Algérie

Les enseignants menacent d’aller vers une grève de la faim



À travers cette action, ils entendent interpeller le ministre de l’Éducation nationale sur leur situation professionnelle où ils risquent à tout moment le licenciement. Après avoir déclaré, avant-hier, qu’il était comblé et satisfait des résultats de cette année, Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Éducation nationale, risque de vite déchanter lorsqu’il saura que son secteur sera de nouveau perturbé par un mouvement de protestation. En effet, le Conseil national des enseignants contractuels, affilié au Syndicat national autonome des personnels de l’administration (Snapap), a manifesté son mécontentement concernant la carrière professionnelle de ses adhérents. Ils sont près de 40 000 professeurs contractuels à travailler dans le secteur de l’éducation nationale qui risquent de se retrouver au chômage. Certains parmi eux ont près de dix ans d’expérience. “Alors que les permanents ont abandonné leur poste durant le terrorisme, nous avons répondu présent. Maintenant, après des années de labeur, nous risquons de pointer au chômage”, s’indigne M. Boudellal Mourad, un membre du Conseil national des professeurs contractuels, lors d’une conférence de presse qui a eu lieu hier au siège du Snapap à El-Harrach. Il a cité le cas d’une enseignante contractuelle qui travaille depuis 14 ans dans le secteur de l’éducation. “Nous avons travaillé sans arrêt en acceptant toutes les conditions de travail sans réclamer, même pas nos salaires impayés depuis trois ans. Le ministère nous a utilisés et maintenant il veut se débarrasser de nous. Il faut nous trouver une solution”, réclame un enseignant. À l’issue d’une assemblée générale qui s’est tenue les 28 et 29 juin, en présence de plusieurs représentants syndicaux venus des quatre coins du pays, les enseignants ont décidé d’aller vers une grève de la faim dans le cas où le ministre de l’Éducation nationale persisterait à ignorer leurs problèmes qui perdurent depuis des années. Signalons qu’une plate-forme de revendications a été déposée au bureau d’ordre du ministère de tutelle ainsi qu’au ministère du Travail. La principale raison de leur colère est la précarité de l’emploi et le risque de se retrouver au chômage après des années de travail, en plus des salaires impayés. À titre d’exemple, la wilaya de Béjaïa compte près de 1 400 enseignants qui n’ont pas reçu leur salaire depuis 3 ans, et à Adrar ils sont 237 dans la même situation depuis une année. Outre ce point, les syndicalistes ont soulevé le problème du manque de postes budgétaires et la nécessité d’ouvrir des concours de recrutement à tous les diplômés universitaires. Interrogé, avant-hier, sur le sujet des vacataires, le ministre a répondu : “C’est la Fonction publique qui décide. Pas moi.” Par ailleurs, 26 000 postes budgétaires ont été débloqués à la faveur de la loi de finances complémentaire pour le secteur de l’éducation nationale. M. Boubekeur Benbouzid a précisé également que “le recrutement se fera sur concours avant la fin du mois de juillet. Les contractuels ainsi que les vacataires peuvent postuler”. Un recrutement qui éliminera de facto certains enseignants qui ont le diplôme d’ingénieur ou une licence, puisque ces concours sont ouverts exclusivement aux diplômés qui exercent dans l’enseignement moyen ou secondaire, précisent les syndicalistes lors de la conférence de presse. “Nous avons été  choisis pour participer à la surveillance et la correction de tous les examens de l’éducation nationale, notamment le bac, alors que nous en n’avions pas le droit puisque nous sommes contractuels. Cela est une reconnaissance à nos compétences et à notre sérieux. Alors, pourquoi ne pas nous titulariser dans nos postes de travail, d’autant qu’il existe un déficit ?” s’interroge M. Boudellal Mourad. Il faut signaler que les syndicalistes ont pris attache avec les partis politiques, notamment les députés, afin de soulever leur problème à l’Assemblée populaire nationale.


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