Entre espoir et scepticisme
Le ministère des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI) a proposé un remodelage du tissu industriel national. Même si la démarche a été saluée par les hommes d?affaires algériens, beaucoup y décèlent une certaine " naïveté ". Le ministère des Participations a voulu faire les choses en grand. Dans les salons feutrés du Palais des nations, Abdelhamid Temmar, le patron du MPPI, n?a pas manqué d?emphase. L?hyperbole "le réveil d?un géant" choisie comme slogan de l?évènement a dû faire sourire. Mais pour les 500 participants, l?heure était à l?enthousiasme. Les patrons ont généralement accepté de jouer le jeu. Eux qui se plaignent fréquemment du fait que les pouvoirs publics les mettent constamment à l?écart, ont trouvé là une belle occasion de faire entendre leur voix. Après 15 heures de travail en commissions, six ateliers et quelques prises de bec, il en est sorti plusieurs pages de recommandations et quelques illusions perdues. Certains hommes d?affaires se sont rendu compte que le projet Temmar promettait de réveiller ne serait-ce peut-être qu?un colosse aux pieds d?argile. "Pour nous, ce qui est écrit, c?est de la littérature. On nous dit qu?ils veulent construire une mégapole, une technopole? Pour nous ceci n?a rien de concret", nous dit un important industriel pharmaceutique, sirotant son café dans la cafétéria du Palais des nations. Au final, la stratégie industrielle a été peu évoquée. Tout au long des débats, les industriels algériens ont axé leurs interventions sur les mesquineries administratives. Il serait anormal, selon certains d?entre-eux, d?évoquer les grandes stratégies alors que subsistent les petits soucis auxquels ils font face quotidiennement et qui les empêchent d?évoluer. Les entrepreneurs se sont également fait un point d?honneur de dénoncer le recours excessif aux investissements directs étrangers (IDE). Certains, en coulisse, se sont même interrogés s?il est possible de réanimer l?entreprise algérienne après avoir signé sa mise à mort ? L?ouverture brutale du marché algérien, la signature de l?accord d?association avec l?UE sans préparation, la grande précipitation vers les investisseurs ont plongé, selon eux, certaines entreprises - privées et publiques - dans le coma. L?un des hommes d?affaires présent aux assises nous a expliqué que si l?Etat se méfie autant du privé algérien, lui préférant les investisseurs étrangers, c?est parce qu?il ne le connaît pas. "Il y a certes des escrocs parmi les entrepreneurs, mais ce n?est pas une raison pour que tout le monde paye. Ce que fait l?Etat actuellement ressemble à un père de famille qui punit tous ses enfants parce que l?un d?entre eux a fait une bêtise", indique-t-il, ajoutant : "On est tous considérés comme des Khalifa bis." M. Reda Hamiani, président du Forum des chefs d?entreprises (FCE), a profité de la tenue des assises nationales de l?industrie pour exprimer le "ras-le-bol" des patrons. Il estime anormal que l?Etat algérien fasse preuve d?autant de "naïveté" dans sa démarche d?ouverture du marché face au protectionnisme porté par des gouvernements qui prônent pourtant l?économie ouverte. "Dans d?autres pays comme la France, l?Allemagne ou le Canada, il est interdit aux étrangers d?investir dans les secteurs des télécoms et de la sécurité informatique", a-t-il affirmé sous les applaudissements. Puisqu?il est évident que le combat est inégal entre les entreprises algériennes et les géants chinois et occidentaux, les industriels algériens ont prôné de miser sur le "made in Algeria" pour préserver le marché intérieur. "La moitié de ce que nous avons inscrit dans nos recommandations ne sera pas acceptée par l?OMC. C?est dire si on est sceptiques", a lancé un industriel privé.
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Posté Le : 05/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amel Blidi
Source : www.elwatan.com