Publié le 22.02.2024 dans le Quotidien d’Oran
par Cherif Ali
Aujourd'hui, le pays a besoin de ses entreprises, de toutes ses entreprises, car ce sont elles qui, en innovant, en risquant les capitaux de leurs actionnaires, en mobilisant leurs salariés, en répondant aux attentes de leurs clients, créent de la valeur, génèrent de la richesse qui doit profiter à tous !
Paroles d'experts
« On ne peut prétendre à un avenir prospère si nous n'avons pas une base solide qu'est l'entreprise, principal vecteur de création de richesse et d'emploi », estime Sami Agli.
Selon le professeur Youcef Benabdellah, consultant, la structure sectorielle de l'économie algérienne plombe la croissance et les exportations, soulignant la nécessité de prendre « rapidement des décisions énergiques » pour transformer en profondeur l'économie.
« Le problème est structurel et il ne peut trouver de solution que dans les réformes structurelles de transformation », a renchéri le professeur Mohamed-Cherif Belmihoub, évoquant le classement « peu enviable » de l'Algérie en matière de compétitivité.
Avec la mondialisation, les entreprises algériennes sont contraintes, présentement, d'évoluer dans un contexte d'ouverture commerciale et de concurrence accrues. Il devient alors indispensable pour elles d'améliorer leur compétitivité interne et externe.
Ils sont unanimes à dire qu'il faut a minima :
1- baisser, au maximum, la dépense publique parce que le pays vit au-dessus de ses moyens;
2- assainir, sincèrement, le climat des affaires (peut-on dire, par ailleurs, que le climat des affaires est en voie d'être débroussaillé ?);
3- dépénaliser, dans les faits, l'acte de gestion;
4- libérer, par les textes, les banques et les inciter à « lâcher » leur surplus de liquidités (rappelons que la Banque d'Algérie avait pris la décision de donner la possibilité aux opérateurs nationaux d'investir à l'étranger, à condition que l'objet de l'investissement soit complémentaire à l'activité de production de biens ou de services, et que son montant corresponde au volume des exportations de l'opérateur.
Du coup, peu d'opérateurs algériens étaient éligibles à l'investissement à l'étranger. Quant au citoyen lambda, il ne comprend pas le fin mot de cette mesure qui vise, selon lui, à préserver l'emploi des étrangers, alors que l'effort doit être consacré, en priorité, à la création de postes de travail en Algérie !
D'autres experts pensent plutôt que les mesures de la Banque d'Algérie sont restrictives et que cela va coûter cher au pays; la frilosité de la Banque, disent-ils, est un frein au développement rapide à travers l'acquisition de sociétés étrangères qui se vendent pour une bouchée de pain en raison de la crise en Europe);
5- faciliter l'acte d'investir et encourager l'entrepreneuriat des femmes et des jeunes;
6- mettre, concrètement, le foncier à la disposition des investisseurs;
7- activer l'entrée en Bourse des entreprises qui en ont les moyens;
8- relever le niveau du management de l'entreprise en encourageant la formation et la recherche;
9- instruire les walis en les dotant d'une feuille de route et les soumettre à une obligation de résultats, notamment en matière de création d'emplois et de PME/PMI;
10- en finir, une fois pour toutes, avec le dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC.
C'est sur toutes ces questions que travaillera l'équipe de Nadir Larbaoui car le Président Abdelmadjid Tebboune l'a bien souligné : «L'année 2024 sera économique» !
Les entreprises algériennes avant 2019
En ces temps-là, il n'y avait aucune trace d'entreprises algériennes sur la liste des invités au Forum Afrique-Monde arabe-France.
Tout comme les organisations patronales algériennes, contrairement à leurs homologues africaines et arabes et aussi maghrébines qui y étaient présentes !
En 2011, le gouvernement d'alors avait pourtant décidé de changer de braquet et de faire de cette année-là « l'année de l'entreprise » !
Les tripartites, tout comme les plans de relance, se sont succédé avec les objectifs d'instaurer un dialogue social, de rééquiper le pays, de développer les infrastructures de base, de redynamiser la formation et la recherche.
Un Conseil des ministres a été, presque exclusivement, consacré aux problèmes que rencontre l'entreprise dans son fonctionnement et son expansion !
En peine perdue !
On parlait alors de « mise à niveau de l'entreprise », programme qui a concerné 20.000 PME, publiques et privées, pour une enveloppe de près de 380 milliards de dinars.
