La publication des
résultats de la session 2014 du baccalauréat n'a pas fait que des heureux.
240.000 candidats ont échoué à décrocher le sésame pour passer aux études
supérieures. Sur ces 240.000 candidats recalés près de la moitié n'ont pas le
droit de refaire l'année scolaire. Ils sont ainsi frappés d'une double plaie :
ils ont non seulement échoué au bac mais, en outre, ils perdent leurs places en
troisième année secondaire. L'échec des réformes initiées par l'ex-ministre de
l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, durant ces quinze années de règne
sur l'école algérienne n'est plus à démontrer. Des voix s'élèvent désormais
parmi le personnel enseignant pour exiger une réforme de la réforme et,
surtout, une refondation du baccalauréat, cet examen où tant de rêves juvéniles
se sont brisés. Il était presque impossible pour nous d'ignorer cette lettre
ouverte d'un professeur de mathématiques du lycée Lotfi à Oran, M.Hakem Bachir,
qui dénonce avec amertume le naufrage de tout le système éducatif algérien qui
est devenu incapable de garantir un avenir équitable pour des centaines de
milliers d'élèves qui se voient du jour au lendemain rejetés dans la rue. «Plus
de 240.000 élèves ont échoué au baccalauréat 2014 en dépit du seuil des
programmes, un examen à la portée de tout le monde, des sujets au choix et une
correction avantageuse. Ce chiffre fait peur mais il n'est pas surprenant pour
les enseignants qui savent qu'il aurait été beaucoup plus grand si toutes les
conditions d'examen étaient réunies (...) Maintenant, le constat est amer et
dangereux pour les futures générations, et ce ne sont pas les deux jours
d'assises prévus les 21 et 22 juillet 2014 par la nouvelle ministre qui vont
changer grand chose. Ces 240.000 candidats recalés viendront renforcer les
cohortes des exclus de l'école et les nombreux étudiants qui ont abandonné
leurs études à l'université après plusieurs échecs. Parmi ces 45% de lauréats
du bac plus de la moitié referont la première année universitaire», regrette le
rédacteur de cette lettre déconcertante. Ce professeur qui a le mérite de
toucher la plaie avec les doigts ne se contente pas d'établir un constat mais
va plus loin en proposant une refondation totale du système éducatif.
«Le mal de l'école
algérienne est profond et seule une refondation de notre système par les
enseignants expérimentés et qui travaillent sur le terrain pourrait sauver
l'école algérienne. Ce n'est pas des inspecteurs ou des «bniamistes» envoyés à
l'étranger qui nous ramèneront les solutions. La première refondation est de
rendre la pédagogie à l'enseignant qui doit être seul maître à bord du préscolaire
à la terminale. La deuxième refondation doit toucher le préscolaire et
l'enseignement primaire qui est l'une des causes de l'échec de la réforme.
L'élève algérien n'est pas assez mûr à 11 ans pour débarquer dans le collège.
La troisième refondation doit toucher le cycle moyen en s'attaquant aux
problèmes de discipline et à la surcharge des programmes et des horaires. Et
enfin la quatrième et dernière refondation concerne le secondaire qui doit être
reconstruit sur des bases, des valeurs nouvelles pour traiter les maux qui le
gangrènent : problèmes de discipline et de sanctions, surcharge des classes,
programmes mal répartis, manque d'encadrement, surcharge de travail de l'élève,
mal orientation des lycéens...», lit-on dans cette lettre. Le professeur conclut
son réquisitoire par une question ouverte : «A-t-on le courage de toucher le
fond du problème ou va-t-on continuer notre fuite en avant?» Les assises
prévues par la ministre de l'Education nationale apporteront-t-elles des
réponses au cri de détresse de nos enseignants ? Sans doute pas, car des
assises ne seront jamais suffisantes pour sortir l'école algérienne de son
marasme. Mais au moins il reste encore des professeurs honnêtes dans notre
école qui se soucient de l'avenir des nouvelles générations.
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Posté Le : 08/07/2014
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com