Algérie

Les entraves à la promotion


Les entraves à la promotion
Quelles sont les causes structurelles des inégalités et de la place réduite de la femme dans le segment du travail rémunéré ' Quels sont les obstacles qui empêchent son accession à des postes de responsabilité ' Autant de questions évoquées lors du séminaire international intitulé « l'économie au regard du genre » organisé, hier, au Cread. Cette rencontre, à laquelle ont pris part de nombreux spécialistes venus, notamment de Tunisie et du Maroc, est organisée par le Réseau universitaire et scientifique euro-méditerranéen sur le genre et les femmes (Rusemeg), en collaboration avec le Cread. Lors de la première journée, deux tables rondes ont été animées. La première a trait à « l'inscription des femmes dans l'économie formelle » et la seconde aux « rapports de genre et la place de la femme dans l'économie ». Pour Fatma Oussedik, professeur de sociologie et directrice de recherche au Cread, « ce séminaire permet de revenir sur l'économie, fondamentale pour la liberté de la femme ». « Il nous permet de renouveler la réflexion dans le cadre du genre », a-t-elle soutenu. Le Pr Oussedik dira que le « travail féminin reste en partie invisible ». Selon elle, « il s'agit des tâches ménagères et du travail effectué dans les champs familiaux ou en milieu informel ». « En l'absence d'une politique de promotion du travail de la femme, celle-ci est exploitée », nous a-t-elle confié.La réalité de l'emploi fémininBien que la femme ait fait son entrée dans le milieu du travail rémunéré, la reconnaissance de ses efforts, l'accès sans conditions à des postes de responsabilité lui sont interdits. Assia Guedjali, sociologue au Cread, affirme, sur la base d'une étude effectuée entre 2010-2011 à Sonatrach, que « les barrières invisibles existent bel et bien dans cette prestigieuse firme ». La femme cadre, en dépit de ses performances et de son expérience, voit sa promotion bloquée pour diverses raisons. « L'indisponibilité est la raison souvent évoquée pour choisir un homme. La femme sacrifie sa carrière pour sa famille », a-t-elle expliqué. La situation n'est pas plus reluisante dans les autres pays du Maghreb. Rajaâ Berrada, de l'Université de Casablanca, a, lors de son intervention, souligné que la femme marocaine travailleuse rémunérée ne représente que 24,4% du nombre des travailleurs contre 68,7% pour les hommes. « Ce taux est plus prononcé en zone urbaine. La femme rurale travaille, mais son travail reste invisible. Car non rémunéré, le travail même domestique ne trouve pas sa place dans la grille nationale », explique-t-elle. « Le chômage continue à affecter les jeunes filles (24-27 ans) en milieu urbain. La femme même diplômée est toujours lésée sur le marché de l'emploi et ne fait qu'alimenter l'informel où elle reste invisible », a-t-elle affirmé. L'emploi des femmes est précaire. « La violence à son égard dans la rue, sur son lieu de travail constitue un frein pour l'employabilité et l'accès à l'emploi. » Elle soulignera, toutefois, que « dans la Fonction publique, il y a une promotion jusqu'au poste de décision ». Elle évoquera également « la discrimination salariale à l'égard des femmes qui a des répercussions sur la retraite ». Au moment où des diplômées peinent à trouver du travail, des femmes dans le milieu rural au Maroc font vivre des familles grâce au travail de la poterie et du tissage. Pourtant, leur travail reste invisible. « Une situation vécue chez de nombreuses familles algériennes », a-t-elle fait remarquer. Le séminaire s'étalera jusqu'à demain. Il fait suite à celui organisé par le Rusemeg en novembre 2013 à Casablanca portant sur « les usages du genre au Maroc : Dialogue transnational et pluridisciplinaire », et celui tenu à Tunis en avril dernier.


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