Les travailleurs mis au chômage, à l'époque de l'opération dite « politique de restructuration des entreprises », ont accusé la centrale syndicale d'avoir fermé les yeux concernant ce qui a été appelé, communément, à l'époque, « le plan de redressement interne », à l'issue duquel l'entreprise était obligée de fermer, de libérer les travailleurs, pour être aussitôt reprise par des repreneurs plus que ravis par l'aubaine.
En ce temps-là, Ahmed Ouyahia était aux manettes !
Il déteste l'entreprise, pensaient les gestionnaires : « Son gouvernement avait durci et bureaucratisé les conditions d'investissement et de création d'entreprises; l'octroi des crédits bancaires aux entreprises était soumis à l'accord du pouvoir politique et l'accès au foncier industriel était quasi impossible ».
Les patrons des EPE algériennes disaient qu' « il donnait de l'argent d'une main, et de l'autre il signait une circulaire des plus restrictives énumérant les cas de dépenses pouvant être assimilées à l'abus de biens sociaux ».
Il se méfiait des gestionnaires, eux-mêmes échaudés par les multiples opérations « mains propres », dont certains de leurs pairs ont fait, injustement, les frais !
On se rappelle de cette époque où les patrons des entreprises publiques étaient tétanisés et horrifiés à l'idée de prendre un quelconque risque ou une décision qui pouvaient les conduire directement en prison.
Même les grands groupes se plaignaient, à cette époque-là, des blocages administratifs de leurs projets, souvent pour des raisons des plus absconses.
Des investissements importants dans différents secteurs économiques présentés par des groupes privés attendaient, selon eux, dans des cartons, depuis des années, de passer au Conseil d'investissement.
Pour sa dernière tripartite, consacrée à « L'investissement et l'entreprise », Ahmed Ouyahia, comme dans un aveu de repentance, a indiqué que « les orientations économiques du pays ont changé en faveur d'une meilleure place pour l'entreprise nationale ».
Il a reconnu aussi que « les efforts pour atteindre cet objectif ont été insuffisants, en notant que la Banque mondiale a classé l'Algérie à la 136e place sur 82 pays dans le domaine des climats des affaires ».
« Nous avons le potentiel pour réaliser une croissance plus forte et durable, avait déclaré », le successeur d'Ahmed Ouyahia, dans son allocation d'ouverture de la Conférence sur le développement économique et social; il nous faut, toutefois, nous départir du « pessimisme ambiant » pour construire une économie diversifiée, émergente, pour atteindre à l'horizon 2019 un taux de croissance de 7% grâce, notamment, à l'industrie.
Il soutenait mordicus que « les performances économiques du pays sont positives et qu'elles pouvaient être, substantiellement, améliorées ».
Il a aussi dit qu'« il continuerait à exécuter, jusqu'au bout, le programme sur lequel a été élu le président de la République ».
Pour ce faire, il s'était dit « décidé à mettre l'entreprise nationale, sans distinction aucune, au cœur de sa démarche visant l'amélioration du climat des affaires, l'entrepreneuriat, le partenariat et la promotion de l'investissement, créateur de richesses et d'emplois ».
Que reste-t-il des prévisions de l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal, puisque c'est de lui qu'il s'agit ? Pas grand-chose, si ce n'est qu' « il ne disait pas toute la vérité au peuple algérien » !
Les entreprises algériennes sous l'ère du Président Tebboune
Au terme des Journées de l'entrepreneuriat organisées par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), le président de la République a rappelé la situation catastrophique, un passé marqué de l'économie nationale qui était au bord de l'effondrement.
Une économie laminée par les pratiques de corruption et de mauvaise gestion : surfacturation, évasion fiscale, fraude, programmes d'importation à tout va au détriment de la production nationale... Des milliards de dollars ont été dilapidés !
Rompre avec des comportements et des mentalités étriqués et néfastes à l'économie nationale a été difficile, mais pas impossible, a-t-il souligné.
« Il reste encore quelques nostalgiques du passé. Mais l'Algérie est arrivée au point de non-retour sur la défense féroce de sa souveraineté », a-t-il assené, enchaînant aussitôt sur l'importance de l'investissement et l'amélioration du climat des affaires.
« Nous construirons ensemble une économie fondée sur la création des richesses, la couverture des besoins de consommation des citoyens et sur des voies de substitution à l'importation », a soutenu le président Tebboune devant les patrons du secteur privés. « Nous entreprendrons une démarche constante et stratégique », a-t-il précisé.
