Les copies de l'examen du bac sont dispatchées à travers tout le territoire national. Celles des candidats d'Alger peuvent atterrir à Tizi Ouzou, à Blida ou ailleurs et vice-versa. Mieux, les feuilles anonymes d'un seul candidat peuvent être corrigées au niveau de trois ou quatre centres. Trois matières par centre et par candidat est la règle adoptée. Aucun candidat n'est noté par un seul et même centre de correction pour toutes les épreuves de l'examen.
La phase de la correction des copies de plus de 560 000 candidats au baccalauréat 2012 se poursuit à travers 52 centres de correction répartis à travers plusieurs wilayas du pays. Une lourde mission pour les 40 000 correcteurs et autres chefs de centre, secrétaires, présidents de commissions de correction... mobilisés pendant une quinzaine de jours. Les corrections, qui ont été lancées officiellement le 14 juin dernier, se poursuivront en effet jusqu'au 27 du même mois. Les chefs de centre auront deux jours, soit jusqu'au 29 juin pour restituer le matériel et archiver tous les documents avant de fermer le centre de correction en attendant l'épreuve 2013. À première vue, la correction des copies des examens scolaires peut paraître anodine. Les enseignants, qui sont habitués des années durant à cet exercice au niveau des lycées, sont à même d'évaluer des centaines de copies en deux temps trois mouvements. C'est probablement le cas quand il s'agit de corriger les copies de leurs élèves mais pas quand il s'agit d'évaluer la copie d'un candidat au mythique examen du baccalauréat. La place et l'importance accordées par la tutelle et toute la société à cet examen fait que rien n'est laissé au hasard et tout doit se faire avec soin et minutie.
Véritable travail de fourmi !
Notre visite au centre de correction sis lycée technique Ibn-Haythem au Ruisseau (la capitale en compte quatre au total) nous a permis de voir que la correction des copies du baccalauréat est loin d'être une mince affaire ! C'est un véritable travail de fourmi ! Tout est calculé et planifié jusqu'au moindre détail ! La moindre erreur n'est pas permise. Concentration, sérieux et compréhension sont les maîtres mots pendant cette quinzaine où chaque élément de cette chaîne humaine connaît parfaitement sa mission et surtout l'accomplit avec dévouement. Long voire très long est le processus de correction des copies des candidats du baccalauréat. C'est à se demander comment tout peut se faire en quinze jours uniquement ! 'Nous finirons juste au rendez-vous prévu sur le planning de la période des corrections", nous dit le chef de centre Abdelhafidh Hacher qui a bien voulu prendre une pause et nous expliquer au moindre détail l'opération de correction pour que les candidats aient une idée sur le long processus que prennent les copies sur lesquelles reposent désormais leur avenir. À notre arrivée hier au centre de correction du Ruisseau, le calme qui y régnait est la première chose qui nous a frappé outre la beauté du site hérité du colonialisme français et le portrait de cette bachelière du lycée technique Ibn-Haythem qui a décroché son bac en 2010 avec une moyenne de plus de 17/20 accroché au hall de l'établissement. Une fierté pour son lycée et un bon exemple à suivre pour les lycéens. L'ambiance qui règne au lycée contraste avec celle de la rue Mohammed-Belouizdad où nous avons eu du mal même à traverser la rue. Dès que nous franchissons l'entrée du lycée sous haute sécurité, un appariteur accourt. Notre accueil à la Direction de l'éducation de Mohammadia jeudi nous a échaudés ! On s'attendait déjà à être remballé du lycée. Ce ne fut pas le cas heureusement ! 'Ma mission est d'avertir le chef de centre que vous êtes là et on verra", s'est contenté de nous dire l'appariteur qui revient au bout de cinq minutes pour nous accompagner jusqu'au bureau du chef de centre.
Dans l'anonymat total !
Selon les explications fournies par le chef de centre, la correction passe par diverses étapes dès la réception des copies du centre de regroupement de Kouba. 'Nous passons presque toute la journée à compter les copies réceptionnées avant de signer le bordereau. Puis nous vérifions que tous les entêtes portant les renseignements du candidat ont été bel et bien enlevés". Une fois au centre de correction, les feuilles d'examen deviennent anonymes. Le centre du Ruisseau a la charge de corriger 8 000 candidats. Les copies ne portent ni le nom ni le prénom encore moins le numéro d'inscription au bac. Un nouveau code ou numéro d'anonymat est attribué à chaque candidat. Autrement la copie est corrigée dans l'anonymat le plus total. Les enseignants ne risquent point de tomber sur les copies de leurs élèves. Il faut savoir à ce propos que les copies des différentes épreuves ne risquent même pas d'être corrigées dans leur totalité dans le même centre. Le maximum est trois épreuves par candidat. Autrement dit, un candidat au bac voit par exemple sa feuille de réponse de l'épreuve de maths corrigée au centre de Ruisseau alors que celle de langue arabe atterrit à celui de Blida. 'Personne, même pas le chef de centre de correction, ne sait de quel centre proviennent les copies sauf le chef du centre de regroupement". Après la série de vérifications, commence la correction collective d'un échantillon de 10 à 12 copies. Celles-ci a eu lieu pendant deux jours, soit les 14 et 15 juin derniers. Le 16 juin, les enseignants ont commencé les corrections dans des salles composées de 25 enseignants qui des heures évaluent les réponses des candidats 'sans porter aucune note ni autre correction sur la copie du candidat. Tout est porté sur la liste portant le code ou numéro d'anonymat avec les renseignements de l'enseignant-correcteur". Parfois, le président de la commission de correction peut cibler un enseignant et proposer quelques copies qu'il a corrigées aux enseignants-évaluateurs et compare les deux corrections. Les coordinateurs et autres secrétaires veillent au grain et vérifient à trois reprises la liste des notes : les notes partielles, les totaux et les surcharges c'est-à-dire les ratures, les erreurs... À zéro erreur, le feuillet des notes de la première correction est avalisé et envoyé sur CD au centre de regroupement et de délibérations. Commence alors la seconde correction 'qui est obligatoirement faite par d'autres correcteurs dans une autre salle. Le même processus que celui de la première correction doit être respecté". Une fois la deuxième correction achevée, une troisième correction s'impose en cas de large écart entre les deux premières corrections. 'Il est supérieur à 3,5 pour les matières scientifiques et technique et supérieur à 4 pour les matières littéraires". Selon A. Hacher 'quand l'écart dépasse 25% des copies corrigées par le même enseignant, toutes les corrections du jury sont refaites. Le correcteur fautif est sanctionné". Le deuxième CD doit être fin prêt et envoyé au centre de regroupement avant le 27 juin prochain. Mission accomplie pour les correcteurs et encadreurs qui quittent le centre de correction le 29 juin. Place au logiciel pour faire les délibérations. Une phase où les correcteurs qui se sont tant dévoués ne sont pas associés et dont le candidat ne doit nullement avoir peur car le logiciel est réputé pour sa grande générosité et sa facilité de manipulation !
M B
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Posté Le : 20/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Malika Ben
Source : www.liberte-algerie.com