par les entreprises étrangères, particulièrement chinoises. Constate-t-il tout en reconnaissant la valeur de quelques fleurons de l'entreprenariat algérien qui se comptent sur le bout des doigts. Ce dépérissement du tissu productif algérien qui relègue au second plan les entreprises nationales les plus ambitieuses, est à chercher dans certains segments du pouvoir, relève notre expert. A l'en croire, le courant conservateur au sein du pouvoir, lequel est très puissant, est à l'origine de la gabegie et encourage la rente au détriment de la production au sens noble du terme.


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