L'engagement est pris de prendre en charge les doléances des opérateurs économiques
C'est le cas pour la question cruciale du foncier qui a retardé au cours de ces dernières années de nombreux projets et qui a été « définitivement» réglée, après l'adoption du texte de loi sur le foncier économique par les deux chambres du Parlement.
Tous s'accordent à dire que, désormais, le débat à venir doit être placé sur le terrain économique avec la promulgation du nouveau « code des investissements et des textes subséquents ».
En ces temps de crise et de récession économiques, le regard et l'espoir doivent se porter, en priorité, sur la création d'entreprises, seules à même de pouvoir relancer la croissance et l'emploi.
Et ceux qui persistent à opposer, systématiquement, État et entreprises, chefs d'entreprise et salariés, organisations patronales et syndicales, doivent revoir leur position. Il est absurde de parler de cadeaux faits aux patrons; ce langage n'a aucun sens. Une mesure favorable aux entreprises est favorable au pays tout entier !
L'effet Brahim Merad médiateur de la République d'alors !
Le président Tebboune, excédé par l'inertie de certains responsables, n'a eu de cesse d'appeler à mettre un terme à la bureaucratie qui a brisé le rêve des jeunes et les a empêchés de concrétiser leurs projets :
1. Ils ne seront plus soumis au parcours du combattant pour la création de leurs entreprises.
2. Le système déclaratif sera désormais adopté.
3. Un fonds sera dédié au financement des start-up.
Dans la foulée des mesures prises, il y a lieu de relever également cette création «d'une inspection générale» rattachée à la présidence de la République.
Cette structure est censée lutter contre la chaîne rouillée et alambiquée des bureaucrates responsables notamment du blocage de la machine économique locale.
Domaine dans lequel intervenait, non sans succès le médiateur de la République d'alors et présentement ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Merad Brahim, qui a pu identifier les blocages dont souffrent les entreprises algériennes :
1. Ils sont liés aux actes administratifs, les autorisations d'exploitation, les livrets fonciers et permis de construire, les certificats de conformité et les réserves techniques des ministères.
Dans la zone industrielle de Blida, par exemple, 100 entreprises ont été bloquées depuis 15 ans, ne pouvant pas activer en raison d'un problème de passage d'une canalisation de gaz sous terre :
Ce problème a été réglé ! Ces entreprises ont commencé à activer, a tenu à déclarer le chef de l'Etat lors de son récent discours, en s'adressant à « Si Brahim (ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire), non sans satisfaction, sachant que ce responsable s'était investi personnellement dans les contentieux » !
2. Il faut ajouter les problèmes liés à la viabilisation des zones d'activités, l'accès au foncier, les routes, l'électricité, le gaz et l'eau qui poussent une partie des entrepreneurs à abandonner leurs projets malgré les financements déjà consentis et les équipements acquis.
Et les résultats ne se sont pas fait attendre
- Plus de 915 projets d'investissement ont vu le jour ou ont redémarré !
- Plus de 75.000 postes d'emploi ont été ouverts !
Pour conclure avec les investissements directs étrangers
Tout un chacun est convaincu aujourd'hui que l'investissement en Algérie est rentable et loin d'être une aventure. « C'est un investissement sûr grâce notamment à la possibilité de transférer les bénéfices », a précisé le Président Tebboune lors de l'entrevue périodique accordée à des représentants de médias nationaux, diffusée sur les chaînes de Radio et de Télévision nationales.
Dans ce cadre, il a fait état d'un travail en cours avec les pays présents en Algérie, à l'instar du Qatar et de la Turquie, pour poursuivre et renforcer leurs investissements, soulignant qu'il a été convenu avec la Turquie de porter ses investissements à 10 milliards USD.
« La porte reste ouverte » à d'autres pays désirant investir en Algérie, notamment après la promulgation de la nouvelle loi sur l'investissement qui consacre le principe gagnant-gagnant et le bénéfice mutuel « loin de toute idéologie », a-t-il ajouté.
Le président de la République a en outre souligné l'engouement des entreprises étrangères pour investir en Algérie après l'entrée en vigueur de cette loi, ajoutant que plusieurs entreprises américaines ont manifesté leur intérêt pour investir dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie et d'autres secteurs.
Affirmant que « les perspectives futures sont positives », il a souligné, dans le même ordre d'idées, que l'ère de l'investissement et des marchés publics comme vecteur de corruption est révolue.
Tout comme celle des oligarques prédateurs !
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Posté Le : 06/04/2024
Posté par : rachids